Affaires
Al Hoceima : le taux de remplissage des hôtels devrait reculer cet été
En attendant l’accalmie, la ville a entamé les travaux d’aménagement des voiries pour mieux accueillir ses visiteurs de l’été. La marina, le port de plaisance et l’infrastructure portuaire sont prêts. Le Conseil provincial du tourisme veut promouvoir Al Hoceima à l’étranger.

A 10 jours du début de la saison touristique, Al Hoceima et ses environs vivent toujours au rythme des manifestations pour des revendications sociales et économiques. Du coup, les prévisions de remplissage des hôtels sont plus au moins mitigées. Certains établissements ont bien su profiter des derniers évènements pour afficher un taux d’occupation de 90% en plein Ramadan grâce à l’accueil des forces de l’ordre. C’est le cas de l’hôtel Mohammed V, établissement 5* situé au centre-ville. «Par contre, pour les réservations des mois de juillet et août, nous nous attendons à un taux d’occupation en baisse de 30 points par rapport à une saison estivale normale où nous affichons complet. Pour l’instant, le taux de remplissage prévu cet été est situé entre 60 et 70% principalement grâce aux touristes locaux», nous déclare-t-on auprès de l’établissement.
A Quemado Al Hoceima, un hôtel «pied dans l’eau» en plein cœur de la ville géré par le groupe Accor, les réservations pour l’été sont légèrement en baisse par rapport à la saison estivale de l’an dernier. «Mais on continue à recevoir des demandes de séjour pour la haute saison», nous indique-t-on auprès de l’hôtel. Tous espèrent un retour au calme dans cette ville où la saison estivale représente une bouffée d’oxygène pour l’économie locale.
D’après les professionnels, les prémices d’un apaisement dans la ville sont déjà palpables. Les manifestations restent cantonnées au quartier de Sidi Abed pour une période de 2 heures/jour après le ftour. Le centre-ville est épargné. «La situation reprend son calme. Les commerces ont rouvert et la vie est paisible. Ce n’est vraiment pas alarmant. Le taux d’occupation moyen des hôtels 4* au mois d’avril est situé entre 15 et 20% dans une ville caractérisée par une grande saisonnalité. L’activité touristique va sûrement décoller dès le mois de juillet», déclare avec optimisme Aziz Dahna, délégué provincial du tourisme de la ville. Preuve en est, Al Hoceima Bay (un hôtel de la CDG d’une capacité de 91 chambres et suites) affiche pendant Ramadan un taux d’occupation de 25% grâce à un mix entre clients nationaux et étrangers.
La région a une capacité litière de 1 700 lits
«Pour la haute saison, on table pour l’instant sur un taux d’occupation de 50% grâce notamment aux réservations de touristes nationaux. Une agence locale a réservé 5 passages de groupes de touristes nationaux sur différentes périodes et s’apprête à nous faire part de nouvelles demandes au courant du mois. Dans 2 à 3 semaines, les réservations devraient augmenter continuellement de 5% pour atteindre un taux de remplissage de l’hôtel de 75 à 80%», affirme Abdelmalek Himdi, directeur de l’hôtel. Il faut dire que la position de l’hôtel qui se trouve à 7 km de la ville, donnant sur Sfiha, la plus grande plage d’Al Hoceima, convainc les touristes à venir profiter du calme avoisinant.
Al Hoceima, elle, se pare de ses plus beaux atours pour accueillir ses hôtes et ses visiteurs. «Aménagement des voiries, des trottoirs et de la promenade principale, élargissement des avenues et installation de nouveaux lampadaires… La ville s’embellit et sera fin prête pour la haute saison», affirme Abdelmalek Himdi. Depuis dix ans, la capitale du Rif a gagné en infrastructures touristiques. Mais beaucoup reste à faire. «La région d’Al Hoceima a une capacité litière de 1 700 lits. S’y ajouteront 1500 lits d’ici à 2020. Les travaux de réalisation de la marina, entamés dans le cadre du projet ‘‘Al Hoceima ville phare de la Méditerranée’’ sont bientôt achevés. Les bateaux peuvent déjà accoster au port de plaisance. L’infrastructure portuaire est prête et l’animation de la marina est prévue incessamment. Cependant, il existe une carence en restaurants de qualité et en animation nocturne», ajoute Aziz Dahna.
Par ailleurs, la voie express menant de Taza à Al Hoceima n’est pas encore finalisée à 100%. «Ayant parcouru cette route plusieurs fois, je peux témoigner de l’achèvement d’un tronçon de 80 km entre Taza et Aknoul. Le tronçon entre Aknoul et Cassetta sur 30 km est en cours de finalisation. Il sera achevé dans un délai de 3 mois, sachant que certaines parties sont finies. Enfin, la route menant de Cassetta à Al Hoceima sur 18 km demeure la plus problématique car se situant en montagne. Ce tronçon est en cours d’études», témoigne M. Dahna. Pour rappel, il y a une ligne aérienne reliant Casablanca à Al Hoceima 3 fois par semaine via Tétouan. Quant à la voie maritime, il existe une seule liaison à partir de Motril en Espagne exploitée par la compagnie Armas.
Le manque d’infrastructures est beaucoup plus ressenti dans l’arrière-pays
C’est à l’arrière-pays où l’absence d’infrastructures est le plus criard. «Dans les environs de la ville, il y a un manque d’infrastructures de base, notamment l’eau potable, l’électricité et l’assainissement, nécessaires au développement d’un tourisme rural», déclare M. Dahna. Sur le plan touristique, la région est dotée d’atouts indéniables, certes. Mais elle souffre de saisonnalité. Pour la dissiper, le Conseil provincial du tourisme a été créé il y a 3 mois. L’objectif est de mieux promouvoir Al Hoceima et sa région sur le plan national et international. «L’ONMT ne promeut pas encore la destination faute du seuil minimum de 5 000 lits», déclare le délégué du tourisme de la ville. A l’horizon 2020, la capacité litière de la ville dépassera 3 200 lits. En attendant, le CPT essaiera d’insérer Al Hoceima et ses environs dans les programmes de promotion et veillera à sa présence dans les foires internationales.
