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Business angels, des associés qui vous veulent du bien !

Ces dernières années, ces investisseurs d’un nouveau genre ont émergé. Qui sont-ils ? Comment choisissent-ils les projets sur lesquels ils misent ? Éclairage.

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Quand on évoque le mot business angel, on pense forcément à un col blanc, un banquier d’affaires à l’affût des bonnes opportunités ou encore un «Bouchkara». Mais la réalité est bien loin des idées reçues…
Ces dernières années, le développement de l’écosystème entrepreneurial dans différents domaines a poussé dans son sillage l’émergence d’investisseurs providentiels pour accompagner les jeunes pousses dans leur développement.
Qui sont-ils ? Mehdi Alaoui, fondateur de La Startup Station, structure d’accompagnement des start-up, précise que «ce n’est pas forcément un dirigeant plein aux as qui va acheter à tout va. Dans le milieu des business angels, on retrouve plusieurs profils, celui du retraité, ancien chef d’entreprise ou cadre supérieur, qui ont accumulé un peu de patrimoine et qui ont envie de continuer l’aventure en misant sur certaines structures». Et de poursuivre : «Ce ne sont pas forcément des grosses sommes qu’ils vont mettre sur la table. Parfois, un investissement entre 50.000DH et 100.000 DH peut suffire pour un projet qui tient la route. De telles initiatives rendent l’investissement de plus en plus accessible à tout le monde».
Taher Alami, serial entrepreneur, fait aussi partie des business angels de la place. En lançant sa première agence digitale Abweb en 2003, il a commencé à conseiller des entreprises, grandes et petites, dans leur stratégie digitale. De fil en aiguille, certains de ses clients ou connaissances ont commencé à lui proposer de s’associer avec eux, et de prendre une participation dans le capital de certains projets. C’est le début d’une nouvelle aventure. Son premier investissement en tant que business angel remonte à 2011 et, depuis, il a contribué à la création d’une dizaine d’entreprises. L’une d’elles est aujourd’hui prometteuse, WafR (qui signifie «épargne ou épargner»). «C’est une start-up qui a mis en place une application permettant aux marques de la grande distribution d’offrir des promotions intelligentes aux épiciers en vue d’augmenter leur part de marché sur le canal traditionnel. Aujourd’hui, elle vaut 16 fois sa valeur», raconte-t-il.
Si la contribution financière est importante pour un business angel, ce dernier n’est pas qu’un simple apporteur de fonds. Il offre avant tout sa compétence professionnelle, son carnet d’adresses et aussi, il faut le dire, une certaine dose de passion.
Zouheir Lakhdissi, investisseur également dans une dizaine d’entreprises, note pour sa part que beaucoup de jeunes entrepreneurs ont de bonnes idées sur le papier mais sont souvent confrontés à des difficultés à leurs débuts. «Ils ne maîtrisent pas les aspects juridiques, financiers ou parfois commerciaux. C’est toujours beaucoup plus dur et plus coûteux que ce qu’ils avaient anticipé, et donc ils ont besoin d’être soutenus. Mon rôle en tant que business angel est donc de ne pas être un investisseur passif mais celui d’un accompagnateur dans une phase de vie d’une entreprise».

Leur premier critère : l’équipe
D’autant plus que la journée type de ces serials investisseurs est loin d’être un fleuve tranquille. Taher Alami, qui est installé à Dubai, organise une multitude de rencontres par mois, souvent même à distance ou par mailing. «Je discute souvent avec des entrepreneurs ou porteurs de projets et il m’est même arrivé d’investir récemment dans une start-up en ligne, sans avoir rencontré physiquement la personne», souligne-t-il. Les réseaux sociaux occupent également une part importante dans sa proximité avec les candidats potentiels : sessions de one-to-one, forums de discussion, mailing… Il réserve notamment une journée dans la semaine pour discuter avec des porteurs de projets sur l’état d’avancement de leur business. «Le plus important est de participer à des projets et de se passionner pour ces aventures, même si au bout ça ne réussit pas forcément», poursuit-il.
Car, il faut bien le reconnaître, miser sur une start-up en devenir est une prise de risque que beaucoup de business angels tentent de prendre. Surtout quand on sait qu’en moyenne, seulement un investissement sur dix est fructueux. «Sur 11 jeunes pousses sur lesquelles j’ai investi, 4 ont fermé, 3 sont en stand-by, 3 sont stables et une structure est sur le chemin de la réussite», pronostique Zouheir Lakhdissi. Et de poursuivre : «Il faut que l’une de ces start-up soit suffisamment scalable pour espérer un niveau de revenu suffisamment important pour compenser les autres pertes». Le choix des structures est également important. Les critères de choix sont la pertinence du projet, sa faisabilité mais aussi la personnalité du ou des fondateurs, tout doit être passé au peigne fin. «J’ai pour règle de ne jamais choisir un domaine en dehors de ma compétence», note Taher Alami. Pour sa part, Zouheir Lakhdissi souligne que «le feeling avec les fondateurs est important pour pouvoir travailler en bonne intelligence». On l’aura compris, le critère le plus déterminant reste forcément l’équipe. Et au-delà des compétences, le plus important réside dans les valeurs et la motivation.

Comment sont-ils rémunérés ?
Le business angel reste généralement minoritaire au capital de l’entreprise qu’il soutient avec une participation qui généralement ne dépasse pas les 20 %. En ce qui concerne les sommes investies dans le développement des jeunes pousses, tous les montants sont possibles, allant de 50.000 DH, 150.000 DH, voire près de 1 MDH pour certains projets. Les business angels se rémunèrent à leur sortie du capital en revendant leur participation, généralement dans un délai de 3 à 5 ans et en réalisant une plus-value sur leur investissement. Les différentes sorties possibles restent le rachat de l’entreprise par un nouvel entrepreneur, l’entrée en bourse ou encore le rachat de la start-up par un fonds d’investissement.