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Affaires

Autoroutes du Maroc sollicite la garantie de l’Etat pour emprunter 6,5 milliards DH

Un emprunt obligataire est prévu entre 2009 et 2010 pour financer les projets.
Le résultat net pour 2008 est de -465 MDH contre – 24 MDH en 2007.

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rub 13369

Après avoir fait deux sorties sur le marché obligataire en 2008, la société des Autoroutes du Maroc (ADM) compte revenir en force sur ce compartiment du marché financier d’ici à fin 2010. En effet, La Vie éco a appris que la société, dont 59,6% du capital sont détenus par le Fonds Hassan II, a soumis au ministère des finances une demande pour la publication d’un décret lui accordant la garantie par l’Etat pour des emprunts obligataires qu’elle compte émettre au titre de la période 2009/2010 et portant sur 6,5 milliards de DH.
Cette levée en plusieurs temps fait partie d’un plan d’émission global totalisant plus de 18 milliards de DH et devant permettre à ADM d’assurer un certain équilibre financier dans le sillage des besoins de financement des investissements inhérents au nouveau contrat-programme 2008-2015 signé avec l’Etat, le 12 juillet 2008. Ce contrat qui modifie et remplace celui de 2004-2008 porte sur un maillage autoroutier additionnel de 384 km qui viendront s’ajouter au réseau de 915 km actuellement en service et les 500 km prévus d’ici à 2010 entre les autoroutes Marrakech – Agadir et Fès – Oujda. Ce réseau additionnel est réparti entre l’autoroute de contournement de Rabat (41 km), l’autoroute Berrechid – Béni Mellal (172 km), l’autoroute Casablanca – Berrechid par Tit Mellil (30,5 km) et El Jadida – Safi (140 km).
Rappelons qu’au cours du deuxième semestre 2008, ADM avait déjà procédé à deux émissions obligataires à long terme garanties par l’Etat. La première en juillet 2008 et portant sur 500 MDH, quant à celle de décembre 2008, elle a permis à la société de lever 600 MDH. Outre la diversification des sources de financement, ADM cherche à travers l’outil obligataire à rompre sa dépendance vis-à-vis des prêteurs étrangers, laquelle pèse de surcroît par le risque de changes qu’elle induit.
Aussi, la dette obligataire qui ne représentait à fin 2008 que 11% (1,54 milliard de DH) de l’endettement financier global majoritairement constitué de dettes bancaires, devrait-elle monter en puissance pour incarner l’essentiel du financement permanent au cours des prochaines années.
Toutefois, au-delà de la structure de son endettement, ADM souffre toujours du poids de celui-ci avec un service de la dette qui a consommé au titre de l’exercice 2008 près d’un milliard de DH, soit plus que l’excèdent brut d’exploitation qui n’a été que de 751 MDH. Autrement dit, ADM ne fait face à ses créanciers (intérêts et remboursement) qu’en ayant recours aux actionnaires ou en s’endettant à nouveau. D’ailleurs, avec un résultat financier négatif de 623 MDH, et malgré l’amélioration louable du chiffre d’affaires de 16% à 1,21 milliard de DH, le résultat net 2008 n’a pas manqué de faire un plongeon inédit à
-464,8  MDH contre 23,9 MDH un an auparavant. Il faut dire que l’accélération du rythme de construction de nouveaux tronçons au cours de 2008 a généré fatalement des charges importantes sans revenus correspondants (la durée de construction d’une autoroute s’étale sur plus de trois ans parfois avant son ouverture au trafic).
Avec la montée annoncée de la dette obligataire, le management et l’Etat actionnaire sont appelés à trouver la martingale suivante : comment maintenir un ratio fonds propres / dette nette confortable à même de faire plus confortablement des sorties sur le marché obligataire, sachant que le service de la dette a déjà atteint un niveau qui rend les pertes au cours des années à venir quasi imparable.