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Atlantic Free Zone : une réussite, mais…

Huit industriels sont déjà  implantés, cinq autres vont les suivre d’ici fin 2014. Les opérateurs revendiquent des infrastructures de meilleure qualité. La CDG souligne avoir mis les investisseurs dans de bonnes conditions à  des tarifs compétitifs.

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Atlantic Free Zone 2013 11 25

Cinq nouveaux industriels ont jeté leur dévolu sur la zone industrielle intégrée de Kenitra, Atlantique Free Zone (AFZ). Actuellement, «ils sont en négociations avancées avec la société de promotion espagnole Edonia World», confirme-t-on du côté du Centre régional d’investissement (CRI) de Kénitra. Il s’agit de deux opérateurs espagnols spécialisés respectivement dans le papier-carton et les équipements hydrauliques, deux industriels nationaux opérant dans la plasturgie et les matériaux de construction et un opérateur belge spécialisé dans le traitement industriel du bois. Ces implantations se traduiront par un investissement total de l’ordre de 417 MDH et généreront 415 emplois. Elles portent le taux de remplissage de la zone à 20%. D’environ 6 700 répartis actuellement sur 8 sociétés, le nombre des employés atteindra les 10 800 d’ici fin 2014 et dépassera les 13 800 en 2015.

Avec une panoplie d’avantages et d’exonérations en tous genres, AFZ, dont le développement a été en partie assuré conjointement par le promoteur espagnol Edonia World et MedZ, filiale du groupe CDG, vise à devenir une des premières plateformes industrielles intégrées de dernière génération au Maroc. Ouverte en 2012, elle cible notamment les équipementiers automobiles, les activités connexes, l’export, la logistique industrielle ainsi que les services support à l’industrie.

Toutefois, si cette dernière a réussi à attirer les gros de l’industrie, «ce succès ne durera pas longtemps, si MedZ ne comble pas les lacunes de gestion au niveau de AFZ», déclare Saad El Jabbari, directeur administratif de Fujikura. En effet, le premier souci des opérateurs réside dans le retard accusé dans l’aménagement de la route qui relie l’autoroute à la zone. «Ce projet nécessitant un budget de 180 MDH et qui consiste à dédoubler la voie dès que la zone aura atteint les 10 000 véhicules par jour est toujours gelé, bien que ce nombre soit déjà atteint», ajoute Saad El Jabbari. «Nous avons déjà saisi les autorités et partenaires institutionnels concernés, en vue de mettre en œuvre le dédoublement de la RN4 et doter la zone des services nécessaires en termes de sécurité, de signalisation et de protection civile», rassure le management de MedZ.

Concernant l’assainissement, là encore, «les travaux ne sont pas encore terminés. La zone doit fonctionner avec une fosse septique jusqu’à ce que le taux de remplissage franchisse le cap des 80%», déplore M. El Jabbari. Ce problème provoque l’ire des investisseurs, notamment Saint-Gobain Sekurit. L’usine de cet opérateur français spécialisé dans la fabrication des pare-brise automobiles «n’a pas eu la certification ISO 14001 pour cette raison», confirme une source au sein de l’entreprise.

MedZ promet de doter la zone de tous les services nécessaires

Pour MedZ, c’est un faux problème. Actuellement, «l’ensemble des industriels installés sont raccordés au réseau et en bénéficient. Une amélioration de l’infrastructure d’assainissement à travers la mise en place d’une station de traitement des eaux usées est également prévue en mars 2014».

Les installations télécoms constituent une autre paire de manches. Pour rappel, lors du démarrage de la zone, un appel d’offres a été lancé dans l’objectif de choisir un opérateur pour installer la fibre optique. C’est Méditel qui a remporté le marché. Cependant, «cette dernière n’a pas hésité à imposer une facturation plus chère pour les clients des deux autres opérateurs, voulant utiliser ses installations», clame Saad El Jabbari. Une affirmation que rejette en bloc la société de gestion. Pour elle, «AFZ est ouverte à l’installation de tous les opérateurs télécom nationaux. Nos clients ont donc la latitude de choisir l’opérateur qu’ils préfèrent et qui répondrait le mieux à leurs besoins».

Toujours côté infrastructures, les opérateurs déplorent également la faiblesse de la puissance électrique au niveau de la zone. «Nous avons souvent à faire face à des coupures d’électricité. Ces dernières se traduisent par des arrêts de la production d’une durée de 60 à 90 minutes», explique le directeur de l’usine Coficab. Medz reconnaît que la zone est dotée d’une puissance électrique de 13 MVA, pour une consommation actuelle maximale ne dépassant pas les 50% de la capacité installée. En revanche, elle confirme qu’«un poste source est en cours de construction, qui dotera la zone de 40 MVA supplémentaires d’ici juin 2014».

Somme toute, les opérateurs trouvent que la zone est mal desservie. Pourtant, lors de leur implantation, ils ont dû mettre le paquet. En effet, le prix du foncier est plafonné à 600 DH le mètre carré. Un coût jugé excessif par les opérateurs, en comparaison avec les zones intégrées dans les pays voisins où même aux Etats-Unis. Pour MedZ, «le prix de cession pratiqué au sein de la zone a été négocié avec l’Etat et reste le moins cher comparativement aux autres zones franches d’exportation».

Les industriels n’en démordent pas. Ils considèrent que le prix du foncier est également accentué par le coût de construction des bâtiments. D’abord, il faut savoir que la société de gestion Edonia a attribué à sa filiale CTP l’exclusivité de travaux de conception et construction des bâtiments. «Grâce à sa position de monopole, CTP nous a facturé les constructions à des prix une fois et demie plus élevés que le prix du marché», s’alarme le directeur de Coficab.

Il ajoute que «malgré ce prix exorbitant, la qualité n’est pas au rendez-vous. Actuellement, au niveau de Coficab, nous avons d’énormes problèmes au niveau du dallage industriel et de la finition». Questionné à ce sujet, MedZ précise que son offre est réalisée dans le cadre d’une logique de contractant général.

Ainsi, à travers sa filiale AFZM, elle s’engage à livrer à son client un bâtiment dans les conditions contractuelles annoncées en termes de délais, de qualité et de coût. Pour rappel, ce prix a été fixé suite à une étude comparative dans le marché, qui a démontré qu’à qualité et délais égaux, les prix pratiqués sont compétitifs.