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Béton préfabriqué : Sadet se lance dans la franchise industrielle
Le groupe développera désormais son activité à travers des unités régionales dont le capital est ouvert à des investisseurs locaux. Ces usines bénéficieront de l’appui d’une structure qui pilotera les activités communes (R&D, fonctions logistiques, centrale d’achats…). La société mère sera transformée en holding d’investissement dont le capital sera ouvert à la Bourse.

Le vent du changement souffle sur le spécialiste du béton préfabriqué Sadet. L’industriel, qui fête 30 ans d’existence, adopte un nouveau modèle économique, inédit au Maroc, basé sur la franchise industrielle.Il développera désormais son activité au moyen d’un nouveau types d’unités de fabrication régionales. Leur particularité consiste d’abord en l’ouverture de leur capital à des investisseurs locaux. Ensuite, elles bénéficieront de l’appui d’une structure qui pilotera des activités communes, sur le modèle de la franchise. Cette entité d’appui assurera par exemple pour le compte des usines franchisées les normalisations et certifications des unités de production, l’engineering des investissements et le montage des projets, les fonctions logistiques tout en leur donnant accès à une centrale d’achat.
Ce nouveau modèle permettra une plus grande rapidité et proximité dans le traitement de la demande des clients, explique Mohamed Azzedine Abaakil, président directeur général de Sadet, qui estime que l’organisation actuelle, qui charge une entité mère de la gestion opérationnelle de toutes les usines du groupe, présente plusieurs lourdeurs. Ces unités existantes (à Témara, Fès, Bouskoura et Tanger), justement, rentreront elles aussi dans le champ de la réorganisation avec une ouverture de leur capital. La réorientation pourrait aussi donner lieu à la fusion des usines de Témara et Bouskoura afin de permettre au groupe d’optimiser son maillage territorial, fait savoir Abdullah Abaakil, vice-président de Sadet.
Par cette nouvelle orientation, Sadet devient l’un des premiers opérateurs du secteur de la construction à s’arrimer au contrat de performance 2016-2020 mis en place par le ministère de l’industrie pour les matériaux de construction. Celui-ci prévoit en effet des mesures d’encouragement à la création de nouvelles unités industrielles dans le béton préfabriqué pour une meilleure couverture du territoire national. En plus de permettre une expansion plus rapide des capacités de production de Sadet et une meilleure réactivité au marché, la nouvelle orientation stratégique, baptisée Vision 2025, permettra à la structure mère existante de se décharger des activités opérationnelles (fabrication et commercialisation des produits). La société mère, qui se transformera en holding d’investissement, pourra ainsi se concentrer sur les métiers de base de l’entreprise et le développement de son savoir-faire, anticipe le PDG du groupe. Le management annonce notamment l’accentuation de l’effort de développement de nouveaux produits et métiers. Un accord est à ce titre en phase d’être conclu par le groupe avec des partenaires libanais pour le développement de la post-tension (un type de béton pré-contraint), fait savoir Abdullah Abaakil.
Un chiffre d’affaires consolidé d’un milliard de DH à l’horizon 2025 dont 200 MDH à l’international
Naturellement, pour que cet effort de développement prenne sens, il doit s’accompagner d’une croissance du marché du béton préfabriqué. Celle-ci ne fait aucun doute pour Azzedine Abaakil qui assure que même dans un scénario de stagnation à long terme du secteur du BTP, un large champ reste ouvert pour un doublement de la taille du marché du béton préfabriqué. En effet, la préfabrication consomme aujourd’hui moins de 10% de la production nationale de ciment alors que ce ratio approche 50% dans les marchés les plus avancés.
Dans la foulée, l’entreprise familiale devrait ouvrir le capital de la future holding au marché boursier. Les dirigeants envisageaient cela depuis 4 ans mais la méforme de la cote casablancaise les a contraints à temporiser. Pour compléter cette réorientation stratégique, les fondateurs du groupe revoient la gouvernance pour délimiter le rôle des propriétaires et des gestionnaires conformément aux meilleures pratiques. Ainsi, au lieu de se limiter à un simple conseil d’administration, les organes de gouvernance consisteront désormais en un conseil de surveillance et un comité de direction.
Des comités spécialisés prendront le relais pour la gestion au quotidien. Un comité de gestionnaires se chargera notamment d’exécuter le plan stratégique du groupe. Celui-ci se donne pour objectif de parvenir à 1 milliard de DH de chiffre d’affaires consolidé à l’horizon 2025. Dans ce total, 200 MDH devraient être générés à l’international, étant à préciser qu’une priorité de la nouvelle structure est l’expansion régionale, notamment en Afrique subsaharienne dans un premier temps. Le groupe a notamment dans son viseur le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Gabon ou encore le Tchad. Pour boucler la boucle, la nouvelle structure fera la part belle à la RSE. Un engagement fort pris dans ce sens porte sur l’utilisation des énergies renouvelables comme source d’énergie dans les futures usines. Aussi, un processus devrait être lancé pour convertir les unités existantes à l’énergie solaire.
