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Attention ! Les alcootests fonctionnent déjà à Rabat et à Casablanca
Des brigades de contrôle sont de plus en plus visibles sur les artères menant vers la corniche de Casablanca. Une dizaine d’arrestations seraient opérées chaque jour pour des gardes à vue allant jusqu’à 48 heures. La plupart des conducteurs sont condamnés au paiement d’une amende et risquent l’emprisonnement en cas de récidive.

Les fêtards l’auront bien remarqué : les alcootests sont bel et bien opérationnels. C’est du moins le cas dans les grandes villes comme Casablanca et Rabat. Depuis pratiquement un mois, des brigades de la Sûreté nationale en charge de la circulation opèrent des contrôles réguliers du taux d’alcoolémie des automobilistes. Pour rappel, c’est début octobre dernier que le ministre en charge du transport, Najib Boulif, l’avait annoncé. A l’époque, beaucoup d’observateurs avaient qualifié les propos du ministre d’énième effet d’annonce. Cette fois, il semble que c’est la bonne. La Vie éco a en effet pu constater que des contrôles sont effectués quotidiennement dans certaines grandes artères de Casablanca. En fait, comme prévu, le choix des lieux où les brigades sont positionnées n’est pas fortuit. Bien que celles-ci se déplacent régulièrement, elles privilégient les artères menant vers la corniche, endroit réputé pour la multiplicité de ses débits de boissons. Ainsi, les contrôles sont plus fréquents sur les boulevards Moulay Rachid (Val d’Anfa), Ghandi et Zerktouni. D’autres grandes agglomérations comme Rabat et Tanger connaissent le même déploiement, en attendant une généralisation progressive du contrôle dans toutes les villes du Royaume. Pour l’heure, des sources officieuses indiquent que les agents de contrôle sont dotés de 200 ethylotests et d’une cinquantaine d’éthylomètres (voir encadré). Ces chiffres sont bien entendu très inférieurs aux besoins réels, mais de nouvelles acquisitions sont prévues pour les quelques mois à venir.
Les contrevenants risquent 5000 DH à 10000 DH et une peine d’emprisonnement allant de 6 mois à un an
Selon les témoignages recueillis, les brigades en charge du contrôle font preuve d’une rigueur sans pareille dans le traitement des cas positifs. «Les agents ont des consignes pour une application stricte de la procédure, sans aucune complaisance avec les automobilistes contrôlés positifs», confie une source policière. En fait, il semble que les pouvoirs publics sont plus que jamais décidés à faire des alcootests un moyen concret de lutte contre les accidents de la route meurtriers dus à la consommation d’alcool. Or, ceci ne saurait être possible qu’avec une application stricte de la réglementation, particulièrement lors du démarrage du dispositif, contrairement à d’autres infractions moins graves pour lesquelles les automobilistes peuvent parfois bénéficier d’une souplesse de l’agent de contrôle. «Il s’agit aussi de montrer aux automobilistes qui seraient toujours tentés de conduire en état d’ébriété qu’il n’y a plus aucune tolérance», ajoute notre source.
Dans la pratique, un automobiliste contrôlé positif est automatiquement conduit aux postes de police et son véhicule envoyé à la fourrière. Une dizaine de contrevenants sont ainsi quotidiennement embarqués avant leur présentation au procureur général. Vu que les arrestations sont opérées de nuit, la présentation se fait dans un délai compris entre 12 et 36 heures. «Après mon passage devant le procureur, j’ai dû m’acquitter d’une amende de 3 000 DH. Après la signature d’un engagement de ne plus récidiver, j’ai été remis en liberté mais j’ai quand même écopé d’un retrait de permis de conduire pour une période de 15 jours», témoigne un automobiliste contrôlé positif qui a dû passer 34 heures en garde à vue (48 heures selon le PV).
Les sanctions ne sont cependant pas les mêmes pour tous. Selon un agent d’autorité, l’amende n’est pas fixe et dépend de l’interprétation du procureur des circonstances de l’infraction. Mais jusque-là, les pénalités appliquées restent nettement moins sévères que ce qui est prévu dans le code de la route. Ce dernier prévoit en plus d’un retrait de six points du permis, une amende allant de 5 000 DH à 10 000 DH et une peine d’emprisonnement allant de 6 mois à un an pour tout automobiliste contrôlé positif, ou l’une des deux sanctions. Ceci est accompagné par un retrait du permis de conduire pour une durée de 6 mois. En cas de récidive, ces pénalités sont doublées.
Pour l’instant, les pénalités et amendes appliquées semblent plutôt clémentes, les pouvoirs publics voulant sans doute jouer la carte de la sensibilisation pour cette période de démarrage. Cependant, des sources policières prédisent déjà qu’une fois le dispositif rodé et connu de tous, les pénalités pourraient être beaucoup plus sévères.
