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Après une quasi-stagnation en 2009, la consommation des produits pétroliers redémarre : +4% en 2010
Une évolution proche de la moyenne des dix dernières années. Forte hausse de la consommation du super sans plomb.

A près une quasi-stagnation en 2009 (+ 0,4%), la consommation de produits pétroliers (hors lubrifiants) renoue avec la croissance. A fin novembre 2010, les ventes du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), qui représente quelque 95% des distributeurs, ont progressé de 4,1% par rapport à la même période de 2009, à 7,12 millions de tonnes.
Cette progression mérite certes d’être relativisée par l’indisponibilité des chiffres de ventes des autres distributeurs non membres du GPM, mais la tendance globale ne pourrait être différente pour les non-affiliés aux GPM. Par ailleurs, le mois de décembre n’ayant pas connu d’arrêt d’activité économique quelconque, l’année se sera donc achevée sur un score de 4%.
Comparée à celle de la croissance de consommation d’électricité (entre 6% et 8% selon les années), celle des produits pétroliers reste modeste, mais il faut savoir que la première est liée, même partiellement, au développement du niveau d’équipement des ménages et donc progresse de manière soutenue.
Avec une hausse de 4%, la consommation de produits pétroliers reste appréciable, confirmant la reprise économique enregistrée en 2010 et se situant à un niveau proche de la moyenne des dix dernières années.
Par produits, les ventes ont évolué de manière très différenciée. La consommation des gaz de pétrole liquéfié (GPL : butane et propane) a augmenté de 3,21%, un niveau nettement inférieur par rapport à la moyenne (5,67%) des années 2005-2009.
Surtout, les ventes de butane (+90% des GPL) ont marqué une hausse modeste de 3,40%. Par rapport à 2009 (1,8 %), cette hausse est certes très élevée, mais il faut se rappeler qu’avant 2008, ce produit évoluait au rythme de 5 à 6% par an en moyenne. A l’exception du butane 6 kg (+12,1%) et du butane en vrac (+13,6%), tous les autres segments ont évolué modestement (+4% pour le butane 12 kg et +3% pour le butane conditionné) ou sont en baisse (-1,3% pour le butane 3 kg).
Baisse des ventes du gasoil de pêche
La consommation de propane dont le prix est libre, elle, n’a augmenté que de 1,3% ; certains professionnels préférant recourir, pour leurs activités, au butane qui, comme on sait, est fortement subventionné. La part du propane dans les GPL n’est d’ailleurs plus que de 9%. En 2009, les ventes de propane avaient même baissé de façon drastique : -8,3%.
S’agissant de ce que les professionnels appellent les «produits blancs», c’est-à-dire l’essence et le gasoil, la demande a augmenté de 3,5%. Ce résultat recouvre des évolutions divergentes, notamment une baisse de près de 8% du gasoil de pêche. Les autres produits, en revanche, ont augmenté : + 12,7% pour l’essence sans plomb (+ 8,4% pour tous les essences) et +3,4% pour le gasoil automobile. Dans cette rubrique, on notera que la disparition progressive du gasoil 350 ppm -qui a continué à être vendu jusqu’en septembre 2009- a naturellement induit un report de consommation vers celle du gasoil 55 ppm dont les quantités vendues ont bondi de….31,5%
De la même manière, la vente des carburants aviation a bénéficié en 2010 de la reprise du transport aérien, et donc du tourisme, atteignant une hausse de 15,35%. Certes, il faut ajouter un autre élément explicatif à cette forte progression : l’effet de base, puisqu’en 2009 le carburéacteur a enregistré une quasi-stagnation à + 0,8%, découlant des effets -différés- de la crise économique internationale. Mais globalement, et en liaison avec les performances du secteur touristique, les ventes de carburants aviation progressent assez fortement : plus de 8% en moyenne entre 2005 et fin 2008.
Reste le fioul : sa consommation a repris en 2010 (+2,86%), après de fortes baisses en 2009 (-11,7%), en 2007 (-5,7%) et en 2006 (-7,8%). Le produit est subventionné, et même fortement, mais le rythme de progression de sa consommation est surtout tributaire des arbitrages que fait l’Office national de l’électricité (ONE) en matière de combustibles à utiliser pour la production de l’électricité.
Il est clair qu’en année de bonne pluviométrie comme en 2009, par exemple, l’ONE a toutes les raisons de faire fonctionner ses centrales hydrauliques. Soit dit en passant, 39,2% de l’électricité produite par l’ONE en 2009 était d’origine hydraulique ; ou, si l’on veut, 12% de la production totale (ONE + concessionnaires + importation). En 2010, la part des énergies renouvelables (hydraulique et éolien) dans l’électricité consommée au Maroc a été de 20%.
Dans la même optique, la consommation de fuel dépend également des importations d’électricité, à travers l’interconnexion du réseau marocain avec d’autres pays. Ce fut, par exemple, le cas lors du premier semestre de l’année 2010, où l’achat d’électricité produite en Espagne a explosé, en raison d’un prix d’acquisition bas, notre voisin ibérique, affecté par un ralentissement économique, étant en surproduction.
Malgré tout, et au-delà des variations conjoncturelles, la consommation des produits pétroliers sur une longue période maintient son rythme habituel de progression qui est de l’ordre de 5%.
