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Béton préfabriqué : Sadet introduit un procédé inédit au Maroc
L’industriel adopte la technologie de la post-tension en partenariat avec le chinois OVM.Un accord de transfert de savoir-faire exclusif permettra à Sadet de prendre en charge les études de mise en œuvre et l’exécution du procédé au niveau des chantiers locaux. Le marché potentiel de cette technologie au Maroc est estimé à 170 MDH annuellement.
Le spécialiste du béton préfabriqué, Sadet, conforte son avance sur le marché. Il vient d’introduire au Maroc un procédé de fabrication inédit dit post-tension. Celui-ci consiste à mettre en tension les câbles composant les pièces en béton préfabriqué non pas avant le bétonnage comme cela se fait habituellement, mais après.
Cette technique a à vrai dire déjà été utilisée au niveau d’ouvrages nationaux, mais sa mise en œuvre se faisait systématiquement par des opérateurs étrangers. Sadet s’est à présent assuré de transférer ce savoir-faire au Maroc. Il a signé dans ce sens un accord avec le groupe asiatique OVM dont il va proposer en exclusivité le procédé de post-tension, reconnu et certifié par des organismes internationaux. «Nous assurerons désormais localement toutes les études préalables ainsi que l’exécution de ce procédé au niveau des chantiers», explique Azzedine Abaakil, PDG de Sadet, tout en soulignant que les pièces utilisées continueront d’être importées. Les équipes de l’industriel national sont actuellement en cours de formation en prévision du transfert de savoir-faire.
Réduction de l’impact environnemental des chantiers
Le nouveau procédé offre plusieurs avantages. En tirant mieux parti des performances des matériaux, il permet de diminuer la consommation de béton et d’acier de 25% et 65% respectivement, ce qui réduit les coûts mais aussi les délais de construction, ainsi que l’impact environnemental des chantiers. Aussi, la post-tension permet la diminution du nombre d’éléments porteurs (poutres, poteaux, voiles…) autorisant plus d’espaces ouverts, ce qui est particulièrement recherché dans les projets de plateaux de bureaux et de centres commerciaux.
Sur le même registre, le système permet une réduction de l’épaisseur des dalles ouvrant la voie à une meilleure exploitation des hauteurs. S’ajoute à tout cela une simplification de l’approvisionnement du chantier par la suppression des transports lourds.
Sadet espère une augmentation significative de son chiffre d’affaires grâce à sa nouvelle offre, dont le marché potentiel est évalué à 170 MDH annuellement au Maroc, selon les estimations de l’industriel.
La mise en place du nouveau procédé qui sera porté à terme par une filiale dédiée décline la volonté de l’entreprise d’enrichir son offre dans le cadre d’une nouvelle orientation stratégique mise en œuvre il y a près d’un an, visant à porter son chiffre d’affaires à 1 milliard de DH à l’horizon 2025. D’autres pistes étudiées pour étoffer l’offre consistent en le développement du métier de contractant général pour la réalisation de structures industrielles. L’activité de l’entreprise en la matière reste limitée à l’heure actuelle, principalement du fait que la charpente en béton a du mal à s’imposer sur le marché local qui reste largement dominé par les solutions métalliques. Sadet garde bon espoir d’un renversement de tendance à terme, notamment en cas de durcissement de la réglementation incendie pour les unités industrielles, qui avantagerait de fait la charpente en béton en raison de sa meilleure résistance au feu. L’industriel cherche même à accélérer le mouvement en tentant de rallier les assureurs à sa cause. D’autres voies de diversification pour l’entreprise consistent en le développement de produits à forte valeur ajoutée, notamment dans le domaine des énergies renouvelables, de la maison intelligente…
Sadet s’appuie désormais sur le modèle de la franchise industrielle
Ces développements, l’on s’en doute, nécessitent la mobilisation de ressources conséquentes, et c’est à dessein que Sadet a lancé dans le cadre de sa nouvelle stratégie une restructuration de son modèle d’affaires dans le but de dégager des capitaux. L’entreprise s’appuie désormais sur le modèle de la franchise industrielle pour se développer dans les régions. Le capital de ses nouvelles unités est ainsi ouvert à des investisseurs locaux et ces usines régionales sont appuyées par une structure qui pilote les activités communes sur le modèle de la franchise. Cette entité d’appui assure par exemple pour le compte des usines franchisées les normalisations et certifications des unités de production, l’engineering des investissements et le montage des projets, les fonctions logistiques, tout en leur donnant accès à une centrale d’achat. En raison de la méforme du secteur de la construction, le recrutement de nouveaux partenaires tourne pour l’heure au ralenti. L’entreprise concentre ses efforts actuellement surtout sur la conversion de ses unités existantes (au niveau de Tanger, Rabat, Casablanca…) au nouveau modèle.