Affaires
Bilan mitigé de la Vision 2010 dressé par l’Association nationale des investisseurs touristiques
Deux succès notés : la réalisation des 10 millions de touristes et l’amélioration de la desserte aérienne. Avec 18 millions de nuitées enregistrées en 2010, le Maroc est très en deçà de l’objectif de 50 millions. L’Anit impute les retards concédés dans la mise en Å“uvre du plan Azur à un problème de gouvernance.
Tirer la sonnette d’alarme tout en essayant de ne pas semer la panique. C’est l’exercice auquel se sont livrés les membres du nouveau bureau de l’Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT) à l’occasion d’une rencontre avec la presse qui a eu lieu jeudi 23 mai dernier à Casablanca. L’association a été assistée dans sa démarche par un cabinet d’études qui a réalisé un diagnostic de la Vision 2010 et proposé des ajustements pour la Vision 2020 afin de crédibiliser le secteur et restaurer la confiance des investisseurs.
D’après l’étude, la Vision 2010 a connu deux succès remarquables : l’objectif visé des 10 millions de touristes a été quasiment atteint et les recettes touristiques ont presque doublé durant la période, et ce, grâce à la mise en œuvre d’actions fortes au niveau de la promotion dans les marchés émetteurs et de l’aérien. Le budget de la promotion est en effet passé de 200 MDH en 2001 à 500 millions en 2011, et la signature de l’Open Sky avec les pays de l’Union Européenne a permis l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes, régulières et low-cost, qui ont multiplié les vols point à point avec des prix plus accessibles.
La durée de séjour n’a guère dépassé les 3,4 jours contre 6,5 projetés
Le revers de la médaille, selon l’Anit, est que les indicateurs de rentabilité de l’investissement touristique ne sont pas au rendez-vous. L’objectif initial des 50 millions de nuitées n’a pas été atteint puisqu’on est passé de 13 millions en 2001 à 18 millions en 2010, avec une baisse régulière du taux d’occupation dans les établissements hôteliers qui est passé durant la même période de 48 à 40%, sachant que le seuil de rentabilité admis est de 60%. De même, la durée de séjour projetée de 6,5 jours n’a guère dépassé les 3,4 jours.
En outre, la course effrénée à la capacité a été mal maîtrisée avec un retard au niveau du plan Azur. Au final, on n’a pas réussi à inverser les proportions entre les offres litières du balnéaire et du culturel, puisqu’au bout de dix ans on se retrouve au même point avec 31% des capacités dans le balnéaire et 70% dans les destinations culturelles, Marrakech ayant accueilli deux fois plus de lits que prévu alors que les autres destinations d’affaires et culturelles ont été pratiquement oubliées.
La Vision 2010 est pointée du doigt sur plusieurs aspects : dimensionnement des stations, absence d’intégration dans les régions, suivi insuffisant… Et, pour résumer, la mise en œuvre de la Vision 2010 a connu un problème de gouvernance : la Haute autorité n’a pas encore été créée, les statistiques fournies par l’Observatoire sont sommaires et ne permettent pas de piloter la stratégie.
Sur cette base, l’Anit fait quelques recommandations pour la Vision 2020 qui a du mal à démarrer, notamment l’accélération de la création des instruments de gouvernance dont la Haute autorité et les agences de développement touristique, le redimensionnement des capacités additionnelles par région et le gel des projets annoncés et non démarrés afin de finir les projets du plan Azur en priorité.