Affaires
Bureau CGEM : «dream team» pour Moulay Hafid Elalamy
Des grosses pointures du monde des affaires rejoignent l’équipe du patronat.
14 commissions dont plusieurs destinées à être en phase
avec le Maroc nouveau.
Un «Label CGEM» créé.
Deux messages essentiels : «fini le laxisme» et «au travail».
En décembre prochain, tout devra être finalisé.

Ce jeudi 28 septembre restera assurément dans les annales de la CGEM. Non pas parce que ce jour-là se tenait la première réunion du Conseil d’administration dans sa nouvelle version sous l’ère Moulay Hafid Elalamy. Mais plutôt par le volume d’annonces et de nouveautés qui sont venues chambouler la confédération patronale.
Le conseil a duré près de 3 heures, de 10 à 13 heures, et encore a-t-il fallu passer en revue rapidement tous les points programmés à l’ordre du jour, dont le plus important est celui concernant la nouvelle organisation de la CGEM, que ce soit pour la partie élue ou pour les structures permanentes. Première grande nouveauté : le conseil en lui-même, revu de fond en comble, avec l’arrivée de nouveaux membres, notamment ceux cooptés par le président.
Parmi eux quatre vice-présidents, à savoir Youssef Alaoui, ex-patron de la Fisa, Khalida Azbane, DG de la société Azbane, Hammad Kessal, ex-président de la fédération des PME et, enfin, Faouzi Chaâbi, fils de Miloud Chaâbi. Pourquoi quatre vice-présidents ? Et pourquoi ces quatre personnes précisément ? M. Elalamy apporte quelques éclairages. Youssef Alaoui a été de toutes les batailles menées depuis 2003 par le clan des «réformateurs» qui appelaient à un renouveau de la CGEM. Ce jeune patron, militant très engagé, a été en première ligne et mérite amplement d’être à la tête de l’équipe qui va mener le changement du patronat. Khalida Azbane, pour sa part, est une femme manager discrète, certes, mais pleine de ressources et toujours prête à porter le drapeau. Le troisième vice-président, Hammad Kessal, quant à lui n’est plus à présenter. A l’instar de son collègue Youssef Alaoui, Hammad Kessal a été incontestablement une des personnes clés dans la bataille pour le changement. Cela lui a valu, bien entendu, beaucoup de problèmes, à tel point qu’il envisageait à un certain moment d’externaliser sa fédération pour devenir indépendant de la CGEM. Pour le quatrième vice-président, enfin, en l’occurrence Faouzi Chaâbi, sa nomination est un signal très fort qui signifie, pour M. Elalamy, «la réconciliation entre le patronat et le Groupe Chaâbi qui ne pouvait pas, vu sa taille et son importance, rester en dehors de la CGEM». Avec Chaâbi junior à la tête des instances de décision au sein du patronat, c’est aujourd’hui chose faite.
Le retour de la confiance
Pourquoi quatre vice-présidents ? Pour suppléer et assister le président dans les nombreuses tâches de gestion, dans le suivi des chantiers internes mais aussi pour représenter la CGEM.
La réunion du conseil du 28 septembre a été également l’occasion pour le président Moulay Hafid Elalamy de présenter ce qui sera sa machine de guerre, à savoir les 14 présidents de commissions qui siègeront tous au conseil. Parmi eux, beaucoup de figures jeunes, certes, mais connues dans le monde des affaires (voir encadré en page suivante). Mais le plus important est la création de nouvelles commissions permettant à la CGEM de s’adapter aux mutations de son environnement et de celui des affaires. Parmi les plus originales, on citera, par exemple, la commission dite de «Lutte contre la corruption», dont la présidence a été confiée à Abdesselam Aboudrar, secrétaire général de la CDG mais également fondateur et membre actif de longue date de Transparency Maroc. Il y a également une commission dite «Label CGEM», présidée par Moulay Hafid en personne, assisté par le cabinet d’audit social Vigeo, et qui aura pour mission de créer un label qui sera délivré aux entreprises méritantes par la CGEM et qui aura force de certification. Explication : les entreprises performantes pourront, grâce à ce «label CGEM», accéder à des avantages en matière de passage en douane, de simplification de démarches…
Toujours pour coller à la nouvelle réalité du marché, la nouvelle équipe a également pensé à mettre en place trois commissions qui n’existaient pas auparavant. L’une, baptisée «Emergence», aura pour mission d’assurer le suivi du programme du même nom, de manière à ce que le patronat apporte sa contribution effective à la nouvelle stratégie industrielle. Les deux autres commissions, quant à elles, seront dédiées à la logistique, métier en développement exponentiel aujourd’hui et talon d’Achille de l’économie marocaine, et à l’e-entreprise.
