Affaires
Altadis : un programme de transformation de la filière tabac
40 MDH seront injectés pour développer la culture du tabac d’Orient à Chefchaouen et Larache.
Altadis s’engage à racheter aux tabaculteurs une partie de la
production jusqu’en 2010.
Le portefeuille de distribution de produits hors tabac s’élargit.

La Régie des tabacs, désormais détenue à 100 % par le groupe franco-espagnol Altadis, s’est lancée dans un processus tout à la fois de mise à niveau de son outil de production, d’amélioration du circuit de distribution et d’aide à la reconversion de la tabaculture marocaine. Une manière pour la filiale d’Altadis non seulement de reprendre des parts de marché que la contrebande ne cesse de lui grignoter (on avance aujourd’hui le chiffre de 20 % du marché), mais aussi de se préparer à l’ouverture du marché, prévue pour la fin de 2010.
Un nouveau mode de distribution testé à Casablanca
D’abord, la mise à niveau : une enveloppe de 300 MDH, sur trois ans, est prévue à cette fin. Elle couvre principalement la modernisation et la réorganisation de l’usine d’Ain Harrouda afin d’en optimiser le flux de production. La formation du personnel fait également partie de ce projet et, en 2006 déjà , déclarent les responsables de la régie, ce sont 4,5 MDH qui ont été injectés dans ce volet. «Notre objectif en fait est de faire de l’usine d’Ain Harrouda la meilleure unité du groupe à l’horizon 2009», confie-t-on à la régie.
Au chapitre de la distribution, deux actions sont principalement menées. D’une part, la poursuite et le renforcement de la politique de distribution à travers l’élargissement du portefeuille hors tabacs (ventes de cartes téléphoniques pré-payées de Maroc Telecom, de timbres postaux, de briquets, d’allumettes, etc.) ; d’autre part, l’amélioration du service à la clientèle. Sur ce dernier point, la régie a expérimenté un nouveau mode de distribution à Casablanca – qui sera progressivement généralisé à toutes les villes – qui consiste à livrer sur place les débitants de tabacs. Ces derniers n’auront plus à faire la queue depuis la levée du jour pour s’approvisionner. Mais pour améliorer encore plus ce service à la clientèle, la Régie des tabacs a installé, à titre gratuit, des TPV (terminal point de vente) chez environ un millier de débitants. Ces TPV, expliquent les responsables de l’entreprise, servent à la recharge de cartes téléphoniques pré-payées, à l’envoi par les débitants de leurs commandes et, demain peut-être, au paiement de certaines factures.
Sur le volet agricole, c’est connu, le Maroc produit, jusque-là , essentiellement du tabac brun. Or, cette variété est désormais passée de mode, que ce soit au Maroc ou ailleurs. C’est pourquoi la Régie des tabacs, en partenariat avec le ministère de l’agriculture, avait mis en place un plan de reconversion en olivier de toute la superficie dédiée à cette variété, qu’elle a elle-même financé (voir, sur ce point, les détails dans La Vie éco du 12 mai dernier).
Deux projets pour la culture de tabac blond
S’agissant du tabac blond, et c’est la nouveauté, la régie a lancé deux projets, en accord bien sûr avec le gouvernement, et dont elle supporte entièrement le coût. Le premier concerne le développement du tabac d’Orient. Cette culture couvre une superficie de quelque 900 ha dans la région du Nord, à Chefchaouen (o๠les plantations ont déjà commencé) et à Larache (ce sera en 2007). Le coût du projet, qui s’étale sur 5 ans (2006-2010), est de 40 MDH. Auparavant, la régie, qui a profité de la suppression par l’Union européenne des aides aux producteurs de cette variété pour l’introduire au Maroc, avait fait analyser le sol de la région du Nord par des experts d’AOI (Alliance One International), le deuxième négociant au monde de tabac brut en feuilles. Une convention a été signée entre la Régie des tabacs et AOI pour l’assistance dans le développement de cette culture, assistance qui portera notamment sur la formation de planteurs et de techniciens marocains. Plus important encore, afin de garantir un débouché pour cette culture, le groupe Altadis s’est engagé pour l’achat de 750 tonnes de tabac d’Orient et ce à l’horizon 2010. Cet engagement, il faut le souligner, Altadis l’a pris en dépit de l’abrogation de l’article 11 de la loi 46-02 relative au régime des tabacs bruts et des tabacs manufacturés, et qui faisait obligation à tout fabricant de tabacs destinés au marché local marocain d’intégrer en moyenne une quantité minimale annuelle de 20% de tabac brut local. On peut l’imaginer, cet engagement d’Altadis à acheter du tabac brut local, au moins jusqu’à la fin du monopole, en 2010, alors que légalement rien ne l’y oblige, devait faire partie d’une sorte de «deal» passé entre le gouvernement et le fabricant de cigarettes franco-espagnol dans le cadre de la cession des 20 % restants du capital de la régie à Altadis pour la jolie somme de 4,020 milliards de DH – sachant que le groupe était déjà en possession, depuis 2003, de 80% du capital.
Par ailleurs, AOI s’est engagé de son côté à acheter une quantité équivalente de tabac d’Orient, ce qui assure un marché non négligeable pour les tabaculteurs marocains.
Le deuxième projet de la régie a trait, cette fois, à l’amélioration des performances et de la qualité du tabac blond produit au Maroc, notamment les deux variétés dites Burley et Virginie. Pour ce faire, la régie a mis à contribution l’Institut de tabac de Bergerac (France), qui appartient au groupe Altadis. Là encore, la régie a pris des engagements d’achats fermes de ces deux variétés pour 1 400 tonnes de Burley et 350 tonnes de Virginie.
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A terme, la production d’Ain Harrouda pourrait même s’exporter sur les marchés extérieurs, puisque Altadis, dans sa stratégie de développement de la performance de ses unités, a décidé de mettre celles-ci en concurrence et que la meilleure offre sera celle qui s’adjugera le marché. |
