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Après le compte bon marché, la Banque Populaire lance le crédit immobilier low cost
Un financement à taux plus avantageux que le marché qui permet de faire participer un proche au paiement de la mensualité. Des petits prêts à l’équipement et à la consommation et une assurance maladie-hospitalisation également à l’étude pour la clientèle du low income banking.
La Banque Populaire creuse son sillon sur le segment du low income banking (LIB). Le groupe devrait lancer dans les prochains jours un crédit immobilier destiné aux populations à faibles revenus. A l’instar d’un prêt habitat conventionnel, cette solution pourra servir à acquérir un terrain, à financer une auto-construction ou encore des petits travaux d’aménagement. Elle présente néanmoins quelques spécificités pour faire mouche auprès de la clientèle du LIB. Le crédit immobilier bon marché est d’abord bâti autour d’un système de co-paiement : un membre de la famille peut supporter une partie de l’échéance du crédit pour une durée déterminée afin d’augmenter la capacité de remboursement du bénéficiaire.
En cela, la Banque Populaire systématise une pratique qui avait déjà cours surtout entre des ménages à faibles revenus et leurs proches résidant à l’étranger. En outre, le crédit immobilier low cost est adossé à un plan épargne logement (PEL), à savoir que le bénéficiaire du crédit devra d’abord constituer une épargne pour ensuite bénéficier d’un financement. Une solution qui vient là encore en renfort des capacités de remboursement du bénéficiaire mais qui permet également à la banque de se couvrir. «Si le client est capable d’effectuer régulièrement des versements sur son PEL, il sera en mesure de respecter les échéances de son crédit», précise-t-on au sein de l’établissement. Et comme l’on pourrait s’en douter, la BP avance pour sa solution un taux de financement plus avantageux que le marché. Reste à savoir si la banque pourra s’aligner sur les 5,10% que propose déjà Al Barid Bank pour laquelle la clientèle à faible revenu est une cible historique.
En fonction de la réaction de la clientèle du LIB au crédit immobilier, la BP pourrait commercialiser d’autres solutions de financement. D’une part, le groupe pourrait lancer des petits prêts à l’équipement. Une niche porteuse car, à en croire le management de BP, «avant même l’accès à la propriété, la priorité des personnes à revenu modeste est le développement de l’activité professionnelle». Le lancement des prêts productifs reste cependant tributaire de la possibilité de les faire coexister avec les solutions de la branche microcrédit de la banque, nouvellement baptisée Attawfiq Microfinance, sans risque de concurrence.
La banque cherche encore à étendre son réseau de distribution
D’autre part, le groupe a dans ses cartons une solution de crédit à la consommation low cost. Celle-ci présente la spécificité de n’être destinée qu’au financement de produits de nécessité pour la clientèle, il ne pourra donc s’agir que de crédit conso affecté. Une précaution qui se justifie par le fait que le crédit est encore un produit relativement mal apprivoisé par la clientèle du LIB.
Outre les solutions de financement, la BP élabore également une assurance maladie-hospitalisation qui permettra l’accès aux centres de soins publics et privés avec des prestations plus riches que le Ramed et bien sur une prime allégée. Les offres de comptes et cartes bancaires LIB complètent le tout avec des packs commercialisés à travers Attawfik Microfinance et le réseau propre de la banque ainsi que des solutions de paiement placées à travers la CNSS et la CIMR.
Une offre intégrée en somme qui se justifie amplement par le potentiel du marché. Selon une étude interne de la Banque Populaire, la cible du LIB, définie comme tout client percevant un revenu mensuel inférieur à 3 000 DH, porte sur une base estimée à 9,5 millions d’adultes dont 50% d’actifs (fonctionnaires, salariés du privé, auto-employés mais aussi de ménages en situation précaire ou encore de petits agriculteurs et pêcheurs…). Pour compléter son modèle bancaire LIB, en plus de l’offre, la BP déploie également des canaux de distribution spécifiques. C’est que l’implantation d’agences classiques pour commercialiser ces produits n’est pas viable économiquement. D’une part, le produit net bancaire escompté des ménages à revenu modeste ne couvre pas le coût d’établissement du réseau classique. D’autre part, cette cible localisée à 60% dans le monde rural est fortement dispersée sur le territoire national.
De fait, la banque se rabat sur le réseau d’Attawfiq Microfinance qui compte plus de 200 000 clients actifs et 330 branches dans tout le Maroc. Ses six agences mobiles sillonnent 36 souks hebdomadaires à Sidi Kacem, Sidi Bennour, Khénifra, Béni-Mellal, Taza, Chefchaouen et une 7e localité devrait être couverte sous peu. Le groupe expérimente également un concept de kiosques multiservices, Auto Bank, qui revient beaucoup moins cher qu’une agence classique. La banque cherche encore à étendre son réseau de distribution en concluant des partenariats avec d’autres agents non bancaires. Elle mise enfin sur la dématérialisation pour couvrir plus de marchés à faibles coûts, notamment grâce au mobile banking.
Tous ces efforts paient : plus de 900 000 clients LIB ont été recrutés depuis le début 2008 jusqu’à fin novembre dont 200 000 sur la seule année 2012. Mais combien cela représente-t-il en termes d’encours ? Le groupe se montre encore discret sur la question tout en évoquant «une forte croissance» jusqu’à l’heure…