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«Il y a des opportunités à  saisir grà¢ce à  l’aérien et au maritime»

Grà¢ce au développement du transport, le nombre d’arrivées dans le monde est passé de 809 millions à  1,14 milliard entre 2005 et 2014. Il est nécessaire d’avoir des politiques visant la réduction de l’impact du tourisme sur le changement climatique et la protection de la côte Atlantique.

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Taleb Rifai 2015 03 17

Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle des secteurs du transport maritime et aérien dans les deux rives de l’océan Atlantique ?

Le secteur du tourisme dans le monde a réalisé une progression remarquable au cours de la dernière décennie, passant de 809 millions d’arrivées en 2005 à 1,138 milliard en 2014. Cela est une conséquence à la fois de la mondialisation et des progrès enregistrés dans les domaines des transports dédiés à la classe moyenne dans les économies avancées et émergentes. Les transports aérien et maritime sont donc des éléments clés dans le développement du secteur du tourisme, en particulier le transport aérien vu que la moitié des arrivées de touristes internationaux se fait par avion. Entre 2000 et 2013, le volume des arrivées de touristes dans le transport aérien a augmenté de 82%, passant de 313 à 574 millions, et ces chiffres devraient encore croître dans la prochaine décennie. Cette croissance a accompagné des changements importants qu’a connus l’aviation civile sur les dernières années. Le plus marquant reste évidemment l’augmentation du nombre d’accords Open Sky. La croissance des alliances transnationales et les participations croisées entre les compagnies aériennes afin d’accroître leur efficacité et attirer davantage de capitaux étrangers et de technologies a également joué un rôle. Les points clés qui déterminent le développement du transport aérien et sa contribution au tourisme et à la croissance économique sont la nécessité d’améliorer la connectivité dans de nombreuses parties du monde, d’assurer une coordination efficace entre le transport aérien et les politiques du tourisme, et de poursuivre la libéralisation du secteur.

Qu’en est-il pour le transport maritime ?

Comme pour le transport maritime dans sa globalité, d’un point de vue touristique, il est important de souligner que l’industrie des croisières a connu une croissance significative au cours des trois dernières décennies, portée principalement par l’Amérique du Nord et l’Europe. Au cours de la dernière décennie, la demande pour le tourisme de croisière a également augmenté, venant désormais de nouveaux pays émetteurs et demandant de nouvelles destinations, en particulier l’Asie. Enfin, je dois rappeler que dans les deux cas (ndlr: transport aérien et transport maritime), il est important de faire avancer des politiques de développement durable de manière à ce que la croissance du transport aérien et maritime des deux côtés de l’Atlantique puisse contribuer à réduire l’impact du tourisme sur le changement climatique et la protection de la côte Atlantique.

Comment les Etats, ou les gouvernements, peuvent-ils dynamiser le secteur du transport de manière à ce qu’il renforce les échanges touristiques entre les deux rives ?

Tout d’abord, en ayant une stratégie nationale qui rassemble les secteurs du transport et du tourisme et en faire une priorité nationale pour le développement socio-économique du pays. Deuxièmement, il faut définir un cadre clair pour la coopération. À cet égard, nous espérons que la Conférence Atlantique à Rabat sera une contribution importante à ce processus et qu’elle permette de définir une feuille de route claire pour le développement du tourisme des deux côtés de l’Atlantique, en apportant notamment des réponses aux questions liées à l’harmonisation des politiques de transport aérien, la facilitation des visas, et le renforcement des accords régionaux et économiques en vue de contribuer au développement du tourisme et du transport.

Qu’en est-il également du rôle que peuvent jouer dans ce sens les entreprises privées du secteur du transport ?

Il est clair que le tourisme ne peut se développer sans la participation du secteur privé et sans une forte coopération public-privé. Quand il s’agit des questions de transport par exemple, les partenariats public-privé sont essentiels pour avancer sur des sujets tels que la réglementation et les défis de la conformité dans les domaines touchant l’environnement et la sécurité. Il en est de même pour promouvoir l’utilisation de la technologie et en faire une contribution à l’amélioration de la compétitivité et la durabilité du secteur. Les pays de l’Atlantique doivent être capables de répondre à l’évolution des conditions du marché et les besoins des clients par la promotion de mécanismes financiers innovants en partenariat avec le secteur privé pour améliorer et étendre le réseau de transport, ainsi que pour construire des infrastructures qui résistent, qui soient rentables et respectueuses de l’environnement.

Y a-t-il des pays qui ont réussi à relever ce challenge et que l’on peut prendre comme exemple dans ce domaine ?

De nombreux pays l’ont déjà bien fait, mais je voudrais surtout insister sur l’Espagne comme un exemple de partenariat public-privé assez développé dans les transports maritime et aérien.

Le Maroc est actuellement en train de préparer une stratégie de développement du secteur maritime. Avez-vous des recommandations spécifiques qu’il doit prendre en compte pour que sa stratégie s’inscrive dans le sens du renforcement des échanges touristiques avec la rive ouest de l’Atlantique ?

Je dirais qu’il doit avoir une perspective globale et être en mesure de répondre à l’évolution des conditions du marché et les besoins des clients. Les enjeux sont également d’assurer une concurrence équitable au sein du marché, promouvoir les partenariats public-privé, utiliser les nouvelles technologies et baser sa stratégie sur les principes de la durabilité. Ce sont les clés de la réussite.