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«Pousser le processus jusqu’au bout est une erreur grave»

Driss Benali Président de l’association Alternatives
Globalement, la privatisation a été entachée d’irrégularités et d’incohérences. Pousser le processus jusqu’à  privatiser des entreprises comme l’OCP est une erreur grave. Il faut tenir compte des enjeux sur le plan international. L’Arabie Saoudite qui est en passe de devenir un grand producteur de phosphate aimerait bien que l’OCP soit privatisé pour le contrôler et par son biais maà®triser le marché international des phosphates. Les recettes du ministère des Finances ne sont pas valables partout. Pour le cas de l’OCP, il faut tenir compte des conséquences sociales d’une éventuelle privatisation. Prenons aussi l’ONE. Si une grande partie de la production électrique est produite par des concessionnaires privés, cet office joue un grand rôle dans l’électrification rurale. Il ne faut pas occulter le service public.
Le processus de privatisation a ses limites. Tous les secteurs de services publics doivent être exclus, particulièrement dans notre cas. Nous sommes un pays en voie de développement et l’Etat a besoin d’un certain nombre de leviers pour agir
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«Le plus important est de créer les conditions d’une croissance forte»

Abdelali Benamour Economiste
Le processus a connu deux phases. La première, de 1993 à  1998, a été marquée, c’est le moins qu’on puisse dire, par un manque de professionnalisme. Le Maroc n’avait pas encore suffisamment d’expérience en la matière. A partir de l’expérience de Maroc Telecom et de la création de l’ANRT, les choses ont évolué.

Je ne vois pas de limites aux possibilités de privatisation même pour des entreprises relevant d’un secteur stratégique. Tout est dans la logique et le contrat d’accompagnement de la privatisation. L’Etat peut rester actionnaire minoritaire, par exemple. Aujourd’hui, le problème est tout autre. Le plus important est de créer les conditions d’une croissance forte. Pour l’ONE ou l’OCP, les dés sont jetés. Le monde se privatise. Il faut se positionner par rapport au monde de demain. S’il y a une ouverture sur de grands groupes mondiaux qui peuvent booster le secteur, alors pourquoi pas, tout en gardant une présence de l’Etat dans le tour de table. L’essentiel est de monter un modèle économique viable dans le cadre d’une vision économique.

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«Privatiser, mais garder un pied dans les secteurs sensibles»

Larabi Jaà¯di Economiste, président de la Fondation Abderrahim Bouabid
En principe tout peut être privatisé, mais la nuance est dans le degré de privatisation. On peut privatiser partiellement une entreprise publique, ouvrir le capital mais garder un minimum de pouvoir quand il s’agit de secteurs stratégiques. Donc, avant de savoir s’il faut ou non privatiser, il faut d’abord définir une stratégie pour les secteurs dans lesquels l’Etat joue encore un rôle. Que veut-on en faire ? Depuis le début du processus de privatisation, l’approche a le plus souvent été dictée par des considérations budgétaires. Contrairement à  ce que pensent beaucoup de gens, privatiser le rail est une option tout à  fait envisageable, le secteur n’est pas aussi sensible qu’il le paraà®t et le pays est bien irrigué aujourd’hui en infrastructures de transport. En revanche, céder totalement les parts dans la RAM est plus risqué, car on ne peut laisser à  la seule merci du secteur privé la connexion entre le Maroc et les autres pays. Concernant l’énergie électrique, l’expérience a démontré que l’on peut en concéder aussi bien la production que la distribution, le tout est de bien ficeler les cahiers des charges pour continuer à  répondre aux besoins d’équipement du pays.
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«Nous avons besoin d’un Etat régulateur et stratège»

Najib Akesbi Enseignant chercheur
Le premier constat est qu’on a d’abord privatisé les entreprises qui marchent. Les entreprises à  problèmes sont toujours là . On a privatisé d’abord pour sauver le Budget de l’Etat qui avait le couteau sous la gorge. Il a donc soldé et bradé son patrimoine parfois en trompant l’opinion publique. Sur le même registre, si nous étions dans un pays qui se respecte, n’importe quel juge d’instruction aurait dû ouvrir une information après la privatisation de la Samir. Dix ans après, le secteur énergétique demeure paralysé car cette entreprise n’a pas respecté son cahier des charges.
Aujourd’hui, plus personne ne parle de l’Etat interventionniste, mais on évoque tous l’Etat régulateur et stratège. C’est-à -dire que, pour s’acquitter de sa fonction de régulateur, il faut qu’il garde des outils qui lui permettront, le cas échéant, de mener des interventions directes.
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«Tout est question de doctrine, de rythme de la libéralisation et de culture du marché»

Nezha Lahrichi Economiste et PDG de la Société marocaine d’assurance à  l’export (SMAEX)
L’évaluation du processus n’a pas été faite alors que chaque opération de privatisation se caractérise par l’établissement d’un cahier des charges. Ces derniers ont-ils été respectés ? Comment assurer le suivi des opérations de privatisation ? Les cas d’Icoz, de Cofitex ou encore de la Samir sont significatifs à  cet égard. Maintenant, quelles sont les limites de la privatisation ? Tout dépend de la doctrine, du rythme de la libéralisation qu’elle implique et de la culture du marché. Initialement, seules les entreprises publiques du secteur concurrentiel devaient être privatisées partiellement ou totalement ; la deuxième étape a concerné les activités de réseaux qualifiées de «services publics», comme les télécommunications, le transport aérien et bientôt l’énergie électrique… motivée plus par un choix politique que par la recherche

de la maximisation du bien-être du consommateur. Mais la pratique d’une politique de vérité des prix finit par profiter à  terme aux utilisateurs.
Ailleurs, le processus de privatisation touche une troisième catégorie, celle des activités considérées comme des «monopoles naturels», comme les aéroports.