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Banques participatives : la nouvelle offre garantie par la CCG pose le problème de la disponibilité des ressources

• La contribution des banques participatives aux fonds de garantie sera comprise entre 2 et 3,5% de la marge commerciale des dossiers accordés.
• Des mécanismes de garantie similaires à ceux dont bénéficient les banques classiques.
• Le refinancement à travers les wakalat bil istithmar revient plus cher comparativement à celui des banques classiques à travers BAM.

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Le secteur de la finance participative commence à se développer. Après la publication des derniers textes sur l’assurance Takaful, les banques participatives peuvent se réjouir de disposer de produits participatifs variés en faveur aussi bien des entreprises que des particuliers. Tous sont garantis par la Caisse centrale de garantie (CCG), qui, à l’occasion, a créé une fenêtre participative «Sanad Tamwil». La quotité de garantie va de 50% à 80% en fonction du produit (voir encadré). «Cette fenêtre a procédé à la signature des conventions de coopération avec les différentes banques et fenêtres participatives, définissant les conditions de bénéfice et d’utilisation des différents produits de garantie», a précisé Abdelaziz Bounekhla, directeur de la fenêtre participative à la CCG.
En fait, il s’agit d’un fonctionnement similaire aux produits de financements garantis dont les banques classiques bénéficient, tels que Moukawalati, Fogarim et Fogaloge,- soit les clients qui ne sont pas éligibles au financement bancaire-, à deux différences essentielles près. En premier lieu, le coût de la garantie n’est pas facturé au client, comme le veulent les principes de la shariaa. Secundo, «le financement est adossé à un équipement, un bien immobilier par exemple, mais pas à la trésorerie», explique Abdessamad Issami, président du directoire d’Umnia Bank. Sur le plan opérationnel, le processus est complétement digitalisé. «Toutes les demandes obéissent à un processus d’échange digitalisé entre Sanad Tamwil et les banques et fenêtres participatives. Ainsi, tout échange de données se fait à travers un système électronique, et ce tout au long de la durée de vie des dossiers couverts par la garantie», ajoute M.Bounekhla.
Par ailleurs, «les fonds de garantie sont alimentés, principalement, par les dotations de l’Etat qui dépendent du niveau d’activité prévisionnel Quatre mécanismes de garantieainsi que de l’évolution des engagements de chaque fonds. Les banques et fenêtres participatives contribuent, également, aux fonds en fonction de leurs utilisations des différents fonds», détaille M. Bounekhla. Cette contribution varie entre 2% et 3,5% de la marge commerciale des dossiers financés, et en fonction de la convention qui lie la banque à la fenêtre de la CCG et du produit financé.
Les banques participatives peuvent se targuer de contribuer au financement de l’économie, mais quid de leurs ressources financières ? Autant les banques conventionnelles ont bénéficié de mesures spéciales de la part de Bank Al-Maghrib en matière de refinancement, que ce soit pour Intelaka ou pendant cette crise sanitaire, autant les banques participatives sont laissées pour compte. Youssef Baghdadi, président du directoire de Bank Assafa, se désole : «Le taux de refinancement doit être au moins égal à celui des banques conventionnelles. D’où la nécessité de démocratiser l’accès au financement».
Il serait difficile pour toutes les banques de satisfaire une demande latente, jugée intéressante, pour ce type de financement, en raison justement du manque de liquidité, même celles disposant de fonds solides. En effet, les wakalat bil istithmar sont à leur utilisation maximale, les comptes d’investissement se développent de manière toujours timide et les fonds propres des banques commencent à s’amenuiser, tellement elles y puisent pour répondre aux besoins de financement des clients. Alors que les banques classiques se refinancent auprès de la banque centrale à un taux qui tourne autour du taux directeur réduit actuellement, de 2%, les banques participatives, elles, se refinancent à un taux compris entre 2,8% et 3,1% auprès de leur banque mère généralement. Du coup, le problème pourrait se poser (encore une fois). Celui de la cherté du coût de financement des banques participatives par rapport aux banques classiques, bien que le business model n’est pas le même, encore moins le coût du risque supporté.