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Ahmed RAHOU, PDG CIH Bank : «Le cash qui basculera vers le mobile sera de 200 à 400 milliards de DH..»

CIH Bank a lancé, il y a quelques jours, son porte-monnaie électronique We Pay, en partenariat avec HPS et le Centre monétique interbancaire (CMI).

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CIH Bank

CIH Bank a lancé, il y a quelques jours, son porte-monnaie électronique We Pay, en partenariat avec HPS et le Centre monétique interbancaire (CMI). Son PDG, Ahmed Rahou, revient sur le potentiel du marché du paiement mobile au Maroc, les difficultés à franchir et les premières réalisations de la solution…

Comment le marché a-t-il accueilli votre solution We Pay ?
Dès les premiers jours, des milliers de particuliers ont téléchargé l’application. Par ailleurs, tous n’ont pas activé leurs comptes. En effet, recharger l’application ne signifie pas créer un compte. La démarche est facile pour les clients CIH, mais elle nécessite une identification pour les utilisateurs qui ne font pas partie de la clientèle CIH. Pour cette catégorie, nous avons mis en place une procédure de relance et d’accompagnement. Ceci dit et d’une manière générale, j’ai la certitude que cet outil deviendra rapidement incontournable chez les jeunes. D’autant plus que les fonctionnalités de démarrage seront enrichies au fur et à mesure par des capacités imaginatives propres mais également en s’inspirant des idées qui ont fait leurs preuves à l’international. L’objectif est de faire de cet instrument une plateforme communautaire de transfert d’argent, d’échange…

Communautaire dans quel sens ?
Au sens Whatsapp avec des groupes, sauf que l’échange touchera le mode financier. Cela peut aller du groupe d’amis qui veulent organiser leurs sorties aux tontines en passant par des dons…
Je pense aussi à la communauté des personnes qui s’échangent des objets. Je n’y vois pas un volet purement financier, mais un moyen de lutter contre le gaspillage, d’encourager le recyclage… Certes, aujourd’hui des sites opérant dans ce domaine existent mais la composante qui manque est le paiement. Le canal mobile réglera la question.

Vous en êtes où en terme de développement des fonctionnalités que vous venez d’évoquer ?
Gérer un anniversaire, partager une facture de restaurant… sont des aspects sur lesquels nous travaillons déjà. Mais toutes les propositions sont les bienvenues. Les développeurs d’applications pourront par exemple apporter leur contribution. Les communautés d’une manière générale doivent s’approprier cette brique financière pour ouvrir des possibilités d’utilisation à l’infini.

Etes-vous moins cher que les établissements de transfert d’argent ?
Bien sûr, c’est électronique et simplifié.

Un ordre de grandeur ?
Je ne peux pas avancer un chiffre pour le moment. Nous ne serons pas les seuls sur le marché où l’interopérabilité ne tardera pas à se mettre en place. Les différents opérateurs se mettront d’accord sur l’interchangeabilité.
Pour ce qui est du paiement mobile, le coût de la prestation ne se compare pas à zéro DH, mais au coût du déplacement, au temps perdu, au dérangement … et surtout pour les endroits les plus reculés où l’utilisateur aura affaire à son épicier du coin ou au pire au souk où il y aura toujours un prestataire habilité à assurer ce genre de prestations. Nous sommes en train de nous équiper en agences mobiles sur roues qui vont sillonner le Royaume. Nous en mobiliserons une par région dans un premier temps pour faire les principaux souks de chaque région.

A combien estimez-vous le potentiel du paiement mobile au Maroc ?
A terme, quand toutes les banques auront mis en place leurs plateformes respectives et que tous les émetteurs de cash adhéreront au mobile payment…, le cash qui basculera vers le mobile se situera entre 200 et 400 milliards de DH. De nombreuses opérations effectuées aujourd’hui en cash migreront vers le mobile. Je peux donner comme exemple les allocations familiales de la CNSS, les petites retraites, les aides de l’Etat Tayssir, les aides aux veuves… Ce sont des dizaines de milliards de DH qui sont concernées.

Qu’en est-il du réseau des commerçants ?
C’est la partie à bâtir. C’est aussi la partie la plus compliquée car il faut d’abord convaincre le commerçant qui doit y trouver un intérêt certain. On travaille sur cet aspect qui prendra quelques mois. Le commerçant a un savoir-faire en matière de traitement de cash, il rend service aux gens, fait crédit… le paiement mobile lui apportera un business supplémentaire. Dès qu’un commerçant l’aura fait, les autres suivront. L’étape suivante est que ce même commerçant puisse payer ses fournisseurs via le mobile. D’où les discussions avec les fournisseurs de produits de grande consommation pour qu’ils acceptent ce nouveau mode de paiement. Plus encore, qu’ils acceptent de rémunérer le commerçant sous forme de bonus, de points de fidélité… Pour les fournisseurs, cet instrument permettra une instantanéité et une meilleure gestion de la trésorerie et supprimera le coût du traitement du cash. Il n’y a pas de réticence à y adhérer mais un travail technique à faire.