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Bank Al-Maghrib maintient son taux directeur inchangé à 2,25%
L’inflation devrait terminer l’année sur une moyenne de 0,7%. Elle devrait s’établir à 1,5% en 2018 et à 1,6% en 2019. La croissance devrait ressortir à 4,1% en 2017, elle ralentirait à 3% en 2018, avant de s’accélérer à 3,6% en 2019.
«Compte tenu des projections d’inflation pour 2017, ainsi que pour les deux années a venir, le conseil a estimé que le niveau actuel du taux directeur de 2,25% reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé», a annoncé Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors d’une conférence de presse organisée, le 19 décembre à Rabat. Celle-ci fait suite à la tenue, le jour même, de la dernière réunion trimestrielle de l’année du conseil de la banque, au cours de laquelle il a analysé les évolutions récentes de la conjoncture économique et les projections macroéconomiques pour les deux prochaines années.
Le conseil de Bank Al-Maghrib a noté que la tendance baissière de l’inflation, observée au cours des premiers mois de l’année, s’est inversée depuis le mois d’août, principalement en raison de l’atténuation du recul des coûts des produits alimentaires à prix volatils. Après 1,6% en 2016, l’inflation devrait terminer l’année sur une moyenne de 0,7%. A moyen terme, elle devrait s’établir à 1,5%, en 2018, et à 1,6%, en 2019.
La croissance, qui s’est établie à 4,2% au deuxième trimestre, portée par une bonne campagne agricole, devrait, quant à elle, ressortir à 4,1% pour l’ensemble de l’année 2017, avec un rebond de 14,7% de la valeur ajoutée agricole (après un recul de 12,8% en 2016) et une amélioration de 2,2% à 2,7% de celle des activités non agricoles. Ces dernières devraient poursuivre leur reprise à moyen terme, leur valeur ajoutée devant s’accroître de 3,4%, en 2018, et de 3,6% en 2019. Sous l’hypothèse de campagnes agricoles moyennes, la croissance globale ralentirait à 3% en 2018, avant de s’accélérer à 3,6% en 2019.
La dynamique des exportations devrait se maintenir à moyen terme
Sur le marché du travail, les données du troisième trimestre montrent une relative amélioration de la situation par rapport au même trimestre de 2016, avec la création de 89000 emplois dont 47 000 dans le secteur agricole et 20 000 dans les services. En parallèle, le marché a connu une entrée nette de 131 000 demandeurs d’emploi, avec toutefois une nouvelle baisse du taux d’activité de 0,3 point à 45,5%. En conséquence, le taux de chômage s’est légèrement accru de 10,4% à 10,6%, au niveau national, et de 14,5% à 14,9% en milieu urbain.
Pour ce qui est des finances publiques, l’exécution budgétaire des dix premiers mois de l’année s’est soldée par un déficit en allègement de 5,1 milliards de DH, par rapport à la même période de 2016, à 30,4 milliards de DH. Les recettes ont augmenté de 4,1%, avec notamment une hausse importante de 13,7% pour l’IS, tandis que la progression des dépenses s’est limitée à 2,2%, en dépit d’un accroissement de 31,1% de la charge de compensation.
Tenant compte de ces évolutions, le déficit budgétaire devrait se situer, au terme de 2017, à 3,5% du PIB. Pour les deux prochaines années, il devrait se situer autour de 3%.
Sur le plan des comptes extérieurs, les données relatives aux onze premiers mois de l’année indiquent une nette accélération de la progression des exportations à 9,4%, avec des accroissements importants pour les ventes de phosphates et dérivés, ainsi que des produits agricoles et agroalimentaires. En parallèle, les importations ont connu un accroissement de 6,7%, reflétant une augmentation de 28,6% de la facture énergétique. Pour leur part, les recettes de voyages et les transferts des MRE se sont accrus respectivement de 6,5% et 3%.
Les réserves de changes se stabiliseraient à 5 mois et demi d’importations en 2018 et 2019
Tenant compte d’une entrée de dons du CCG autour de 8 milliards de DH, le déficit du compte courant devrait terminer l’année à 3,6% du PIB, au lieu de 4,4%, en 2016, et les réserves de change avoisineraient les 239 milliards de DH, soit l’équivalent de 5 mois et 24 jours d’importations. A moyen terme, la dynamique des exportations devrait se maintenir et le rythme des importations rester proche de son niveau actuel.
Sous l’hypothèse d’entrées de dons du Conseil de coopération du Golfe (CCG) de 7 milliards de DH, en 2018, et de 2,5 milliards de DH, en 2019, le déficit du compte courant se maintiendrait à 3,6% du PIB, pour l’année 2018, avant de s’atténuer à 3,3% en 2019. Dans ces conditions, et sous l’hypothèse de la poursuite d’entrées d’IDE d’un montant annuel équivalent à 3,5% du PIB, l’encours des réserves de change se stabiliserait, en 2018 et 2019, à un niveau équivalent à 5 mois et demi d’importations de biens et services.
Pour ce qui est des conditions monétaires, après une baisse de 22 points de base au deuxième trimestre, les taux débiteurs ont augmenté de 34 points au troisième trimestre à 5,6%, reflétant une hausse des taux assortissant les facilités de trésorerie aux entreprises.
En ce qui concerne la flexibilité du régime de change, le wali de Bank Al-Maghrib a réaffirmé que «toutes les conditions sont réunies pour assurer le passage à un tel régime, mais la décision finale est politique et elle est du ressort du gouvernement».