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Affaires

Après trois mois de flambée, le prix des pommes de terre revient à  la normale

Une mauvaise régulation de la production a créé la surchauffe.

La baisse des prix va s’amorcer avec l’arrivée des pommes
de terre primeur.

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Au cours de ces derniers mois, le panier de la ménagère s’est trouvé affecté par la hausse des prix d’un certain nombre de produits dont la pomme de terre, légume largement utilisé dans notre cuisine. Le prix à  la consommation a atteint 6 DH le kilo, et dans certains marchés des grandes villes, les étiquettes sont montées jusqu’à  8 DH.

En fait, «chaque année, entre septembre et octobre, les prix sont habituellement élevés», fait remarquer Allal Chibane de la division horticulture de la DPV (direction de la production végétale au ministère de l’agriculture), mais cette fois-ci la hausse a duré près de 3 mois. Parmi les raisons de ce renchérissement, on relève l’épuisement des stocks de la production de saison (mai à  juin) placés en frigo. S’y ajoute le fait que, durant la période en question, la production se limite à  la montagne (voir encadré) et que les quantités sont trop faibles pour couvrir les besoins du marché. Au total, les superficies exploitées dans ces régions ne dépassent pas 6 000 ha et le rendement est faible : 10t/ha contre 20 à  25 pour la production de saison.
La production annuelle atteint en moyenne

1,2 million de tonnes
Outre ce problème de disponibilité, les charges intermédiaires contribuent pour une grande part dans la formation du prix final. Il faut en effet compter des frais de stockage de l’ordre de 0,60 à  0,75 DH par kilo pour une période de 3 mois, et la marge que s’octroie la cascade d’intermédiaires et de spéculateurs, un phénomène bien connu. Ainsi, pour 6 à  8 DH/kg payés par le consommateur, le producteur ne reçoit que 2,50 à  3 DH, montant souvent inférieur ou égal à  son coût de production. Illustration : l’exploitation d’un hectare revient entre

55 000 et 65 000 DH ; pour une production de 20 à  25 t/ha, le prix de revient du kg va de 2,50 à  3,50 DH.
De toute façon, eu égard à  la saisonnalité, les prix vont entamer leur décrue en raison de l’entrée en production des pommes de terre primeur qui font leur apparition sur le marché en ce début décembre. En toute logique, les prix se fixeront aux alentours de 4 DH/kg.

Le fond du problème réside cependant dans le mode d’organisation de cette culture. D’une année à  l’autre, la superficie moyenne exploitée varie autour de 60 000 ha correspondant à  une production de 1,2 million de tonnes environ. La variation de la superficie se répercute ainsi sur le niveau de l’offre, d’o๠l’évolution erratique des prix.

Cette variabilité des superficies exploitées s’explique par la faible production de semences sélectionnées au Maroc. Et comme les prix internationaux augmentent d’année en année (de 5 à  6 DH le kilo, ils sont passés cette année de 8 à  9 DH), il en résulte une importation limitée de semences sélectionnées. Pour compenser, les exploitants n’ont d’autre choix que de recourir aux semences communes. Mais la quantité de ces dernières étant indéterminée, les superficies exploitées sont imprévisibles et la production est à  l’avenant.

Saisonnalité
On produit toute l’année

La diversité climatique des zones de production et la tolérance de la culture pour les conditions pédoclimatiques (salinité du sol, qualité de l’eau…) font qu’au Maroc on peut produire des pommes de terre, en quantités variables, durant toute l’année.
L’entrée en production a lieu, selon les variétés et les zones de production, environ 3 à  4 mois et demi après plantation.
Cinq types de culture sont pratiqués.
Il y a les primeurs précoces, destinées principalement à  l’export. Elles sont plantées en septembre-octobre sur le littoral atlantique allant de Kénitra à  El Jadida et à  Agadir et Taroudant à  partir de semences locales (appelées grenadines). Il y a aussi
les primeurs tardives mises en place en décembre-janvier, à  partir de semences importées. Tertio,
la pomme de terre de la saison principale : elle est cultivée de janvier-février à  mai-juin dans toutes les zones maraà®chères. Les semences sont locales ou d’importation. Quarto, la pomme de terre d’arrière-saison plantée en août dans les régions du Tadla, Haouz, Saà¯ss, Loukkos, Moulouya. Les semences proviennent de la production de la saison principale. Enfin, il y a la culture de montagne : la mise en place se situe en mai, dans le Moyen et le Haut-Atlas (Boulemane, Khénifra, Azilal, Haouz). Les semences proviennent des cultures précédentes.

Com’ese

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