Affaires
«Les premiers logements subventionnés pour la classe moyenne seront livrés début 2015»
Le bilan 2014 fait état d’une production et des investissements au même niveau que l’année dernière. Une nouvelle génération de projets sera lancée en 2015. Une assiette de 1 000 hectares a été mise à la disposition des promoteurs depuis 2003.
Al Omrane tient ce mois de décembre les conseils d’administration de ses 14 filiales. Qu’est-ce qu’il en ressort ?
L’année n’étant pas encore achevée, nous n’avons pas encore consolidé les chiffres finaux à l’échelle du groupe. Mais selon nos premières appréciations et les premiers éléments, il ressort que l’on se situe dans les mêmes niveaux que ceux de l’année dernière en termes de production et d’investissement tout en confirmant notre vocation d’opérateur social. Autre fait à souligner, le cycle des conseils d’administration de nos filiales a été initié volontairement cette année par celui de notre filiale dans les régions du Sud, qui s’est tenu à Laâyoune en présence du ministre de l’habitat et de la politique de la ville et de l’ensemble des instances locales et régionales. Cette démarche s’intègre clairement dans le cadre de l’inscription naturelle de notre groupe dans la régionalisation avancée grâce notamment à notre structure organisationnelle. Celle-ci se traduit au niveau opérationnel par notre présence au niveau de l’ensemble des régions via 48 agences, 14 filiales et une holding. Il est donc tout naturel de nous voir confier par les instances régionales et nationales la réalisation de grands programmes de développement en matière d’habitat et de développement urbain à travers tout le pays.
Quelles seront les grandes actions du groupe en 2015 ?
Notre plan d’action pour l’année prochaine est en cours de validation. Il s’inscrit dans notre vision stratégique. Celle-ci exige de nous de veiller à aller de l’avant pour réaliser tous les programmes qui nous sont confiés par l’Etat ou les collectivités territoriales et honorer nos engagements, en priorité celui d’améliorer les conditions d’habitat des citoyens, et ce, dans le cadre d’une synergie et de convergence des efforts de tous les intervenants pour assurer et parachever les grands projets lancés pour la production des logements sociaux, particulièrement au profit des plus démunis, la résorption de l’habitat insalubre et le développement des villes nouvelles.
Les priorités du groupe pour l’année 2015 sont donc toujours les mêmes, simplement parce qu’elles sont également la raison d’être du groupe, notamment la résorption de l’habitat insalubre.
Al Omrane a aussi comme mission l’aménagement du foncier public attribué aux promoteurs privés via une formule de partenariat public-privé. Ce dispositif est aujourd’hui critiqué par les opérateurs. Quel en est déjà le bilan ?
Pour nous, le partenariat public privé a débuté en 2003 mais n’a pris véritablement son élan qu’entre 2006 et 2008. Nous en sommes aujourd’hui à une assiette de 1 000 hectares mise à la disposition des opérateurs depuis le lancement du dispositif. Nous avons en 2012, et après un processus participatif avec la FNPI, décidé d’initier une nouvelle approche partenariale visant à rendre accessible le foncier aux promoteurs de toutes tailles et à sécuriser l’objectif que notre conseil de surveillance nous demande, à savoir contribuer à réduire le déficit en habitat. Ce foncier est donc bien entendu accessible sous conditions. Une partie doit être consacrée à la faible VIT, et depuis le lancement du dispositif public du logement pour la classe moyenne, une partie est réservée à ce segment.
Estimez-vous que ce partenariat donne aujourd’hui pleine satisfaction ?
Ce que je peux dire c’est que nous y avons introduit plusieurs ajustements depuis début 2012 en concertation avec les professionnels. L’objectif à travers ces modifications est d’aboutir à un modèle de convention plus équilibré qui sécurise les intérêts des parties en optimisant la valorisation du foncier. Nous avons d’abord réduit la taille des parcelles par convention pour éviter la non-valorisation d’assiettes importantes par certains promoteurs. C’est donc une mobilisation par phase qui est retenue. Les développeurs ont un délai de 6 mois après la signature de la convention pour démarrer la valorisation de la première phase. Ensuite, les tranches successives ne sont mises à disposition que lorsque la réalisation et la commercialisation de ce qui précède atteint un certain taux d’avancement. Les délais de paiement du foncier sont également encadrés de manière plus rigoureuse : chaque tranche de terrain doit être payée à partir de la date d’obtention de l’autorisation de construire.
