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Agrégation agricole : un modèle réussi malgré les contraintes
• Elle a permis la mise en place de 65 projets pour un investissement global prévu à terme de 13,3 milliards de DH.
• Ils ont concerné 11 filières de production végétale et 4 filières de production animale.
• Plusieurs projets d’agrégation potentiels de nouvelle génération ont été identifiés par les différentes directions régionales d’agriculture.

L’agrégation agricole, mise en place dans le cadre du Plan Maroc Vert, a affiché des résultats probants. Il s’agit d’un nouveau modèle d’organisation des petits agriculteurs autour d’acteurs privés ou d’organisations professionnelles disposant de capacités fédératrices et managériales, qui permet notamment de dépasser les contraintes liées à la fragmentation des structures foncières tout en assurant aux exploitations agrégées la possibilité de bénéficier des techniques modernes de production et de financement et d’accéder aux marchés intérieur et extérieur. De leur côté, les agrégateurs peuvent garantir une base plus large d’approvisionnement pour leurs unités agro-industrielles avec des produits traçables et de meilleure qualité et améliorer aussi les conditions de commercialisation de leurs produits à travers l’amélioration de la logistique. C’est un partenariat win-win entre l’amont productif et l’aval commercial et industriel et ce, sur la base de contrats définissant clairement les engagements des deux parties. «Cette forme d’organisation a permis la mise en place de 65 projets pour un investissement global prévu à terme de 13,3 milliards de DH. Ils concernent à ce jour, une superficie de 184500 ha et un effectif de cheptel de 126 500 têtes au profit de 56 700 agrégés dont 80% ont moins de 5 ha dans les filières végétales et 65% ont moins de 5 têtes de cheptel dans les filières animales», explique El Mahdi Arrifi, directeur général de l’Agence de développement agricole (ADA). Ces projets sont répartis sur 9 régions dont plus de 50 sont concentrés au niveau des régions de Casablanca-Settat (13 projets), Rabat-Salé-Kénitra (11 projets) et Souss-Massa (11 projets). Ces régions regroupent 68% de l’ensemble des agrégés au niveau national. Il faut savoir que ces 65 projets d’agrégation concernent 11 filières de production végétale et 4 filières de production animale avec en tête la filière des agrumes (14 projets), suivie par le lait (8 projets) et l’arboriculture fruitiére (7 pojets). En termes de nombre d’agrégés, les filières des cultures sucrières, lait et cultures oléagineuses regroupent près de 90% de l’ensemble des agrégés.
L’agrégation agricole a eu un impact considérable sur l’amélioration des rendements et des revenus des agriculteurs dans les différentes filières. Le rendement moyen de la filière agrumicole est passé de 18 à 28 T/ha, soit une augmentation de 56% et le revenu moyen des agrégés est passé de 13 000 à 24 000 DH/ha. La filière oléicole a affiché des réalisations en progression également, dans la mesure où le rendement moyen a doublé, passant de 3 à 6 T/ha, et le revenu moyen a atteint 3 800 DH/ha contre 2 000, en croissance de 90%. Cependant, «même si nous avons pu atteindre des réalisations importantes en termes de projets d’agrégation, elles ne sont pas à la hauteur de nos ambitions, car notre agriculture fait face aujourd’hui à de nouveaux défis liés à la commercialisation et la valorisation qui ne peuvent être relevés sans la dynamisation de l’intégration entre les différents maillons de la chaîne de valeur», ajoute M.Arrifi. Pour rappel, le séminaire national sur l’agrégation agricole organisé en 2018, a permis d’identifier les clés du succès des projets déjà entrepris dans le cadre du PMV, mais aussi de repérer les points susceptibles de ralentir la mise en place de nouveaux projets d’agrégation dans les différentes filières agricoles tels que la lenteur des procédures d’approbation des projets d’agrégation et d’octroi des subventions, les seuils d’éligibilité jugés élevés pour certaines filières, la fluctuation des prix, causée par la forte intervention des intermédiaires et les difficultés rencontrées pour l’instauration de confiance entre l’agrégateur et les agrégés. «C’est justement sur les recommandations de ce séminaire qu’il a été proposé de réviser les arrêtés d’application de la loi 04-12 de l’agrégation agricole relatifs aux procédures d’approbation des projets d’agrégation agricole et d’octroi de la subvention forfaitaire et de la subvention à taux préférentiel», signale M.Arrifi.
Ainsi, deux nouveaux arrêtés d’application ont été publiés. «Ce nouveau dispositif réglementaire permettra la mise en place de projets d’agrégation de nouvelle génération dans le cadre de la nouvelle stratégie Generation Green 2020-2030, qui prévoit au niveau de son premier fondement relatif à la priorisation de l’élément humain, le lancement d’une nouvelle génération d’organisations agricoles à travers notamment l’essaimage de nouveaux modèles d’organisation, de coopératives agricoles et d’agrégation combinant offre de valeur économique et sociale», avance M.Arrifi. D’ailleurs, plusieurs projets d’agrégation agricole potentiels de nouvelle génération ont été identifiés par les différentes directions régionales d’agriculture.
«Il s’agit essentiellement de projets d’agrégation innovants qui joueront le rôle de hubs régionaux et nationaux pour le transfert des nouvelles technologies aux agriculteurs, notamment en matière d’agriculture digitale et qui tiennent compte, avant et au cours de leur mise en œuvre, des spécificités de chaque filière, région, agrégateur, producteurs, marchés, type de valorisation…», conclut le directeur général de l’ADA.
De nombreux avantages pour le petit agriculteur
Le modèle de l’agrégation agricole a montré toute son importance au profit des petits agriculteurs. En ce sens, ils ont bénéficié de plusieurs avantages dont l’augmentation de la productivité suite à l’assistance et l’accompagnement technique de l’agrégateur; l’amélioration des conditions de l’approvisionnement en facteurs de production ; un accès facile au financement et à l’assurance et la commercialisation de la production dans le cadre d’un contrat garanti par la loi sur l’agrégation agricole. D’autant que l’agrégé bénéficie des compétences de l’agrégateur en matière de connaissance des marchés et de capacité d’adaptation de l’offre de production en fonction des débouchés potentiels (choix variétal approprié, packaging adapté), de sa capacité à mobiliser les moyens logistiques à coût compétitif entre la production et le marché de destination, d’une base plus large d’approvisionnement pour les unités agro-industrielles avec des produits de meilleure qualité et de valoriser le surplus de la production à travers la transformation.
