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Agroalimentaire : Externalisation de la logistique pour conforter la compétitivité

Les exportations du secteur ont augmenté de 8,8% en 2017. Une performance qui tient au contrat programme et aux mesures fiscales. Le secteur peut cependant faire plus et mieux.

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Agroalimentaire

Bilan positif pour l’industrie agroalimentaire en 2017, selon la FENAGRI. Principal indicateur : un chiffre d’affaires des exportations de près de 32 milliards de DH, soit une augmentation de 8,8% par rapport à 2016, selon les statistiques officielles de l’Office des changes. Cette évolution démontre, selon la fédération, le dynamisme sur les marchés internationaux, d’une part, et, d’autre part, l’évolution naturelle du secteur dont le développement se poursuivra durant les prochaines années soutenu par la mise en place du contrat programme signé en avril 2017. L’entrée en vigueur de celui-ci est, selon le président de la Fénagri, Mohamed Fikrat, «le principal fait marquant pour l’année 2017» .

Conclu entre l’Etat et la profession représentée par la FENAGRI et la COMADER, ses mesures ont été élaborées sur la base des recommandations d’une étude stratégique réalisée entre février et septembre 2015 par le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, le ministère de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique et la Fénagri. Elles ont fait l’objet de concertations approfondies avec les professionnels pour mieux prendre en compte leurs besoins et attentes en matière de développement du secteur. L’ncitation à l’investissement, l’encouragement des exportations, la promotion des produits marocains ainsi que des mesures plus transverses comme l’encouragement de la recherche et développement et de la formation professionnelle.

Tel est le contenu, rappelons-le, du contrat programme conclu pour une durée de 5 ans et qui vise la création de 300 nouvelles unités, ce qui à terme permettra de générer 38 457 emplois et un chiffre d’affaires additionnel de 41,75 milliards de DH dont 12,52 milliards à l’export et enfin une valeur ajoutée additionnelle de 13,1 milliards de dirhams. En matière d’opérationnalisation des mesures prévues par le contrat programme, la Fédération nationale de l’agroalimentaire souligne que le texte d’application relatif aux incitations à l’investissement prises en charge par le Fonds de développement agricole a été publié au Bulletin officiel. Et de préciser que les porteurs de projet peuvent d’ores et déjà présenter leurs dossiers aux directions provinciales de l’agriculture ou aux offices régionaux de mise en valeur agricole dont ils relèvent.

L’Afrique de l’Ouest et les pays du Golfe, des marchés porteurs pour l’agroalimentaire marocaine

