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Alors que 12 000 infirmiers manquent à  l’appel, les conditions d’accès à  la fonction restent compliquées

Le Maroc ne dispose que de 9 infirmiers pour 10 000 habitants contre 15.4 pour la région Méditerranée orientale. Oued Eddahab-Lagouira, Gharb-Chrarda-Béni-Hssen, Tanger-Tétouan, Souss-Massa-Draà¢, Doukkala-Abda et Tadla-Azilal sont les régions qui souffrent le plus du déficit. Plusieurs mesures sont prises pour encourager le personnel à  s’installer dans les régions éloignées.

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Le secteur public de la santé manque cruellement d’infirmiers. Si les dernières statistiques du ministère de la santé estiment ce déficit à 12 000 infirmiers, le rapport annuel 2011 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) illustre bien ce déficit. Ainsi, le Maroc ne dispose que de 9 infirmiers pour 10 000 habitants contre un ratio de 15,4 pour la région Méditerranée orientale et l’effectif d’infirmiers et de sages- femmes, communiqué par l’organisation, s’élève à 29 689 personnes. Mais selon le ministère de la santé, il n’y aurait que 25 873 infirmiers au total, dont seulement 23 438 en activité, soit un ratio de 7,3 pour 10 000 habitants, moitié moins que les pays de la région.

Dans tous les cas, que l’on prenne un chiffre ou l’autre, le manque est trop important. Quand on sait, par exemple, que l’Amérique du Nord et l’Europe en alignent respectivement 61,5 et 74,7 pour 10 000 habitants, on mesure la distance à parcourir pour assurer une meilleure couverture du territoire. Car, c’est effectivement à ce niveau que le bât blesse. En l’absence d’une véritable carte sanitaire, certaines régions manquent de personnel.

Pour atténuer ce gap, El Hossein El Ouardi, ministre de la santé, a activé l’instauration de deux mesures visant l’amélioration de la situation sociale des infirmiers mais surtout à les encourager à accepter des postes dans les régions éloignées du pays. Il s’agit de l’octroi d’un logement de fonction et d’une prime d’éloignement. Cette dernière, prévue dans le protocole de juillet 2011, s’élève à 700 DH nets par mois et sera versée aux infirmiers dans certaines régions. Les infirmiers qui acceptent de s’y installer signeront un «contrat d’incitation» avec le ministère de la santé garantissant le paiement de la prime et surtout précisant une durée déterminée d’affectation dans la région.

L’octroi du logement de fonction, deuxième mesure incitative, permettra, selon le ministère de la santé, une équité dans le traitement des infirmiers dans la mesure où jusqu’à présent seuls les infirmiers majors et les infirmières chargées de la maternité et du suivi infantile bénéficiaient d’un logement lorsqu’ils sont affectés dans les centres de santé ruraux. Désormais, cet avantage est généralisé à l’ensemble des infirmiers affectés dans les différents centres de santé de base et les dispensaires des zones enclavées.

Dans le milieu syndical, on applaudit ces deux mesures. Toutefois, on tient à souligner que la rémunération est un élément déterminant pour assurer la mobilité des infirmiers et en particulier pour les encourager à s’installer dans les régions éloignées. «C’est pour des considérations matérielles que plusieurs infirmiers ont préféré émigrer vers des pays européens comme la France et l’Espagne ou encore vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande», indique un syndicaliste qui ajoute que le salaire d’un infirmier est compris dans une fourchette de 3 000 DH à 8 000 DH selon le grade et l’échelle.

Seuls les infirmiers diplômés d’Etat sont recrutés par les hôpitaux

Cette profession demandait depuis plusieurs années un relèvement de la rémunération par le biais d’une révision à la hausse des primes de garde et d’astreinte, de responsabilité et de risque. Le ministère a effectivement augmenté la prime de garde de 50% à 700 DH, et celle de risque de 40% à 1 400 DH. Ces augmentations prenant effet à partir de cette année.

Toutes ces mesures sont-elles suffisantes pour remédier au déficit dont souffrent nombre d’hôpitaux et de centres de santé, alors que le secteur privé, lui, ne connaît pas de problèmes à ce niveau ? Pour des professionnels, ces mesures devraient être accompagnées d’un réaménagement des conditions de recrutement des infirmiers. Comme pour tous les agents de la fonction publique, leur recrutement se fait sur concours ouvert aux titulaires du diplôme délivré par les instituts de formation aux carrières de santé (IFCS). Les lauréats des écoles privées, en tout cas celles qui sont accréditées par le ministère de l’emploi et de la formation professionnelle, peuvent aussi être recrutés. Cependant, ils ne peuvent avoir le statut d’infirmier mais de technicien spécialisé car les écoles privées délivrent un diplôme de ce niveau et non un diplôme d’infirmier diplômé d’Etat. La modification du texte relatif aux IFCS permettrait donc aux lauréats des écoles privées d’être recrutés en tant qu’infirmiers. C’est ce à quoi s’attelle le ministère de la santé à l’heure actuelle.