Affaires
Alstom aligne des innovations pour la mobilité intelligente
Alstom se diversifie dans le bus électrique et le matériel roulant autonome. Le groupe lorgne également les systèmes de gestion des flux de passagers et la cybersécurité. Au-delà des clients américains ou asiatiques, il veut vendre ces technologies à des pays émergents comme le Maroc.
C’est à la Cité du cinéma de Paris (ancienne centrale électrique construite par Alstom pour alimenter le métro parisien) que le groupe ferroviaire français a choisi de réunir, jeudi 27 avril, des journalistes européens, marocains et du Moyen-Orient pour présenter ses dernières innovations issues de sa stratégie de diversification. Fabricant de tramways, de trains, de TGV et de locomotives, mais aussi fournisseur d’infrastructures ferroviaires et de signalisation, Alstom veut désormais offrir aux villes un système complet de mobilité intelligente. Aidé par un rythme de croissance évalué à 50% en 5 ans et une profitabilité qui a doublé, il peut se permettre un investissement massif dans la R&D. «Dans le cadre de la stratégie d’Alstom 2020, nous visons en effet une meilleure intégration du système ferroviaire dans le milieu urbain. Aujourd’hui, les voyageurs aspirent à un trajet 100% connecté avec un meilleur confort, une meilleure accessibilité et des correspondances facilitées», déclare Henri Poupart Lafarge, PDG d’Alstom. Les autorités de transport aspirent, elles, à un système de transport plus écologique et cybersécurisé, des coûts d’exploitation plus faibles et des options de mobilité.
Afin de satisfaire toutes les parties prenantes du système de transport urbain, Alstom a d’abord dévoilé son bus électrique nommé Aptis. Doté d’un intérieur inspiré du tramway, ce bus électrique a une capacité supérieure à 100 places. Il sera exploité sur deux lignes de bus à Paris dès juin prochain, en attendant de séduire d’autres opérateurs à travers le monde.
Connectivité en permanence dans les trains, tramways et métros
Hormis le matériel roulant, Alstom a aussi présenté des solutions de mobilité intelligente. «Optimet UrbanMap» figure parmi ces solutions. Cette carte de métro intelligente fournit des informations en temps réel sur les conditions de trafic et les interruptions de service sans compter l’estimation en direct du temps de trajet. «Ce système permet en outre de diminuer le temps d’entrée et de sortie des passagers», déclare le PDG d’Alstom. Pour une circulation plus fluide sur les quais, «Optimet real-time train occupancy» procure une aide visuelle pour connaître le nombre de passagers de train arrivant en gare.
Côté connectivité, après l’acquisition de Nomad Digital, compagnie spécialisée dans la connectivité embarquée, le groupe français peut désormais proposer aux voyageurs une connectivité et un wifi en permanence dans les trains, tramways et métros. Mais la grande révolution qui peut bouleverser les modes de gestion des opérations multimodales est l’introduction de Mastria. Cette tour de contrôle implantée au sein du système du transport permet aux opérateurs de proposer très vite d’autres solutions de mobilité en cas d’accident sur les voies ou d’annulation de liaisons et ce, tout en réalisant une analyse de données prédictive et d’optimisation opérationnelle. «C’est une couche qui se connecte au contrôle de la police et des pompiers», explique le PDG d’Alstom. Une manière pour les opérateurs de prendre la place des autorités dans leur fonction de contrôle. Les responsables d’Alstom considèrent que la présence d’une autorité de régulation des transports est nécessaire pour accéder à Mastria. Ce n’est pas encore le cas du Maroc. Mais Alstom prend déjà le virage de l’innovation pour diversifier ses offres et fidéliser sa clientèle.
Autre innovation du groupe français, les matériels roulants autonomes caractérisés par plus de ponctualité et de flexibilité. La première ligne dotée de ce type de matériel a été lancée à Hong-Kong.
Un système de transport hyper-connecté et hyper-sécurisé
A l’horizon 2020, Alstom espère bien devenir le leader mondial des trains autonomes. Enfin, la cybersécurité est une autre préoccupation des systèmes de transport. Le groupe français l’intègre désormais à tous les processus et toutes les plateformes. A cet effet, Alstom et Airbus ont signé un protocole d’accord sur la cybersécurité dans l’objectif d’échanger les connaissances. Par ailleurs, les trains qu’Alstom fournira à ses clients américains dans le cadre de son dernier projet aux Etats-Unis seront munis du système de cybersécurité. «Cela commence par la sécurité des bâtiments et de la chaîne d’approvisionnement (cartes de sécurité)», déclare le responsable de la firme.
En tout cas, Alstom est déterminée à investir dans plus d’innovation pour pérenniser sa croissance. «Plusieurs innovations ont été réalisées en partenariat avec de grandes entreprises, notamment Airbus ou encore avec des start-up dynamiques, à l’instar des fournisseurs de batteries d’Aptis», précise le PDG d’Alstom. Ses clients marocains devront prendre le train en marche pour adapter le système de transport urbain au futur qui s’annonce hyper-connecté et hyper-sécurisé.
[tabs][tab title =”Quid des projets d’Alstom au Maroc ?“]Alstom fournit au Maroc les rames de tramway pour les villes de Casablanca et Rabat mais aussi de TGV. En somme, 12 rames de TGV sont déjà arrivées à Tanger et 50 rames de tramway destinées à la ligne 2 de Casablanca seront acheminées vers le Maroc cet été. En outre, Alstom a un contrat de maintenance des locomotives et a gagné un projet de signalisation de l’ONCF. Par ailleurs, le projet industriel d’Alstom au Maroc se nomme Cabliance. Le groupe français souhaite développer, en taille et en capacité, cette unité de production de faisceaux de câbles employant 240 personnes à Fès. «En 2016, Cabliance a exporté une valeur de 214 millions d’euros de câbles vers les usines françaises», remarque Brahim Soua, DG d’Alstom Maroc. En outre, le groupe veut fournir au marché marocain des compétences électriques plus fortes à destination principalement du marché européen. «Le Maroc est un pays stratégique pour nous. Nous souhaitons participer à tous les appels d’offres et présenter des solutions aux opérateurs mais aussi être installés localement et se servir du marché marocain comme une base pour le marché local et pour l’export», déclare Henri Poupart Lafarge. A noter qu’à fin 2017, un appel d’offres de l’ONCF sera rendu public. Il portera sur 120 trains de type RER répartis sur 15 ans. L’attribution des contrats est prévue en 2018. Pour les lignes 3 et 4 du tramway de Casablanca, 120 rames sont prévues. Pour l’extension du tramway de Rabat, 22 rames supplémentaires sont nécessaires. Outre les appels d’offres, le groupe industriel veut surtout avoir au Maroc un tissu de fournisseurs capable de répondre à ses besoins. «Dans un pays comme l’Inde ou le Brésil, 80% du train est réalisé localement. En Afrique du Sud, nous établissons une base industrielle très forte car les autorités du pays ont commandé 600 trains», témoigne le PDG. Le Maroc n’a pas encore cette taille de marché. Mais le marché africain a un potentiel énorme et très vierge avec peu de villes ayant un système urbain. «Un marché qu’il faut adresser du point de vue commercial et industriel», note le PDG de la firme. Dans ce cadre, une base au Maroc pour servir le marché subsaharien n’est pas écartée. Encore faut-il que le marché local et le marché africain soient matures. Les prémices de cette maturité ont déjà commencé. Une première commande de trains a été signée à Dakar. Mais d’autres projets sont en cours de concrétisation, notamment à Abidjan.[/tab][/tabs]