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Assurance Takaful : L’intérêt des clients est manifesté

Les banques font face à des réticents refusant de contracter une assurance. Elles s’attellent à couvrir le stock de financement existant. Un effort d’éducation financière et de vulgarisation est important.

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Plus de 4 années après le lancement des banques participatives, l’assurance Takaful fait enfin son entrée sur le marché. Actuellement, ce sont 6 banques participatives qui ont obtenu les agréments pour présenter les produits d’assurance Takaful. Ainsi, les opérations d’assurances Takaful, objet des agréments obtenus en début d’année par l’ACAPS, portent sur Vie et Décès, les opérations d’assurances contre les risques d’accidents corporels, les opérations d’assurances contre l’incendie et éléments naturels, les opérations d’assurances contre le bris de glace, les opérations d’assurances contre les dégâts des eaux et l’investissement Takaful.

Dès leur lancement, un intérêt a été constaté de la part des clients ayant déjà contracté des financements, en vue d’assurer leurs biens. Toujours est-il, des récalcitrants existent, mentionnent des responsables de banques participatives contactés, bien qu’un engagement ait été signé, au préalable, lors de la contraction du financement, stipulant la souscription à un contrat d’assurance dès son entrée en vigueur. La raison de leur réticence tient au surplus lié au coût qu’ils ne sont pas prêts à supporter. Face à cela, les banques n’ont d’autres choix que de négocier avec leurs clients pour les faire souscrire. A côté, si certains viennent de leur propre chef pour adhérer à ces assurances, il est nécessaire de donner un coup de pouce aux autres. D’ailleurs, pour certaines banques, un travail a été fait bien avant l’obtention des agréments pour préparer la clientèle à assurer leur bien. En tout cas, le rythme des souscriptions avance, en conformité avec les objectifs fixés par les banques. Selon Youssef Baghdadi, président du directoire de Bank Assafa, «nous sommes même en avance sur nos objectifs. Dans 2 à 3 mois, nous aurions écoulé le stock à faire souscrire. Actuellement, une centaine de clients a répondu présent». C’est dire que le maillon manquant du financement participatif a été complété. «L’urgence des banques actuellement est de couvrir les financements déjà octroyés. Viendra ensuite l’étape concernant la généralisation de la couverture décès/invalidité aux personnes, sans avoir contracté au préalable un financement», explique Hakim Bensaïd, président de l’AMFP (Association marocaine pour les professionnels de la finance participative). Il ajoute: «Une fois ces étapes bien franchies, les banques devraient s’atteler à commercialiser l’assurance multirisque bâtiment et, en dernier lieu, l’épargne et l’investissement».

Il est à savoir que, comme le système conventionnel, un client n’est pas forcément obligé de souscrire à une Takaful, dans une compagnie d’assurance filiale de la banque auprès de laquelle il a obtenu le financement de son bien. Il peut s’adresser à une autre compagnie et contracter une assurance qui lui semble adéquate. L’important est de se couvrir et de couvrir son acquisition.

A terme, les banques devraient se servir de ces assurances pour les placer dans de nouveaux produits, dont notamment le financement des clients. Sauf que «cela ne peut être fait que si cette manne de primes est assez importante pour le permettre», estime M.Bensaïd. En attendant, la wakala bil istithmar reste le principal outil de refinancement des banques participatives avec un encours de 2 milliards de DH. «Le plus grand challenge des banques est d’attirer davantage de clientèle, pour assurer plus de dépôts à vue et d’investissements et ce, afin de capter plus de ressources. Cela, sachant que dans le système des banques classiques, ces derniers constituent plus de 70% de leurs sources de refinancements», explique notre professionnel. En plus de cela, l’écosystème participatif, pour sa complétude, a besoin de la mise en place d’un marché des capitaux, avec des sukuks et un indice boursier, conformes à la charia, ainsi que d’un marché interbancaire participatif. Tout cela ne peut que contribuer à trouver des sources de refinancement alternatives à la wakala bil istithmar. A côté de cela, «des efforts relatifs à l’éducation financière des futurs clients doivent être menés, à la vulgarisation de ce nouveau système et à la formation des ressources humaines», conclut M.Bensaïd.

Le financement participatif toujours en progression

L’activité des banques participatives maintient toujours le cap, surtout du côté du financement. A fin mai, l’encours du financement participatif a atteint 21 milliards de DH, en hausse de 8,7% depuis le début de cette année. La grande part revient toujours à la mourabaha immobilier avec 83,5%, avec un encours en progression de 7,5% à 17,5 milliards de DH. Celui du financement à la consommation, lui, a augmenté de 2,5% pour s’établir à 1,2 milliard et celui à l’équipement de 21% à un peu plus de 2 milliards de DH. En face, les dépôts à vue ont affiché une amélioration de 10,4% à près de 6 milliards de DH, contre une croissance de 14,6% des dépôts d’investissement à 2 milliards de DH.