On apprendra auprès de la corporation qu’aujourd’hui les 57 guichets uniques du Fonds de développement agricole sont mobilisés et ont déjà commencé à recevoir et à traiter les demandes des subventions. Des concertations sont en cours avec les professionnels pour finaliser les autres textes et conventions spécifiques nécessaires à l’opérationalisation des autres mesures. Ainsi, pour la promotion des exportations des produits agricoles, un projet d’arrêté conjoint fixant les conditions et modalités d’octroi de l’aide financière de l’Etat à la promotion et à la diversification des exportations des produits agricoles a été élaboré et il est actuellement en phase de publication au niveau du Secrétariat général du gouvernement. Ainsi, et compte tenu de la spécificité de l’activité des exportations agricoles, ce projet d’arrêté sera rétroactif, ce qui implique que les exportations réalisées depuis 2017 seront éligibles pour bénéficier des subventions. Quant aux mesures transverses (formation, innovation, mise à niveau, promotion, prospection des marchés, …), des conventions spécifiques seront signées par le gouvernement et les professionnels à ce sujet. La fédération précise que 28 conventions sont prévues, dont 10 entre les organisations professionnelles signataires et leurs membres et 18 conventions entre ces organisations professionnelles et le gouvernement. A ce jour, ces conventions sont en phase de finalisation et seront signées dans les prochaines semaines.
Si, pour l’heure, le contrat programme concerne huit filières, notamment la valorisation des agrumes, la valorisation des fruits et légumes, la transformation des fruits et légumes, l’industrie de l’huile d’olive, l’industrie laitière, l’industrie des viandes, l’industrie de la biscuiterie confiserie et chocolaterie, et l’industrie des pâtes et couscous, le président de la fédération avance que «des réflexions sont en cours pour traiter les autres activités de l’industrie agroalimentaire». Outre le contrat programme, les professionnels tiennent à signaler également l’impact de l’élargissement du principe de la TVA non apparente aux produits laitiers, adopté dans le cadre de la Loi de finances 2018. Il faut rappeler que cela s’inscrit dans le cadre des concertations menées, depuis plusieurs années, par la Fénagri avec la Direction générale des impôts qui avaient déjà abouti en 2016 à l’adoption du principe de la TVA non apparente pour les industries des fruits, légumes et légumineuses. La fédération estime qu’«il s’agit d’une avancée majeure pour notre secteur puisqu’elle lui permet pour la première fois de combler le différentiel de TVA qui existe entre les intrants et produits finis de l’industrie agroalimentaire, et de s’affranchir ainsi du déficit de compétitivité que ce différentiel créait». Il est clair que la mise en œuvre de l’ensemble du contrat programme reste la priorité principale de la fédération dont le président souligne «la poursuite des concertations avec les associations professionnelles et les différents départements ministériels impliqués afin de finaliser les conventions spécifiques, les textes réglementaires nécessaires, ainsi que pour activer la déclinaison régionale de ce contrat». Par ailleurs, en matière de fiscalité, Mohamed Fikrat ajoute que «nous continuerons d’œuvrer avec l’administration afin d’explorer toutes les pistes potentielles pour généraliser le principe de la TVA non apparente à l’ensemble du secteur agroalimentaire».

Maîtrise des coûts

En dehors des mesures fiscales et celles relatives à l’appui à l’investissement, le développement de l’industrie agroalimentaire passe par la recherche et l’innovation. Ce qui explique les efforts entrepris par la fédération pour redynamiser le Centre technique des industries agroalimentaires (CETIA). Une plateforme à la disposition des industriels pour mutualiser les efforts de R&D dans le secteur qui devront aboutir à une diversification de la production et donc à la création de produits à forte valeur ajoutée. C’est à ce prix, précisent les professionnels, que «nos produits pourront, d’une part, mieux se positionner sur les marchés traditionnels, et, d’autre part, conquérir de nouveaux débouchés». D’ailleurs, à ce sujet, plusieurs filières (biscuiterie, chocolaterie, pâtes et couscous ou encore conserves de fruits et légumes et des jus) sont parties à la conquête de nouveaux marchés, notamment les pays africains et ceux du Golfe. Il faut noter que les flux d’affaires déjà réalisés se sont traduits, selon la fédération, par une hausse significative des exportations vers ces régions. Ainsi, les statistiques de l’Office des changes montrent que les exportations marocaines vers les pays du Golfe ont plus que doublé sur les 5 dernières années, passant d’environ 300 MDH en 2012 à plus de 740 MDH en 2016.
Pour ce qui est de l’Afrique de l’Ouest, les exportations vers ces pays ont connu une augmentation de 14%, passant de 1,9 milliard de DH en 2012 à 2,2 milliards en 2016. Bien évidemment, il reste des défis à relever pour capter tout le potentiel de ces destinations, avec en particulier le renforcement de la connectivité logistique.
Etant un réel levier de compétitivité majeur pour les entreprises du secteur, la logistique est un chantier primordial pour la Fénagri qui estime que «l’optimisation de la logistique peut vite devenir un avantage compétitif pour nos entreprises» . A cet égard, l’externalisation des activités logistiques peut être une solution à envisager par les industriels. Ce qui, selon eux, peut leur permettre de contrôler les coûts de la logistique, tout en se concentrant sur leur cœur de métier.