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Attijariwafa bank étudie l’ubérisation à la marocaine
Selon Denis Jacquet, fondateur de l’Observatoire de l’ubérisation, il y a urgence de repenser l’utilisation des nouvelles technologies. La transformation digitale causerait la disparition de 45 à 50% des emplois qualifiés.
La Fondation Attijariwafa bank a co-organisé avec le Centre des Jeunes dirigeants d’entreprise du Maroc (CJD Maroc), le 27 avril dernier, la 28e édition de son cycle de conférences «Échanger pour mieux comprendre», sous le thème : «Les défis de l’économie digitale : révolution ou subterfuge? ». Cette rencontre a réuni deux experts : Denis Jacquet, fondateur de l’Observatoire de l’ubérisation (France) et Jamal Belahrach, président de la Fondation Jobs For Africa. La conférence a permis de cerner le concept de l’ubérisation lié à la généralisation des nouvelles technologies, d’analyser l’impact de la transformation digitale sur l’évolution de l’économie et d’identifier les stratégies d’adaptation à cette mutation structurelle.
Au cours de leurs échanges, les deux intervenants sont revenus sur la montée en puissance des nouvelles technologies avec la collecte et la gestion des données (big data) par les géants de l’Internet que sont les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Pour M. Jacquet, «la prise de contrôle sur la vie des populations par les entreprises numériques résulte d’une philosophie d’uniformisation et de prédictibilité des comportements humains». Selon l’expert, cet empire digital mondial favorise une soumission des utilisateurs et commence à disloquer le lien social. «Il y a donc urgence de repenser l’utilisation de ces nouvelles technologies», pense M. Jacquet.
Pour sa part, M. Belahrach a estimé que, faute de stratégie claire et volontariste, la valeur ajoutée qu’est censée générer cette révolution technologique pour le Maroc demeure quasi nulle. «Malheureusement, les dirigeants d’entreprises et l’Etat marocains pèchent par absence d’ambition et de prospective pour anticiper ces mutations». Ceci alors que selon le président de Jobs for Africa, cette transformation causera la disparition de 45 à 50% d’emplois qualifiés.
Pour gérer la transition en douceur, les spécialistes recommandent d’établir une cartographie des emplois qui vont disparaître et proposer les formations nécessaires pour un redéploiement des ressources. Avec une responsabilité pour l’Etat de créer une dynamique permanente et égalitaire à travers l’éducation et la formation.