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Benchaâboun promet une stratégie nationale de l’entrepreneuriat pour bientôt
L’objectif est de donner de la cohérence d’ensemble aux mesures ciblant les TPME et porteurs de projets. La nouvelle stratégie apportera une réponse plus globale aux différentes problématiques identifiées dans la mise en vigueur du programme intégré d’appui. Elle va consacrer la rupture avec les dispositifs anciens d’appui des petites structures et des entrepreneurs. Des dispositifs de labellisation seront lancés incessamment pour les partenariats avec le privé et la société civile.

C’est un pas structurant pour rentabiliser davantage les mesures du programme intégré d’appui et de financement des TPE et des auto-entrepreneurs qui sera franchi bientôt. Le ministère de l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration prépare une stratégie nationale de l’entrepreneuriat. L’annonce en a été faite par Mohamed Benchaâboun, lors de la rencontre tenue, le 17 février, avec le ministre de l’intérieur, les walis, les directeurs des Centres régionaux d’investissement, le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) pour arrêter les mesures d’accompagnement et de suivi du déploiement du programme Intelaka.
D’après l’argentier du Royaume, l’objectif de cette stratégie nationale attendue pour bientôt est de donner de la cohérence d’ensemble aux mesures contenues dans le programme intégré d’appui et de financement, et fournir une réponse plus globale et soutenue aux différentes problématiques identifiées dans la mise en vigueur du programme déployé il y a quelques semaines. Ce dernier suscite un fort intérêt auprès des jeunes et de la population entrepreneuriale, selon les propos du ministre des finances. Pour M.Benchaâboun, la stratégie annoncée est déjà amorcée par l’opérationnalisation des mesures contenues dans le programme Intelaka. Ce dernier se veut un dispositif en nette rupture avec tout ce qui se faisait auparavant concernant la TPE et les porteurs de projets.
«Il n’était possible d’engager de telles mesures de rupture que grâce à la résilience et la solidité de notre secteur financier, fruits des réformes structurantes poursuivies depuis plusieurs années par l’ensemble des acteurs bancaires», affirme le ministre de l’économie et des finances.
Pour lui, cela permet d’appréhender, aujourd’hui, de nouvelles problématiques plus complexes et plus structurantes pour l’économie en l’occurrence, le financement des TPE et des jeunes porteurs de projets. Cette population se refuse à la modélisation pour les opérateurs financiers en raison de son profil particulier. Le programme qui vient d’être déployé et mis sur le marché par les différentes banques de la place se démarque par sa singularité à plus d’un titre. Tout d’abord, par sa taille et le niveau d’engagement des parties prenantes qui est sans précédent. L’on a alloué à ce programme une enveloppe de 8 milliards de DH sur les 3 prochaines années. Egalement des mesures sans précédent ont été adoptées par la banque centrale. A cela, s’ajoutent l’engagement fort des banques à travers le plafonnement des taux de sortie à 2%, ramené à 1,75% pour l’entrepreneuriat rural, l’abandon de toute forme de garantie, à l’exception de celles liées au projet et la simplification des procédures de traitement des demandes de financement.
En deuxième lieu, M.Benchaâboun insiste sur le fait que le programme a été conçu selon une approche participative et concertée qui a capitalisé sur les expériences passées, avec leurs succès et leurs échecs. A cela s’ajoute la mise en place d’un cadre de gouvernance et de coordination pour assurer la réussite du pilotage du programme (des mécanismes de reporting dédiés ont été prévus dans ce sens).
En dernier, et c’est également une nouveauté, un programme qui souhaite apporter des solutions non seulement au titre du volet financement mais également pour le volet accompagnement. «C’est la finalité de la convention signée devant S.M.le Roi portant sur le renforcement de la coordination de l’accompagnement au niveau des régions», rappelle-t-on auprès du département des finances.
