Affaires
Automobile : les ventes vont dépasser les 155 000 unités en 2016 !
Plus de 25% de hausse à fin novembre. • La croissance est expliquée par des facteurs économiques structurels. Les concessionnaires s’attendent au maintien d’un rythme de progression élevé en 2017 et 2018.

L’année 2016 restera à coup sûr dans les annales du secteur automobile. Le record des ventes atteint en 2012 (130000 unités) a été pulvérisé à un mois de la fin de l’exercice (plus de 143 000 unités) et le marché est bien parti pour franchir la barre des 155 000 nouvelles immatriculations. A fin novembre, les ventes affichaient déjà une hausse de plus de 25% (30 000 ventes de plus qu’à fin novembre 2015). La quasi-totalité des acteurs du marché ont vu leurs réalisations s’apprécier. Les généralistes au même titre que les enseignes du premium affichent des croissances allant de 20 à 80%. «Au vu de la dynamique du marché, le mois de décembre sera sûrement meilleur que celui de l’année dernière», avance Adil Bennani, président de l’Association marocaine des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM). Plusieurs directions commerciales des concessions de la place rapportent que les flux de visiteurs ont été plus importants que la normale au cours de ce mois avec des taux de concrétisation compris entre 50 et 75%. Un directeur développement soutient qu’en général, le mois de décembre concentre une partie non négligeable des ventes étant donné les remises accordées et l’effort des forces de ventes pour atteindre les objectifs annuels. Ceci fait dire aux professionnels que le marché n’aura aucun mal à placer 10 000 à 12 000 unités additionnelles, sachant que la moyenne mensuelle dépasse, cette année, les 12 500 unités.
L’opération de renouvellement des taxis
a contribué à la croissance
Il faut dire que même si les concessionnaires se sont montrés moins agressifs qu’en 2015 côté remises (étant donné qu’une bonne partie a consommé le potentiel de réductions lors de l’Auto Expo), les offres restent alléchantes dans l’absolu. En même temps, le segment des citadines, surtout dans sa partie économique, est très bien orienté, portant l’ensemble du marché. Preuve en est, Dacia et Renault accaparent, sans surprise, plus de 37% des parts de marché à fin novembre.
Selon plusieurs concessionnaires et spécialistes, la campagne de renouvellement du parc des taxis a certainement dopé les transactions. Elle aura généré entre 7 et 8 points de croissance des ventes. Mais l’activité a crû de plus de 25% et est, de ce fait, portée par d’autres facteurs qui font de l’embellie une tendance de fond, qui a tout pour durer, selon l’analyse de M. Bennani. Confortant les propos du président de l’AIVAM, les concessionnaires sont unanimes à rapporter que la croissance est partie pour s’installer durablement. Elle émane à la fois du nouvel équipement et du renouvellement du parc. Ils évoquent, chacun de son côté, le faible taux d’équipement de la population, le besoin de mobilité, l’amélioration continue du revenu par habitant, ainsi que les offres de plus en plus abordables du marché. Dans le même registre, le DG de Toyota Maroc préfère expliquer la tendance par des «facteurs économiques structurels» sans les détailler. Il annonce qu’une étude menée par l’Observatoire de l’automobile est fin prête. Elle va jeter la lumière sur la dynamique du marché et l’évolution des habitudes de consommation sur les dernières années. «Les conclusions qui vont expliquer exactement les raisons de la bonne orientation des ventes seront divulguées début de 2017», informe M. Bennani.
27% des foyers possèdent un véhicule contre 80% en Europe
En attendant, force est de constater que les professionnels n’avaient pas tort quand ils insistaient, il y a quelques années, sur le potentiel du marché, porteur à leur avis, même s’il a dû traverser plusieurs passages à vide depuis 2010. Une étude commanditée au cabinet The Nielsen Company apparue en 2013 (réalisée en 2012 auprès de 2 500 personnes dans 15 régions) a souligné que le faible taux d’équipement des foyers marocains en automobile (6 à 7 pour 1000) laisse apparaître un grand potentiel pour les années à venir. En effet, seuls 27% des foyers marocains possédaient un véhicule à cette date contre 80% en Europe. Autre fait marquant, l’étude a révélé que 3 Marocains sur 10 avaient l’intention d’acheter leur première voiture au cours des 2 à 3 années suivant l’étude (2014, 2015 et 2016). Pour les professionnels, le manque de moyens financiers reste le principal frein à la croissance du parc automobile marocain, particulièrement chez les jeunes. Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le prix n’est pas le premier critère de sélection lors de l’achat d’une voiture. Pour 85% des personnes interrogées par les équipes de The Nielsen Company, c’est la marque qui prime. Viennent ensuite la motorisation, le prix de vente et enfin la consommation du véhicule. Avec cette configuration de la demande, la majorité des concessionnaires confortés par l’AIVAM estiment que le marché sera en croissance soutenue en 2017 et 2018. La dynamique concernera à la fois le nouvel équipement (au vu du faible taux d’équipement de la population) et le renouvellement (le parc neuf a une moyenne d’âge de trois à quatre ans avec environ 100 000 kilomètres parcourus).
Pour ces opérateurs, les conditions qui ont prévalu cette année et qui ont porté la performance du marché seront les mêmes. «Peut être que les immatriculations émanant du renouvellement du parc des taxis vont décélérer à mesure que les disponibilités du fonds de renouvellement s’amenuisent, mais cette donne n’est pas d’actualité sur le court terme et ne va pas conditionner le marché dans sa globalité», explique M.Bennani.
