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Affaires

BTP : la situation est loin de s’améliorer

• Plusieurs obstacles entravent la sortie du tunnel de ce secteur.
• La flambée des prix des matières premières est répercutée sur le coût de revient des producteurs.
• Certains donneurs d’ordre publics restent intransigeants. Les professionnels ont plusieurs doléances.

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La consommation nationale du ciment continue de s’améliorer. Après une progression de 4% au 1er trimestre et de 19,5% à fin avril et elle a atteint 4,3 millions de tonnes, en hausse de 25,4% à fin mai. Cela porte à croire que le secteur du BTP entame la sortie de sa torpeur. Mais il n’en est rien. Le secteur du BTP semble être dans de sales draps. Depuis l’avènement de la crise sanitaire, les professionnels souffrent de plusieurs difficultés. Certaines sociétés ont même mis la clé sous la porte.
En effet, la crise sanitaire a désorganisé les chaînes de production des matériaux et des matières utilisés, entraînant ainsi une flambée des prix. Depuis octobre 2020, le prix des matières premières industrielles a augmenté de plus de 15%, à l’instar de l’acier, du cuivre, du bois, des solvants… Les produits pétroliers et de leurs dérivés dont le PVC, les matières plastiques, les matériaux bitumineux… sont également concernés, puisque le prix du pétrole s’est apprécié de 50%. Cette évolution est survenue consécutivement à la hausse des coûts du transport, mais aussi à la diminution de la productivité mondiale et du fort déséquilibre entre l’offre et la demande. Les retombées de cette situation sont telles que les matières sont en rupture de stock et que les prix doublent pour le stock disponible. Dans ces conditions, les entreprises de BTP supportent l’impact de ces hausses, sur leur coût de production. Ce qui tire leurs marges à la baisse.
A ces difficultés liées à la conjoncture internationale, d’autres obstacles viennent noircir le tableau, à l’instar de la flambée des coûts du transport maritime et ce, en raison de la réduction du nombre des bateaux en circulation. De même, nombre de porte-conteneurs et conteneurs sont bloqués dans les ports à cause des restrictions sanitaires. Conséquence : des délais d’approvisionnement qui s’allongent et des stocks qui s’amenuisent. A cela s’ajoute la pénurie des pièces de rechange en raison de la baisse de productivité dans les usines des fournisseurs.
Sur le plan national, l’impact de la pandémie s’est fait ressentir au niveau de l’exécution des différents engagements et contrats. Les professionnels souffrent le plus des donneurs d’ordre publics qui, pour certains d’entre eux, ne tiennent pas compte des effets de la pandémie sur l’activité. Sans envisager la baisse de la productivité, ils exigent la poursuite les chantiers et le respect des délais. Le cas échéant, ils appliquent des pénalités de retard et ne manquent pas d’envoyer des notifications de mise en demeure, ou même de résilier le contrat.
Cette situation devient intenable pour nombre d’entreprises, même celles de grande taille. Ainsi, les spécialistes du secteur appellent à la reconsidération des délais contractuels des projets en cours et projetés. L’objectif est de prendre en compte les retards de livraison constatés, que ce soit pour les matériaux de construction ou pour le matériel de mise en œuvre, ainsi que la réduction des horaires de travail sur les chantiers. Ils proposent également l’adaptation des formules de révision des prix et des index de révision, de sorte à absorber les augmentations des prix des matières premières, des pièces de rechange et des suppléments exceptionnels sur les prix des transports maritimes et internationaux. A côté, ils espèrent davantage de coopération des organismes étatiques, en vue d’assouplir et d’accélérer les procédures de paiement des prestations exécutées et attendent des donneurs d’ordre «intransigeants» de prendre en considération la situation pandémique actuelle. Il s’agit également de considérer la trésorerie des entreprises en instaurant un dispositif de contrôle des attachements en retard de paiement, impliquant un règlement rapide des sommes dues au titre des prestations constatées. Pour pallier les obstacles conjoncturels, les professionnels souhaitent se faire accorder des reports des échéances financières et fiscales sans majorations ni pénalités de retard. Ils entendent, à côté, participer à mettre en œuvre un mécanisme de contrôle, en partenariat avec le ministère de l’industrie, dont le but est d’atténuer et de maîtriser la volatilité des prix et d’assurer des stocks suffisants empêchant les arrêts imprévisibles de l’activité des entreprises. Au final, ils proposent de mettre en place un comité de veille et de suivi des marchés et de la situation de l’ingénierie et de l’entreprise du BTP.


La consommation du ciment ne renseigne pas sur la situation réelle du BTP

L’évolution de la consommation du ciment est souvent prise comme l’indicateur de base pour mesurer l’état de santé du secteur du BTP. Or, son interprétation est souvent biaisée, car elle ne renseigne pas tout à fait sur la situation du marché. En fait, les statistiques disponibles de la consommation nationale du ciment font ressortir sa répartition au niveau des grands segments (distribution, préfabriqué, béton prêt à l’emploi, infrastructures…). Mais elles n’indiquent pas sa classification en fonction du type d’utilisation (construction, entretien…), ou en fonction des marchés (immobilier, BTP…). C’est pour cette raison d’ailleurs que des conclusions sont tirées hâtivement sur le comportement du BTP.