Des banquiers, des industriels et des experts
Quelques détails intéressants sont également à relever au niveau des commissions. Comme par exemple l’arrivée de Mostafa Terrab, patron de l’OCP, qui présidera la commission «Economie» ou encore d’Abdelmajid Tazlaoui, ancien secrétaire général de la CNSS et actuellement patron de la branche immobilière et touristique d’Ona-Siger, en tant que président de la commission «Emploi». Enfin, on notera une autre grande nouveauté : la mise en place d’une commission pour la PME-PMI en lieu et place de la fédération des PME qui sera dissoute (voir page 12). L’autre détail important concerne, lui, la philosophie même sur laquelle est fondé le fonctionnement de ces commissions. Ainsi, comme le révèle le président de la CGEM, les commissions ont pour la première fois une feuille de route et des attributions écrites noir sur blanc. Les personnes appelées à les présider se sont donc engagées en connaissance de cause et devront, sur la base de ce document, décliner des plans d’action voire s’engager sur des résultats. Mieux, les parties se sont mises d’accord pour qu’un président puisse être changé quand cela s’avérera nécessaire pour le bon fonctionnement de la commission. Bref, il n’y aura plus de place pour la complaisance et un seul credo : engagement, efficacité et résultats.
La réunion du conseil de ce 28 septembre était aussi une occasion pour la validation de la cooptation d’autres membres, en dehors des membres statutaires (présidents des union régionales, présidents des fédérations). Et là , il faut avouer que le nouveau président a réussi le tour de force de convaincre le gratin des affaires de rejoindre son équipe. De grosses pointures comme Aziz Akhannouch, président d’Akwa Group, le président de l’Ona, Saâd Bendidi ou encore deux grands banquiers de la place, à savoir Noureddine Omary et Khalid Oudghiri, respectivement patrons du groupe Banques populaires et d’Attijariwafa bank. Parmi les membres cooptés, on trouvera également Saâd Kettani (monsieur Maroc 2010), Saà¯da Lamrani, Jaouad Cheikh Lahlou, patron de Cooper Maroc, qui assurera également la fonction de «Médiateur», Saà¯d Laâlej, patron d’Unimer-VCR, Mohamed Benamour (KTH), Mohamed Bensalah (Groupe Holmarcom), Saloua Karkri-Belkziz et Bouthaà¯na Iraqui-Housseà¯ni de l’Afem.
Le conseil définitif ne sera connu que dans un mois ou deux
Avec cette force de frappe, il est certain que l’équipe de la CGEM saura être convaincante face à ses partenaires que sont le gouvernement et les syndicats. L’enthousiasme est en tout cas de mise chez de nombreux patrons concernés. Cela d’autant que les structures internes de la fédération sont appelées à être renforcées par le recrutement de profils pointus. A Amina Lamrani, centralienne, qui a pris en charge la mission de déléguée générale, s’est ajoutée, il y a quelques jours Nadia Hachimi Alaoui, macro-économiste et journaliste qui s’occupera des volets communication et relations internationales. Au cours de la semaine à venir, trois profils de haut niveau rejoindront le staff, selon le président.
