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Affaires

BAD : 20 projets totalisant 27 milliards de DH de prêts en cours d’exécution au Maroc

Le Maroc est le premier client de l’institution africaine. Les énergies, les transports et l’eau et assainissement concentrent plus de 80% des financements.

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Nizar Baraka BAD 2013 05 13

La Banque africaine de développement (BAD) voit grand pour le continent. Ses ambitions sont précisées dans sa stratégie 2013-2022 pour «la transformation structurelle de l’Afrique» dont le contenu a été rendu public il y a quelques jours. C’est d’ailleurs sur le même thème qu’elle tiendra, du 27 au 31 mai à Marrakech, ses assemblées annuelles. En réalité, la BAD est engagée sur ce front depuis très longtemps. Preuve en est les multitudes de projets qu’elle finance dans les 54 pays du continent. Le Maroc est incontestablement le premier client de la banque, qui gère également le Fonds africain de développement (FAD) dont l’objectif est de réduire la pauvreté par l’octroi de dons et de prêts à des taux concessionnels, et le Fonds spécial du Nigéria (FSN), également destiné à des pays à faible revenu. C’est justement pour donner une illustration de la taille et de l’intérêt des projets financés dans le Royaume que l’institution a organisé, les 2 et 3 mai, une visite dans différents sites, entre autres le parc éolien de Tanger, la troisième voie de chemin de fer Casablanca-Marrakech et des projets agricoles et d’élevage à Larache.

Au 15 avril, le portefeuille des opérations en cours d’exécution totalise 2,4 milliards d’euros ou 27 milliards de DH. La ventilation sectorielle des financements accordés témoigne de la prépondérance des secteurs de l’énergie, des transports et de l’eau et assainissement qui concentrent plus de 80% du montant constitué essentiellement de prêts.

Deux prêts totalisant 268 millions d’euros (3 milliards de DH) ont été accordés pour la réalisation de la centrale solaire de Ouarzazate. Le programme de développement du réseau transport et répartition de l’électricité bénéficie de 110 millions d’euros (1,2 milliard de DH), et le projet intégré éolien dans le cadre du Programme d’électrification rurale globale (Perg) de deux prêts totalisant 5 milliards de DH.

Pour sa part, le secteur des transports draine 24,3% des financements approuvés, notamment à travers le financement de la deuxième phase du Programme national des routes rurales (PNRR2), du troisième projet aéroportuaire et le projet d’augmentation de la capacité ferroviaire de l’axe Tanger-Marrakech. Ces projets ont totalisé des prêts de l’ordre de 6,4 milliards de DH étalés entre septembre 2007 et décembre 2016.

S’agissant de l’eau et assainissement (21,3% des montants approuvés), l’enveloppe s’élève à environ 5,6 milliards de DH, constituée essentiellement par les projets Alimentation en eau potable et assainissement (AEPA) de Rabat-Casablanca et Marrakech ainsi que du projet de la recharge artificielle de la nappe du Haouz.

Par ailleurs, la BAD a approuvé des financements multisectoriels qui se montent à environ 1,3 milliard de DH, notamment l’appui au système de garantie à travers les concours accordés à la Caisse centrale de garantie (CCG), le projet de réforme des services publics, et le financement de l’étude sur la croissance et l’emploi. En plus des prêts accordés à l’Office chérifien des phosphates (2,2 milliards de DH) et le Fonds Argan pour le développement des infrastructures.

Le taux de décaissement est de 25% à la mi-avril

Toutefois, à y voir de plus près, sur les 26 milliards de DH de prêts approuvés, les décaissements opérés à ce jour atteignent à peine 6,6 milliards, soit 25% seulement. Bien qu’il s’agisse de programmes parfois s’étalant sur le moyen terme, le taux de décaissements cumulés pour la majorité des opérations en cours d’exécution est en net décrochage avec le taux projeté par l’institution elle-même à fin 2012. De plus, il existe plusieurs projets approuvés en 2007, et dont la clôture est prévue pour la fin de l’année en cours, et donc censés être à un stade très avancé.

Pour les transports, la BAD projetait de décaisser plus que la moitié de l’enveloppe approuvée à fin 2012, mais les montants effectivement mis à la disposition des organismes ayant bénéficié des prêts ont dépassé à peine 10% à la mi-avril 2013. En cause, une enveloppe de 240 millions d’euros dédiées aux aéroports depuis 2009, qui n’est presque pas touchée.

Le secteur agricole affiche un taux de décaissement réel de 44% seulement alors que le taux projeté se situe à 85% de l’enveloppe approuvée. Mais avec l’accélération de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert, le rythme devrait être plus soutenu. Les décaissements dans le cadre des projets AEPA n’ont pas, non plus, dépassé 22% des prêts accordés alors que la projection tablait sur 35% en 2012. Pour sa part, le secteur des énergies, dont le taux de décaissement est de 4%, ne peut servir de référence vu que les protocoles de quatre projets sur les cinq approuvés ont été signés en novembre et décembre 2012.

Ceci étant, force est de constater que les concours multisecteurs de la banque, notamment ceux en faveur de la CCG et ceux pour la réforme des services publics ainsi que les prêts adressés au privé, sont effectivement décaissés en entier. Le taux de décaissement effectif le plus bas est d’environ 95%, carrément à l’opposé des programmes faisant participer des organismes publics où le taux le plus haut se situe à 45%.