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Banques : 9 milliards de DH de profits tirés de l’Afrique depuis 2010

Les implantations transfrontalières ont généré 30% du PNB et 22% du bénéfice 2016 d’Attijariwafa bank, la Banque Populaire et BMCE Bank Of Africa. L’importance des flux remontés permet de plus en plus aux établissements de désolidariser leurs réalisations de la conjoncture nationale.

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L’activité des trois grandes banques de la place en Afrique ne cesse de prendre de l’envergure au fil des années, et les réalisations de l’exercice 2016 montrent que la tendance se poursuit. Attijariwafa bank, Banque Populaire et BMCE Bank of Africa ont drainé à travers leurs implantations transfrontalières sur le continent un produit net bancaire (PNB) de 14 milliards de DH, soit près de 30% du total engrangé sur l’année. Elles ont aussi remonté plus de 2 milliards de DH de profits de ces filiales, soit 22% du résultat net part du groupe (RNPG) récolté au total. Les établissements ne s’en cachent plus : les retombées des implantations africaines, au vu de leur importance, leur permettent aujourd’hui de désolidariser leurs réalisations de la conjoncture nationale. Alors que celle-ci est restée morose l’année dernière, les trois banques actives sur le continent ont réalisé des croissances bénéficiaires d’au moins 4%.      

Et dire que si l’on remonte à un peu moins d’une dizaine d’années, les profits tirés de la présence des banques en Afrique dépassaient difficilement la barre des 60 MDH, soit même pas 2% leurs bénéfices. Mais depuis 2010, les filiales africaines ont généré pour les banques près de 9 milliards de DH de bénéfices.

Cap sur l’Afrique anglophone et lusophone

Et pourtant, tout porte à croire que le plus gros reste à venir tant la soif de conquête sur le continent reste forte chez les trois banques de tête. Déjà aux commandes d’une cinquantaine de filiales africaines qui coiffent un réseau de plus de 1 350 agences, selon les statistiques de Bank Al-Maghrib, elles s’apprêtent toutes à réaliser sur les prochains mois des opérations qui devraient porter leur présence sur le continent à une autre échelle. A commencer par Attijariwafa bank qui a remonté l’année dernière vers sa filiale de tête, Attijariwafa bank Maroc, près de 4,6 milliards de dividendes exceptionnels pour se donner les moyens de ses ambitions en matière de développement à l’international. Le groupe devrait dans peu de temps ficeler l’acquisition de la filiale égyptienne de la banque anglaise Barclays. Avec un effectif de 1 500 employés, un réseau de 56 agences, plus de 660 MDH de profit net et un total bilan de 22 milliards de DH, cette nouvelle prise est appelée à devenir la plus grande filiale du champion national à l’étranger. Selon les anticipations conservatrices de la banque, cette participation rapportera au groupe au moins 450 MDH de bénéfices dès 2017, étant à rappeler qu’Attijariwafa bank a généré sur l’année dernière près du quart de son RNPG, soit 1,1 milliard de DH, en Afrique. Dans l’immédiat, le fleuron national a aussi dans le pipe une opération de prise de participation majoritaire dans le capital de la Cogebanque au Rwanda. Et ce n’est là que le début d’un plan d’expansion vers l’Afrique anglophone et lusophone, insiste-t-on auprès de la filiale de SNI.

La Banque Populaire déroule une véritable stratégie africaine depuis 2012. Après avoir parfait sa couverture des pays d’Afrique de l’Ouest, avec une récente ouverture d’une succursale en Guinée-Bissau, elle est soucieuse aujourd’hui de boucler la boucle en investissant deux pays de la région qui manquent encore à son tableau de chasse : le Ghana et le Nigéria. Le groupe a aussi déjà le regard tourné vers l’Afrique de l’Est. A noter en outre que la Banque Populaire, qui a réalisé 16% de son PNB et 10% de son RNPG de 2016 en Afrique, s’est considérablement renforcé dans le capital de la holding Atlantic Business International, qui porte son effort de développement sur le continent. Sa participation dans cette entité détenue avec l’ivoirien Banque Atlantique a dépassé ces derniers mois 80% avant de redescendre en dessous de 70% pour ouvrir le tour de table à un nouvel entrant (le capital-investisseur Development Partners International).

Pour sa part, BMCE Bank of Africa, dont les réalisations en Afrique ont eu plus d’impact encore que pour les autres groupes (près de la moitié du PNB et le tiers du RNPG proviennent des implantations africaines), a des vues sur les pays d’Afrique de l’Est qui complèteront sa couverture de 17 pays à travers 19 filiales.

[tabs][tab title = »Montée considérable du risque d’impayés en Afrique« ]Même si la question est peu évoquée, le dynamisme des banques nationales en Afrique a pour corollaire une immanquable montée de leurs risques liés aux créances en souffrance. Celles-ci représentaient déjà en 2013 un encours de 10,4 milliards de DH, correspondant à un taux de risque de 10,6%, selon les données consolidées par Bank Al-Maghrib (BAM). Sachant que le taux de couverture par des provisions de ces créances à risque était de 63% à l’époque, cela amputait déjà les profits réalisés à l’étranger de plus de 6,5 milliards de DH. Avec la montée en régime de l’activité, le portefeuille compromis a crû ensuite à 12,3 milliards de DH en 2015, portant les montants immobilisés au titre des provisions à 8,5 milliards de DH pour assurer un taux de couverture passé entretemps à 69%. Cela fait que la croissance du RNPG des filiales africaines est restée la plupart du temps plus faible que la hausse du PNB sur les dernières années. Les choses ne se sont visiblement pas arrangées en 2016 durant laquelle le continent a connu un taux de croissance historiquement faible. Pour dire, l’évolution de la situation a par exemple poussé BMCE Bank of Africa à mettre à plat tous ses process en matière de recouvrement au niveau de ses implantations africaines. L’on se doute bien que BAM accorde une attention particulière à ces questions. Sur les dernières années, l’institution a accordé une attention croissante à la surveillance des activités bancaires transfrontalières, explique-t-on. Dans ce sillage, depuis 2014, la Banque cenrale a formalisé sa politique interne de supervision transfrontalière reposant sur l’autorisation préalable des projets d’implantation à l’étranger, la surveillance et le contrôle, le suivi de la situation d’ensemble des implantations à l’étranger… BAM a même mis depuis 2015 une approche de scoring des implantations des groupes bancaires en Afrique afin de rationaliser sa démarche de suivi et d’orienter ses contrôles sur place.[/tab][/tabs]