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«Nous voulons développer des lignes de croisières avec plusieurs pays»

Le développement des liaisons aériennes se faisant déjà  à  un rythme soutenu, l’attention des pouvoirs publics est de plus en plus orientée vers le maritime. Les projets de ports de Tamuday Bay à  Tétouan, Saïdia et Dakhla devraient permettre de renforcer le positionnement sur l’activité de croisière.

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Lahsen Haddad 2015 03 17

Ce n’est un secret pour personne: tout pays, comme le Maroc, voulant développer son secteur touristique doit également porter son attention sur le développement de son secteur du transport. L’aérien et le maritime sont en effet indispensables pour l’atteinte des objectifs fixés pour le tourisme. C’est pourquoi le forum «The Atlantic Initiative for tourism 2015» qui s’est tenu cette semaine à Rabat a consacré une partie des débats à l’analyse du rôle que peuvent jouer ces deux secteurs dans le renforcement des échanges touristiques entre les pays de l’Atlantique. En marge de cet événement, Lahcen Haddad, ministre du tourisme, explique sa vision sur la question.

Quelles sont les principales actions réalisées par le Maroc dans le secteur du transport ces dernières années et qui pourraient permettre de renforcer les échanges touristiques avec les autres pays de l’Atlantique ?

En 2014, le Maroc a enregistré une augmentation considérable des liaisons aériennes, et nous espérons dépasser cette année les 700 fréquences hebdomadaires sur nos destinations touristiques, hors Rabat-Casablanca, alors qu’elles ne dépassaient guère les 500 en 2012. Beaucoup reste à faire et nous sommes conscients que ce sujet est névralgique pour le secteur. Nous y travaillons. Pour le maritime, il existe des liaisons importantes entre le Royaume et les Iles Canaries, la France, l’Espagne et l’Italie que nous souhaitons exploiter pour développer davantage les flux touristiques maritimes. Les activités de croisières sont concentrées pour le moment sur trois ports : Tanger, Casablanca et Agadir. Le projet du nouveau quai de croisière de Casablanca, qui sera réalisé par le fonds Wessal, viendra aussi renforcer notre positionnement sur ce segment. Les prochains ports sur lesquels nous tablons pour développer les croisières sont ceux de Tamuday Bay à Tétouan, Saïdia et Dakhla. Mais le Maroc dispose déjà d’une quinzaine de marinas qui contribuent aussi au développement du tourisme de plaisance.

Quelle est selon vous l’ampleur du potentiel touristique que le Maroc peut exploiter avec ces pays ? Y a-t-il des pays spécifiques que vous ciblez dans ce sens ?

L’espace Atlantique est riche en potentiel touristique et draine environ 320 millions de touristes. Il regroupe plus d’une cinquantaine de pays avec une diversification de l’offre touristique et des degrés différents en matière de développement de l’industrie du tourisme. Notre ambition est de développer plus d’échanges de flux touristiques et d’échanges de bonnes pratiques. L’industrie du tourisme et des services est l’espoir de l’économie mondiale pour la création de plus d’emplois et de richesses, la création d’une dynamique et pour faire de l’Atlantique un espace de commerce prospère, de tourisme créateur d’emplois et de richesses, ainsi qu’un espace de communication interculturelle qui contribuera inéluctablement au rapprochement des peuples. Les opportunités sont également liées aux nombreuses possibilités en matière de liaisons maritimes et aériennes entre les pays de la région, et l’augmentation des échanges commerciaux à différents niveaux.

Quels sont les pays où les secteurs du transport maritime et aérien sont suffisamment développés et qui pourraient servir de modèle pour le Maroc dans sa quête de renforcement des échanges touristiques avec les pays de l’Atlantique ?

Tous les pays de l’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord sont des modèles dans ce sens. Mais plus proche de nous, au niveau des pays du Sud, je citerais les exemples du Brésil, de l’Afrique du Sud et du Mexique. Les pays des Caraïbes (la République Dominicaine, Saint Lucie, Saint Martin, les Iles Vierges, Panama, Venezuela, Guyanes et Jamaïque…) disposent également d’une infrastructure assez développée en matière de liaisons maritimes et du trafic des croisières. L’important pour le Maroc dans une première phase est de développer des lignes de croisières avec l’Espagne, les Iles Canaries, la Mauritanie, le Sénégal et le Cap Vert. Nous avons déjà entamé les discussions entre les ministres du tourisme, d’une part, et les ministres du transport, d’autre part, relevant de ces pays. Cette offre viendra compléter l’offre méditerranéenne qui est en train de se mettre en place avec les marinas et ports de Saidia, Nador, Tamuda Bay et Tanger.  

Contrairement au secteur aérien qui se développe plutôt bien, ne pensez-vous pas que les problèmes du secteur maritime national puissent handicaper le renforcement des échanges touristiques avec les pays de la rive ouest de l’Atlantique ?

C’est difficile de créer des lignes de croisières qui traversent l’Atlantique mais ce qui serait intéressant, c’est de créer des lignes de croisières à l’intérieur des différents écosystèmes (Maroc-Iles Canaries-Cap Vert-Sénégal, Canaries, Europe du Nord-Ouest, Brésil-Afrique du Sud, Canada-USA) et de les relier par des liaisons aériennes dans le cadre de voyages combinés. Les TO spécialistes dans le long courrier le font déjà et il faut s’inspirer de leur expérience.  

Serait-il pertinent pour le Maroc de développer le secteur des croisières pour attirer une clientèle nord-américaine réputée être intéressée par les offres à ce niveau?

Le Maroc dispose d’une situation géographique stratégique à la croisée des routes maritimes de croisières et à l’intersection des grands ensembles de croisières, ce qui a favorisé l’évolution de l’activité des croisières dans les ports marocains avec un volume global moyen de 450000 croisiéristes par an et 360 escales de paquebots, soit un taux d’évolution moyen de 9% depuis 2004. Le Maroc dispose d’ailleurs d’une infrastructure dédiée à ce type de tourisme (des terminaux portuaires adaptés) et je voudrais citer le port de Casablanca qui, de par sa situation géographique exceptionnelle donnant sur l’Atlantique et de ses capacités à accueillir les grands paquebots de croisière, peut devenir le point de départ des croisières Atlantique, voire transatlantiques et une sorte de hub maritime appuyé.