Affaires
Banques : les entreprises ont trois fois plus de crédits que de dépôts
Elles captent 47% des crédits distribués au niveau national alors qu’elles n’apportent que 15% des dépôts du système. Le plus gros de leurs crédits est constitué de financements de la trésorerie. Les particuliers fournissent 72% des ressources mais bénéficient tout juste d’un peu plus du quart des crédits.
D’où vient l’argent des banques et qui en profite ? Quoique l’on puisse se douter que ce ne sont pas les plus gros pourvoyeurs de ressources au système bancaire qui accaparent le plus de crédits, dans l’actuel contexte de resserrement des liquidités, il est bon de déterminer précisément les apports des différents acteurs et les concours dont ils bénéficient en contrepartie.
De fait, en examinant les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib établies pour la période courant jusqu’à fin octobre 2012, il ressort que ce sont les entreprises privées qui sont les premiers débiteurs du système bancaire. Sur un total de 700 milliards de DH de créances détenues par les banques, ces entités bénéficient de concours qui dépassent les 333 milliards de DH, soit une part de près de 47%. Le plus gros des crédits captés par les entreprises privées, environ 150 milliards, est évidemment constitué de financements pour le fonctionnement telles que les facilités de caisse, les découverts et les crédits de trésorerie… Des lignes dont la part s’est d’autant plus développée ces derniers mois que les entreprises ont vu leurs besoins de financement de l’exploitation se creuser.
Le deuxième consommateur de crédits bancaires est constitué par la population des particuliers et des MRE qui accaparent plus de 194 milliards de DH de l’encours des crédits (28% du total) répartis principalement entre 135 milliards pour les crédits à l’habitat et 40 milliards de crédits à la consommation.
A ces deux importants consommateurs de crédit s’ajoutent les encours de prêts accordés aux sociétés financières, catégorie dans laquelle on retrouve les compagnies d’assurance, les sociétés de crédit à la consommation, les associations de microcrédit, les organismes de retraites, la Caisse de dépôt et de gestion, entre autres exemples. A fin octobre dernier, ces organismes sont endettés auprès des banques pour près de 84 milliards de DH, soit 12% des crédits accordés au total.
A la quatrième place, on retrouve les professions libérales, les commerçants ou encore les artisans (tous regroupés sous l’appellation entrepreneurs individuels) dont l’encours des crédits à fin octobre 2012 a atteint 46 milliards de DH (7% du total) constitués principalement de crédits à la promotion immobilière pour 25,2 milliards.
Les crédits captés par le secteur public arrivent juste après avec un total de 42 milliards de DH de financements pour les offices, les entreprises publiques et les collectivités locales, ce qui représente 6% des concours distribués par les banques.
La moitié des dépôts des ménages est non rémunérée
Mais si les entreprises privées sont la première destination des crédits bancaires, en matière d’origine des ressources du système l’ordre est tout autre. Ainsi, les particuliers et les MRE sont, et de loin, les premiers pourvoyeurs de ressources définies comme les dépôts rémunérés et non rémunérés ainsi que ceux en devises.
Les ménages apportent un total de 473 milliards de DH (pour 194 milliards de DH de crédit). Ces fonds représentent près de 72% des ressources du système bancaire et plus de la moitié est placée sans contrepartie. Sur les 473 milliards de DH provenant des particuliers, ce sont, en effet, 272 milliards qui dorment dans des dépôts à vue, non rémunérés alors que 90 milliards seulement vont à des comptes à terme et bons de caisse et, enfin, 108 milliards sont inscrits au titre des livrets d’épargne. Les entreprises privées arrivent loin derrière avec des ressources qui ne dépassent pas 100 milliards de DH, soit tout juste 15% du total des ressources des banques.
Ce faisant, les entreprises du privé ne confient au système bancaire que 29% de ce qu’elles empruntent. Et encore, 72 milliards de DH seulement sont placés en dépôts à vue, alors que 29 milliards sont fructifiés dans des comptes à terme. Les sociétés financières, les entrepreneurs individuels et le secteur public s’ajoutent au tout avec des contributions individuelles entre 20 et 30 milliards des dépôts, soit une part autour de 5% dans les ressources des banques pour chacun de ces acteurs. A préciser dans le lot que les sociétés financières sont de loin le premier pourvoyeur de dépôts en devises, tous types d’acteurs confondus.
Au final, la clientèle des entreprises puise dans le secteur bancaire l’équivalent de 3,5 fois les ressources qu’elle apporte tandis que le rapport est inverse pour les particuliers. Ce déséquilibre reste néanmoins très relatif car l’on ne peut pas dire que les dépôts servent directement à octroyer des crédits. Les choses sont en effet plus complexes que cela, surtout lorsqu’on sait que les crédits octroyés par les banques sont d’abord déposés dans des comptes, ce qui revient à dire que contrairement à ce que l’on pense, ce sont les concours accordés qui alimentent les ressources des banques…