«D’ici fin décembre, la CGEM devra avoir complété son organisation, son conseil et réglé tous ces problèmes», s’engage M. Elalamy. Il faut en effet signaler que plusieurs des 29 fédérations (internes et externes) n’ont pas encore renouvelé leurs instances, notamment les présidents. Par conséquent, Moulay Hafid Elalamy devra faire avec, en annonçant la composition de son conseil, en y incorporant pour l’instant des présidents toujours en exercice jusqu’aux prochaines élections. Certains d’entre eux quitteront à coup sûr car leurs deux mandats légaux sont déjà épuisés. D’autres pourront en briguer un second mais ne continueront à siéger au conseil qu’en cas de réélection. A ce jour, certaines fédérations ont déjà renouvelé leurs instances comme c’est le cas pour la Fédération des industries forestières et de l’emballage présidée par Aziz Qadiri (CMCP), la Fédération des services bancaires et financiers, dont les membres ont élu Hassan Besri, directeur centrale à la Banque populaire, la Fédération du commerce et services, présidée depuis quelques jours par le patron de Stokvis, Chakib Belkhadir. D’autres fédérations, elles, procèdent actuellement au renouvellement de leurs instances, à l’image de la Fédération des industries de la mer (FIM), dont le nouveau président devait être connu ce jeudi (lire les échos en page 86).
Pour d’autres fédérations, en revanche, c’est encore l’incertitude. C’est le cas, entre autres, de la fédération de l’automobile, victime d’un cafouillage entre ses quatre associations, dont l’Amica, et qui demande à être sérieusement restructurée de l’avis du nouveau patron des patrons. Il y a également le cas de la Fédération de l’enseignement supérieur privé et technique qui est sans président depuis des années.
Mais les fédérations ne sont pas les seules sources d’incertitude puisque les unions régionales, elles aussi, présentent le même schéma. Ainsi, si les nouveaux présidents des unions de Tanger, Meknès, Marrakech et Agadir sont connus, et celui de Fès en voie de l’être, trois unions posent problème. A Rabat, les élections sont suspendues à cause d’un litige portant sur la validité d’une des candidatures. En effet, Zouhair Bennani, de Label Vie, qui s’était présenté aux élections, s’est vu opposer un refus de validation de son dossier par le bureau de l’union et a demandé un arbitrage auprès de la commission juridique de la CGEM. Du coup, les élections à Rabat se trouvent suspendues le temps que ladite commission rende son verdict. Restent enfin les unions de l’Oriental et de Laâyoune qui, de l’avis de la CGEM à Casablanca, ont besoin d’être, elles aussi, réanimées.
Autre décision du conseil : en finir avec les situations irrégulières. En termes plus clairs, il s’agit de remédier, par exemple, aux cas de la FNBTP, à la tête de laquelle siège Bouchaà¯b Benhamida depuis plusieurs années, ou encore de la Fenagri dont l’actuel président, Mohamed Chraà¯bi, en est à son troisième mandat alors que les statuts de la CGEM limitent leur nombre à deux seulement. Pour résoudre ces deux cas problématiques et celui de l’union de Rabat, le conseil a décidé de constituer une commission ad hoc (voir encadré ci-contre).
En un mot, comme en mille, deux messages ont été clairement lancés par la nouvelle équipe : fini le laxisme et il est grand temps de travailler de manière professionnelle. Bonne nouvelle, pour un bon départ, les pouvoirs publics viennent de donner leur feu vert pour que la CGEM accède au statut d’association d’utilité publique. La baraka en quelque sorte. Reste à transformer l’essai.
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Pour en finir avec tout cela, la commission ad hoc, comprenant le vice-président général, Mohamed Chaà¯bi, le président de l’union régionale de Marrakech, le médiateur, le président de la commission droit et le président de la commission médiation a eu pour consignes d’instruire ces trois dossiers et de les clore dans un délai d’un mois. |