Si, aujourd’hui, une nouvelle dynamique en matière de financement des cibles prioritaires, notamment les jeunes entreprises, les TPE, le secteur de l’informel et le monde rural a été insufflée, la dimension accompagnement, qui est fondamentale pour la réussite de ce programme, devrait être également appréhendée avec tout l’intérêt qu’elle se doit. Selon le ministre de l’économie et des finances, l’accompagnement contribue non seulement à transformer des idées en projets effectifs et bancables, mais également à soutenir leurs chances de réussite et de croissance dans la phase post-création. Dans ce sens, et pour permettre un meilleur déploiement de cette composante et réussir ce chantier de portée stratégique pour notre pays, l’offre d’accompagnement dans le cadre de ce programme est bâtie sur plusieurs leviers.
De prime abord, il est question de construire autour des offres actuelles d’accompagnement conduites par les partenaires régionaux à travers la réalisation d’une cartographie exhaustive desdites offres en premier, et ensuite les mutualiser, les rationaliser et les accélérer.
A ce titre, M.Benchaâboun affirme que le rôle des Centre régionaux d’investissement (CRI) est central pour assurer la coordination de l’offre d’appui au profit des segments ciblés, tout en tenant compte des spécificités de chaque région et de ses particularités économiques. Par ailleurs, l’argentier du Royaume relève qu’il y a lieu de développer une vision intégrée qui permet d’accompagner durablement l’entrepreneur dans le cadre d’une démarche plus structurée.
Cette vision devrait être fondée particulièrement sur le renforcement du partenariat tant avec le secteur privé que la société civile pour la mise en place de l’infrastructure d’un accompagnement professionnel tout au long du parcours de l’entrepreneur et du cycle de vie de l’entreprise. «Des dispositifs de labélisation seront lancés incessamment à cet effet», annonce M.Benchaâboun. D’après ce dernier, il faudra aussi bâtir des réseaux de partenaires qualifiés qui pourront soutenir, dans le cadre de leur responsabilité sociétale, les populations cibles.
A ce titre, le ministre a rappelé, à titre d’exemple, le soutien volontariste offert par certains grands établissements publics et privés ainsi que certaines organisations professionnelles, qui est appelé à être renforcé et accéléré. Enfin, l’accompagnement devra recourir également aux plateformes électroniques pour toucher le maximum de la population ciblée et augmenter l’efficience des actions entreprises dans ce cadre. Le but est de tirer profit de l’ensemble de cette dynamique, profiter des avancées technologiques et s’insérer dans l’ère de la dématérialisation.
Si ces mesures sont centrales pour la relance de l’activité de l’entrepreneuriat et de son financement, il reste néanmoins essentiel d’agir également sur d’autres leviers déterminants. Sans chercher l’exhaustivité, le ministre a évoqué en particulier la problématique de l’accès au foncier pour l’hébergement des activités professionnelles, de l’accès aux marchés pour réaliser le premier chiffre d’affaires ou encore des délais de paiement pour préserver la trésorerie des TPE et veiller à leur survie.
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[tab title= »Des crédits jusqu’à 1,2MDH garantis par la CCG » id= » »]La nouvelle offre des produits du programme baptisée ‘‘Intelaka’’ (Départ) comporte trois grandes familles (2produits de garantie et un produit de financement). Le premier, Damane Intelak, est un produit de garantie ciblant les auto-entrepreneurs, les porteurs de projet et les TPE. Il est destiné en priorité aux entreprises de moins de 5 ans, avec un courant d’affaires d’environ 10 MDH pour un financement de 1,2 MDH maximum garantis jusqu’à 80% par la CCG. Les banques se sont vu octroyer la délégation de donner la garantie à leur niveau pour faciliter les circuits et le parcours des prétendants au financement. Le deuxième produit, lui aussi produit de garantie, est dénommé Damane Intelak Al Moustatmir Al Qarawi (investisseur rural). Il cible les petites exploitations agricoles, les TPE, les porteurs de projets et les auto-entrepreneurs du monde rural. Il s’étend aussi aux projets bâtis sur l’opération de Melkisation et petites entreprises exportatrices vers l’Afrique. Ce produit a les mêmes caractéristiques en termes de conditions d’éligibilité que le produit Damane Intelaka. La seule différence concerne la délivrance de la garantie de la CCG qui se fait de manière digitalisée pour le produit Al Moustatmir Al Qarawi.[/tab]
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