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Affaires

Augmentation des prix de la traversée du détroit : les armateurs persistent et signent

Ils estiment que la hausse de leurs charges justifie la mesure.

Les sociétés de transport de voyageurs dans l’incapacité de répercuter l’augmentation sur leurs clients.

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La décision des armateurs, intervenue fin juin, d’augmenter les tarifs de la traversée pour les véhicules et les passagers entre Tanger et Algesiras, n’a pas fini de faire des remous. Au point que le ministère du Transport a pris l’initiative de réunir les deux parties pour essayer de trouver un compromis. Ainsi, une dizaine de sociétés de transport de voyageurs se sont retrouvées à  la même table avec les trois principales compagnies maritimes nationales qui assurent la traversée, en l’occurrence Limadet, filiale de la Comanav, IMTC et Comarit. La réunion n’a pas abouti à  des décisions concrètes, mais «les deux parties ont pu dégager des pistes de collaboration», fait remarquer diplomatiquement Mohamed Merghaoui, secrétaire général du ministère du Transport, qui a présidé ladite réunion.

Les armateurs ont justifié l’augmentation de leurs tarifs par des charges en hausse, principalement la flambée du prix du pétrole. Et, ce que l’on ne savait pas, depuis l’entrée en vigueur du nouveau code international de sûreté pour les installations portuaires et des bateaux, dit ISPS, en juillet 2004, les armateurs ont engagé de gros investissements pour pouvoir continuer à  fréquenter les ports européens. A noter que le nouveau code a notamment rendu obligatoire l’équipement en matériel électronique pour assurer la sécurité dans les ports et à  bord des bateaux.

Les sociétés d’autocars minées par le bradage des prix
Les compagnies maritimes ont aussi été obligées de faire appel à  des sociétés de sécurité car, outre les problèmes sécuritaires, elles sont confrontées à  la lutte contre l’immigration clandestine.

En plus de leurs propres investissements, elles ont dû également faire face à  l’augmentation des frais portuaires puisque l’ODEP a aussi engagé des investissements pour assurer la sécurité et le contrôle dans les ports, notamment par l’acquisition des fameux scanneurs tant réclamés par les transporteurs (TIR) pour lutter contre le trafic de drogue, et réduire les délais de passage à  la frontière. S’y ajoutent les frais que les armateurs payent aux autorités portuaires espagnoles, soit l’équivalent de 50 DH par passager…

Quant aux transporteurs de voyageurs, ils mettent aussi en avant la hausse du prix du carburant, mais surtout la concurrence accrue des compagnies aériennes qui ont multiplié les vols point à  point entre les villes marocaines et européennes, et dont les tarifs sur certaines destinations sont quasi équivalents à  ceux d’un voyage en autocar. Pour ne rien arranger, la concurrence entre les sociétés de transport par route, au lieu de se faire sur la qualité de service, se ramène depuis toujours à  un bradage des prix, particulièrement à  certaines périodes de l’année. Pour tout dire, les transporteurs par autocar accordent à  leurs partenaires des commissions très élevées, allant souvent jusqu’à  20 %. A défaut de pouvoir réajuster le prix du billet, ils ont peut-être là  des pistes pour réduire leurs charges.