Affaires
Bank Al Maghrib critique le projet de loi sur la protection des consommateurs
Le chapitre relatif aux crédits immobiliers et crédits à la consommation pose problème.
L’institut d’émission conteste la limitation des frais de dossier de crédit à 1 000 DH.
Le Taux effectif global est réduit à un simple élément d’information dans le projet.

Actuellement en négociation au Parlement, le projet de loi relatif à la protection des consommateurs comporte plusieurs zones d’ombre. Ce constat est à mettre au compte des experts de la direction de la supervision bancaire de Bank Al Maghrib, qui se sont penchés sur le projet de loi 31-08 portant Code de la protection du consommateur. Dans leur critique, les juristes de BAM mettent en avant les contradictions du projet avec un texte déjà en vigueur : la loi bancaire.
Signalons que les réserves de BAM se limitent au chapitre du crédit (immobilier et à la consommation) du projet. Le premier exemple cité est celui de l’article 69 qui limite le champ d’application du futur code à tout «crédit à la consommation défini comme toute opération de crédit, ainsi que son cautionnement éventuel, consentie à titre onéreux ou gratuit par un prêteur ou un emprunteur». Pour les juristes de BAM, cette disposition «semble ignorer que l’opération de crédit est définie par les dispositions de l’article 3 de la loi bancaire et que le cautionnement est lui-même une opération de crédit».
Les frais d’étude du dossier de crédit sont également pointés du doigt. Ainsi, l’article 118 du projet de code les fixe à 1 000 DH au maximum. Une limite qui ne plaît guère au régulateur du marché bancaire dont les experts affirment que le montant de 1 000 DH ne peut être appliqué invariablement quel que soit le montant du prêt.
Pour illustrer ses propos, la banque centrale cite les frais prélevés actuellement par certaines banques. Ainsi, Attijariwafa bank facture 0,3% du montant du crédit avec un maximum de 4 000 DH, la Société générale prend, quant à elle, 0,60% du montant avec un minimum de 800 DH alors que la BCP a choisi un montant fixe de 500 DH pour chaque dossier.
Le contrat de vente est juridiquement indépendant du contrat de crédit
Le Taux effectif global (TEG) a également été critiqué dans le cadre de l’analyse en question. «Le TEG est défini avec précision dans la circulaire n°9/G/2006», notent les experts de BAM. Or, font-ils remarquer en substance, le projet de loi 27-00 donne une définition assez superficielle du TEG dans l’article 137. «Les deux définitions sont divergentes et la réglementation bancaire, notamment la circulaire citée plus haut, stipule que le TEG ne doit, à aucun moment de la durée du prêt, dépasser le taux maximum des intérêts conventionnels en vigueur au moment de la signature du contrat. Le projet de code sur la protection du consommateur érige, quant à lui, le TEG en simple élément d’information», explique-t-on. De son côté, l’article 91 évoque les cas de contestation sur l’exécution du contrat principal de vente d’un bien ou de prestation de service. «Auquel cas le tribunal compétent pourra, jusqu’à la solution du litige, suspendre l’exécution du contrat de crédit. D’ailleurs, ce dernier est résolu ou annulé de plein droit lorsque le contrat principal est lui-même judiciairement résolu ou annulé». Cette disposition dérange au plus haut point le secteur bancaire qui ne veut pas soumettre le contrat de crédit aux relations, souvent conflictuelles, entre l’acheteur et le vendeur. En effet, les juristes de BAM expliquent dans leur analyse que «le contrat de vente est juridiquement indépendant du contrat de crédit et l’établissement de crédit ne peut pas, par exemple, garantir un vice caché de la part du vendeur».
