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Agriculture bio : les opérateurs livrent entre 30 et 100 paniers de légumes par semaine
Six distributeurs structurés se partagent le marché. Un panier varié de 12 à 15 kg est vendu entre 150 et 200 DH. Les prix sont 15 à 20% plus élevés que pour les produits de l’agriculture conventionnelle.

Les paniers bio, effet de mode ou phénomène de société ? Les opérateurs répondent unanimement que le concept intéresse de plus en plus de ménages, mais il reste beaucoup de choses à faire pour élargir le marché. Au lancement de la distribution des paniers de légumes et fruits bio en 2005, la demande provenait principalement de familles étrangères, plus sensibles à l’agriculture biologique, installées au Maroc. A présent, les nationaux, principalement ceux de la classe moyenne, avertis et sensibilisés à la consommation de ce type de produits, s’y sont mis. Preuve en est l’augmentation notoire du nombre de distributeurs. On en comptait trois (deux implantés à Rabat et un à Dar Bouazza) en 2005, aujourd’hui, il sont six qui s’activent dans les environs de Casablanca et Rabat.
Selon Abdellah Madrani, président de Bio Assil, groupement de plusieurs fermes Bio certifiées, le nombre de paniers distribués, 30 par semaine, est en hausse constante. Slim Kabbaj, patron de la Vie Claire et vice-président de l’Association marocaine de la filière des productions biologiques (Amabio) région Centre, annonce 40 à 50 paniers par semaine pour son enseigne, tandis qu’Essouhoul, opérateur installé à Salé, en livre une centaine sur la même période, essentiellement à des ménages étrangers. Une petite baisse est cependant constatée durant les périodes de vacances par tous ces opérateurs.
D’un poids de 12 à 15 kilogrammes de légumes et fruits, le panier est vendu entre 150 et 200 DH en fonction de son contenu, sans parler des 50 DH de caution pour la cagette ou le panier. Tous les fruits et légumes ne sont pas pour l’instant l’objet d’une production biologique. Sont aujourd’hui disponibles la pomme de terre, la tomate, les salades, l’aubergine, la menthe, le cardon, le brocolis, le concombre, le chou, la cerise, la pastèque, le melon, la fraise, les oranges et les mûres. La coriandre, le persil ainsi que les plantes aromatiques et médicinales (thym, romarin et armoise) sont aussi cultivés.
Et l’offre va en se développant puisque plusieurs produits nouveaux sont en cours de développement afin, explique M. Madrani, de répondre aux besoins des clients qui deviennent de plus en plus exigeants. Ainsi, son groupement compte lancer la volaille bio. «Ce qui nous permettra d’enrichir le panier en proposant des œufs et de la viande blanche», indique M. Madrani dont les fermes, créées en 2009 à Benslimane sur une superficie de 30 hectares certifiés bio, sont dédiées au maraîchage et à l’arboriculture. Outre la distribution de paniers, Bio Assil est en négociation avec le groupe Label’Vie pour référencer ses produits.
Une large campagne de communication prévue en 2014
«Ce type de distribution permettra d’élargir l’offre et d’atteindre un plus grand nombre de consommateurs qui sont avertis et prêts à payer le prix qu’il faut pour avoir des produits bio», explique M. Madrani. En effet, les légumes bio coûtent plus cher que ceux des cultures conventionnelles. La différence est de 15 à 20%, selon Slim Kabbaj. Un niveau de prix qui s’explique par le rendement à l’hectare des cultures bio qui est inférieur à celui des cultures conventionnelles. A titre d’exemple, le rendement de la tomate bio se situe à 80 tonnes à l’hectare contre 150 tonnes pour la culture conventionnelle sous serres. Mais au ministère de l’agriculture, on précise que le niveau élevé du prix ne se justifie que lors de la période de conversion, soit pendant les 3 à 4 premières années de production bio. Car une fois que le sol a trouvé son équilibre, la production à l’hectare augmente.
Le développement de la consommation du bio reste certes bridé par le prix, mais il y a surtout un déficit de communication. C’est pourquoi les opérateurs, dans le cadre de leur association Amabio, prévoient le lancement, en 2014, d’une large campagne de sensibilisation pour mettre en exergue l’intérêt du «consommer bio». Dans le même ordre d’idées, Bio Assil est en phase de finaliser un accord avec l’association SlowFood qui œuvre pour la promotion du bio et du manger propre.