Quels sont les premiers retours suite à ces ajustements ?
Il faut du temps pour pouvoir apprécier convenablement les retombées de cette nouvelle approche. Cependant, nous constatons déjà une plus importante implication des petits et moyens promoteurs grâce à ce dispositif. C’était à vrai dire l’un des objectifs des ajustements opérés car la réduction de la taille des parcelles par convention les rend accessibles pour toutes les catégories de promoteurs, dont les opérateurs de petite et moyenne taille. Mais en parallèle, nous avons constaté que les promoteurs de plus grande taille ne sont pas très demandeurs. Cela peut se justifier par le fait qu’ils sont en train de consommer leur réserve déjà constituée. Il faut également préciser que le foncier à notre disposition n’est pas toujours situé aux emplacements souhaités par les promoteurs.
Les promoteurs se plaignent de la cherté du foncier aménagé commercialisé par Al Omrane, ce qui les amène à réclamer l’accès à un foncier brut…
Ce n’est pas général du tout. Les professionnels comprennent que ce foncier dont nous disposons exige un coût d’exploitation non négligeable, avec des investissements hors site souvent très lourds. Il faut en tout premier lieu le raccorder pour le rendre viabilisable. Cela nécessite d’amener l’infrastructure électrique, l’eau potable, de réaliser des conduites d’assainissement hors site sur des dizaines de kilomètres, des stations de traitement… Vous le savez, les terrains à aménager sont très souvent en périphérie, parfois même en dehors des premières couronnes. A l’instar de ce qui se fait dans beaucoup de pays, c’est l’Etat à travers ses démembrements qui prend en charge ce type de travaux. La question se pose également sur la capacité pour les promoteurs de mobiliser leur financement sur des superficies brutes proposées par l’Etat et qui s’étalent sur plusieurs centaines d’hectares. A cela s’ajoute que le foncier qui nous est alloué est souvent destiné à loger une couche très pauvre de la population, celle vivant dans l’insalubrité et qui bénéficie de programmes spécifiques de l’état.
Quel est le stock de foncier aujourd’hui disponible et ouvert à ces partenariats ?
Al Omrane utilise le foncier mobilisé en flux tendu dès son ouverture à l’urbanisation par les autorités compétentes. Et nous veillons lors de l’élaboration de nos plans d’action annuels à réserver une partie du foncier aménagé aux promoteurs privés. Hormis cela, il est constaté une raréfaction du foncier public exploitable qui est par ailleurs aussi sollicité par d’autres secteurs tels l’industrie, le tourisme, la logistique…
Al Omrane contribue aussi directement à la production de logements en appuyant les dispositifs publics. Qu’en est-il des habitats pour la classe moyenne que vous construisez ?
Nous étions les premiers à nous engager dans ce dispositif avant même qu’il ne soit adopté dans le cadre de la loi de Finances 2013. Nous sommes engagés dans un premier temps sur un programme de 3 680 logements. Sur ce total, 960 habitats ont été mis en chantier entre 2013 et 2014 sachant que ce chiffre est encore susceptible d’augmenter quand les filiales nous communiqueront leur programmation sur ce segment. Les premiers logements ont déjà été commercialisés à Agadir et ils seront livrés début 2015. Il est à préciser que ces projets sont réalisés dans un but d’initiation du dispositif pour le secteur, l’activité de promotion immobilière sur ce segment devant rester principalement du ressort des opérateurs privés. Al Omrane, comme pour le logement social, s’investit essentiellement dans les zones où le privé est absent. Par ailleurs, en dehors de ce dispositif public, nous réalisons depuis des années, dans une optique de mixité sociale, et aussi de péréquation au profit des couches démunies, des unités destinées à la classe moyenne consistant en logements, lotissements pour l’auto-construction ou encore en villas économiques qui représentent quelque 19% de notre production.
Entretien réalisé par Reda Harmak
