Affaires
Après le lancement du tramway, les autorités de Casablanca se penchent sur le sort des taxis et des autobus
Le contrat de la ville avec M’dina Bus est en cours de révision. La prudence reste de mise pour restructurer les taxis. L’étude préliminaire pour la deuxième ligne du tramway en cours d’achèvement.
Un mois après l’entrée en service de la première ligne du tramway de Casablanca, le capital sympathie pour ce nouveau mode de transport s’installe progressivement dans l’esprit des Casablancais. Il est certes trop tôt pour faire une évaluation complète de cette mise en route, mais certains n’hésitent pas à parler d’objectifs prévisionnels déjà dépassés, notamment pour ce qui est du nombre quotidien d’usagers qui aurait largement excédé les 250 000 voyageurs prévus par jour. Or, en raison de quelques problèmes de sécurité et de réglage au niveau du service, le tramway est encore loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière. L’essentiel, en tout cas, est que cette première ligne du tramway de Casablanca est un premier pas dans la modernisation et la réorganisation de l’offre en transport collectif dans sa globalité. A ce titre, plusieurs chantiers sont aujourd’hui à l’ordre du jour dont les principaux sont la réorganisation du réseau d’autobus du Grand Casablanca, avec l’objectif d’une intégration bus-tramway vers 2015, la réorganisation de l’offre des taxis, et le lancement des études préliminaires pour la deuxième ligne du tramway à travers le boulevard Mohammed VI. Si pour ce dernier point, les choses avancent bien, sachant que ladite étude est aujourd’hui en cours d’achèvement, les deux autres chantiers piétinent à cause d’un ensemble de difficultés qu’il ne sera pas aisé de surmonter.
S’agissant des autobus, en effet, la réorganisation du réseau de bus s’inscrit dans le cadre des missions qui ont été confiées à l’Autorité organisatrice des déplacements urbains (AODU), dont l’élaboration d’un plan de circulation global pour la région de Casablanca. L’AODU va annoncer, nous dit-on, «bientôt un certain nombre d’aménagements en faveur des transports collectifs pour améliorer le réseau de manière globale». Ces mesures ne sont, à vrai dire, pas encore finalisées. Mais cette amélioration ne peut se faire avant l’assainissement de la gestion de la principale société d’autobus, M’dina Bus, dont le tour de table est composé de la CDG, Transinvest et RATP Développement. Actuellement, les travaux sont en cours pour revoir le cadre contractuel, c’est-à-dire les contrats de gestion déléguée du transport collectif urbain par autobus. L’autorité délégante qui est constituée de 11 communes (Casablanca , Mohammédia, Nouaceur, Bouskoura, Ouled Salah, Dar Bouazza, Médiouna, Lahraouyine, Tit-Mellil, Ain Harrouda, Ben Yakhlef) est en train d’évaluer le respect des dispositions du contrat par M’dina Bus avant de procéder à sa révision.
Le problème des taxis est plus ardu que celui des bus
A vrai dire, si M’dina Bus ne respecte pas à la lettre les dispositions du contrat de gestion, notamment pour ce qui est d’assurer un service sur toutes les lignes, tout le monde s’accorde à dire que le contrat de gestion la laisse prendre tous les risques en terme de rentabilité. Le but donc de cette révision est, d’une part, d’«introduire des mécanismes garantissant l’équilibre économique et financier du gestionnaire», et, d’autre part, d’intégrer les évolutions juridiques, institutionnelles et environnementales ainsi que d’assurer un suivi plus rigoureux de l’exécution du contrat. Quant aux autres sociétés privées, dont les bus continuent de desservir quelques lignes alors que leur contrat est arrivé à terme depuis plus de trois ans, il serait aussi temps de statuer sur leur sort.
Le problème des taxis est encore plus ardu que celui des autobus, car si les taxis participent de manière importante au service public, le mode de transport qu’ils assurent n’a jamais fait l’objet d’une réglementation globale. Actuellement, les taxis, petits et grands, font l’objet d’un recensement au niveau des bureaux de pointage avec l’objectif de connaître le nombre de véhicules, d’agréments, et de chauffeurs qui y travaillent. Mais on reconnaît volontiers auprès de l’AODU que la réforme du secteur est problématique dans la mesure où «il assure un équilibre fragile en conciliant des intérêts multiples comme ceux des collectivités locales qui encaissent les taxes de stationnement, les rentes des propriétaires et des locataires d’agréments, les revenus des chauffeurs…». Ceci sans parler des nuisances en termes de pollution, du manque de professionnalisme, de la fréquence des accidents, du parc trop vieux, et sans oublier la non-obligation pour les taxis d’assurer un service public. La présence des taxis de première catégorie à l’intérieur de l’agglomération existe par défaut pour palier les carences du transport collectif. Le réaménagement du transport collectif au sein du Grand Casablanca devient plus qu’urgent…