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Bientôt des centrales solaires flottantes au Maroc ?
Masen a confié à l’allemand Suntrace une étude d’opportunité concernant le photovoltaïque flottant. Une réelle opportunité pour lutter contre l’évaporation des eaux sur les barrages. Le coût de la mise en place et de la production d’électricité sera déterminant dans l’adoption de cette technologie, selon Masen.

Et si c’était la solution à l’évaporation des eaux dans les barrages du Maroc ? Le photovoltaïque flottant, technologie qui consiste à mettre en place des centrales solaires sur les surfaces des bassins hydrauliques, pourra bientôt voir le jour sur les barrages du pays. Technique éprouvée dans les zones où l’occupation du sol est importante, le PV flottant est également une solution à la perte des eaux, due à l’évaporation des bassins aquatiques (voir encadré). Sans oublier sa vocation fondamentale, la production d’électricité. Pour le Maroc, l’allemand Suntrace est en train de réaliser une étude d’opportunité au profit de Masen. Elle devra déboucher sur l’adoption ou non du photovoltaïque flottant.
Une question de coûts
Selon Abderrahim Jamrani, directeur Conception Technique à Masen, au Maroc, où l’évaporation dans les barrages est très élevée, le PV flottant peut être un moyen pratique pour éviter la perte de grandes quantités d’eau. Dans les régions frappées par la sécheresse, elle pourra éventuellement contribuer à la lutte contre le stress hydrique. Maintenant, le résultat de l’étude en cours déterminera la pertinence ou non de ce choix. «L’objectif de l’étude n’est pas de déterminer les quantités d’eau à gagner, mais de calculer le coût de cette technologie en le comparant à d’autres procédés scientifiques, comme le dessalement. La question à résoudre est la suivante: Pour un m3 d’eau, est-il plus rentable d’installer une centrale PV flottante ou une centrale de dessalement ?», souligne M. Jamrani.
A coût équivalent, le choix sera porté sur le photovoltaïque flottant. D’autant plus que les régions susceptibles d’être concernées par cette nouvelle technologie, comme le Draâ ou le Tafilalet, sont éloignées de l’océan, impossibles d’être approvisionnées par de l’eau dessalée sans coûts exorbitants. «Gagner même quelques dizaines de milliers de m3 d’eau dans ces régions restera toujours très précieux, vu le niveau de stress hydrique auquel elles sont confrontées», poursuit Abderrahim Jamrani.
Les barrages à proximité des centrales sont visés
Si les coûts s’avèrent très élevés, l’option du photovoltaïque flottant sera abandonnée. Maintenant, du côté de Masen, on réfléchit déjà à des barrages situés à proximité des centrales solaires du Maroc, comme le barrage El Mansour Eddahbi, proche d’Ouarzazate qui abrite la gigantesque station Noor. En termes de capacité, cela dépendra aussi des coûts, et aussi du volume d’eau que les nouvelles centrales permettraient de préserver. En tout cas, dit M. Jamrani, le Maroc dispose de superficies suffisantes pour accueillir les centrales, selon les normes en vigueur.
En ce qui concerne l’impact environnemental sur la faune et la flore, le risque peut être évalué également. «L’étude que nous avons commandée comprend un volet écologique. Il y a des règles qu’il faut respecter, notamment en termes de profondeur des bassins et de proximité des berges», précise Abderrahim Jamrani. De toutes les manières, ce type de projet comprend inévitablement ce genre d’impacts sur les barrages. L’étude déterminera aussi leur ampleur et les moyens à mettre en œuvre pour les éviter. On sait d’ores et déjà que l’électricité produite par le photovoltaïque flottant est généralement 20 à 25% plus chère que celle produite sur le sol. Cela n’a pas empêché Masen d’exiger à Suntrace plus de précision à ce propos. «Nous souhaitons avoir un résultat précis sur le cas du Maroc. Cette question du coût de production sera déterminante. Il faut le préciser», poursuit le responsable de Masen. L’étude comprend plusieurs étapes qui détermineront in fine la pertinence ou non de cette nouvelle technologie. Pour M. Jamrani, «les gains que peut apporter le photovoltaïque flottant sont considérables, mais seule l’étude jugera s’il sera opportun de mener ce projet à bout ou non», conclut-il.
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[tab title=”En France, cela a commencé en octobre 2019″ id=””]Le Maroc n’est pas à la traîne en ce qui concerne le photovoltaïque flottant. En France par exemple, la première station solaire flottante a été lancée pas plus tard qu’octobre 2019. Seulement, cette première station est la plus puissante du genre en Europe, avec 47 000 panneaux solaires flottants. Elle permettra de produire de l’énergie à 100% renouvelable et alimentera environ 5000 foyers de la commune française de Piolenc, ce qui correspond à environ 10 000 personnes. Une contribution inestimable. Ce qui est tout aussi intéressant à émuler du côté marocain c’est l’approche adoptée pour construire cette centrale solaire. Elle a été construite sur un lac artificiel, une ancienne carrière qui n’offrait pas beaucoup de possibilités d’exploitation utile. Le photovoltaïque flottant est venu résoudre cette difficulté. Reste à voir si le contexte local, environnemental et géographique, peut permettre d’adopter cette technologie.[/tab]
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