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Affaires

Agneau, huile d’olive, huile d’argan, datte, safran… ces produits qui se font labelliser

La labellisation peut concerner l’origine géographique, la qualité du produit et le processus de transformation.
L’objectif est de valoriser un savoir-faire local et d’améliorer les revenus des producteurs, particulièrement dans les zones marginales.
La certification est effectuée par Normacert, Ecocert Maroc ou Bureau Veritas Maroc.

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Les produits labellisés ont été à l’honneur à l’occasion de la Ve édition du Salon international de l’agriculture au Maroc qui s’est déroulé du 28 avril au 2 mai. C’est en effet en marge de l’ouverture du salon qu’a été officiellement remis le label agricole agneau laiton (croisement entre béliers importés et brebis locales de race Timahdite, Boujaâd, Beni-Guil et D’man) au groupement constitué d’une dizaine d’éleveurs, membres de l’Association nationale ovine et caprine. Des échantillons de produits issus de l’Indication géographique protégée (IGP) argane et de l’Appellation d’origine protégée (AOP) huile d’olive Tyout Chiadma, reconnues en janvier 2010, ont également été présentés.
Avec l’entrée en vigueur de la loi 25-06 relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité (SDOQ) des denrées alimentaires et des produits agricoles et halieutiques en juin 2008(S), plusieurs demandes de reconnaissance ont ainsi été enregistrées dès janvier 2009. Ainsi, l’AOP Safran de Taliouine, l’IGP Clémentine de Berkane et l’IGP Dattes Majhoul de Tafilalet ont, elles aussi, été reconnues officiellement lors du SIAM et attendent la publication des arrêtés y afférents au Bulletin officiel. Reste l’AOP «Fromage de chèvre de Chefchaouen» et les IGP «Viande agneau Beni Guil» et «Viande chevreau de l’arganeraie» dont les dossiers sont en cours d’instruction.
Au total, 9 produits sont reconnus ou en voie de l’être. Mais le Maroc possède un tel potentiel que la liste est loin d’être exhaustive. Ainsi, il est également question de labelliser la rose de Kelaât M’gouna, la viande sardi, le miel de l’Atlas, la viande agneau Timahdit et les dattes «Aziza». Pour Khadija Bendriss, chef de la division de la labellisation au sein du ministère de l’agriculture, «le Maroc détient de véritables richesses en produits de terroir. Il ne tient qu’à nous de les préserver aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale afin d’en éviter toute usurpation ou fraude».

La certification reste à la charge du producteur mais, en 2011, des lignes de financement seront mises en place

Pour se faire labelliser, une procédure bien précise est toutefois prévue. Ainsi, la demande ne peut émaner que d’un groupement. La loi
25-06 stipule en effet que «la demande de reconnaissance d’un label agricole, d’une indication géographique ou d’une appellation d’origine, assortie du projet de cahier des charges, est présentée à l’autorité gouvernementale compétente (ndlr : la division de la labellisation au sein du ministère de l’agriculture) par les producteurs et/ou les transformateurs constitués en association, coopérative ou tout groupement professionnel, ou par les collectivités locales ou les établissements publics intéressés» . L’objectif est de permettre aux producteurs non structurés et non habitués à ce type de démarche d’être accompagnés dans leur demande. Car l’un des principaux objectifs de la labellisation est bien de valoriser un savoir-faire local et d’améliorer les revenus des producteurs, particulièrement dans les zones marginales. «L’appellation n’est pas une création. Elle valorise un produit dont l’origine et les qualités sont déjà reconnues de tous», précise Mme Bendriss. Une fois la demande déposée, la décision de reconnaissance est prise par le ministère de l’agriculture et des pêches maritimes après avis d’une commission nationale des signes distinctifs d’origine et de qualité. Reste à certifier la labellisation par un organisme spécialisé indépendant et agréé. Celui-ci peut être public ou privé. Pour l’heure, trois organismes privés ont été agréés : Normacert, Ecocert et Bureau Veritas Maroc. La certification est à la charge du demandeur, donc du ou des producteurs.
A partir de 2011, des lignes de financement seront destinées à subventionner le coût de cette certification. Si le produit est conforme au cahier des charges, le produit certifié peut dès lors être étiqueté avec le logo mentionnant le label. De quoi tenir également informé le consommateur de l’origine exacte du produit et des dates de production et de péremption. Le producteur ainsi que le consommateur sont alors protégés des abus éventuels des appellations. Par la suite, tout producteur qui n’a pas été à l’initiative de la demande peut réclamer le certificat auprès du ministère et de l’organisme certificateur. Ce dernier s’assure alors du respect des prescriptions du cahier des charges. 

20 MDH alloués au développement des produits de terroir

Pour Ahmed Khannoufi, chef de la division des produits de terroir au ministère de l’agriculture, «la labellisation est le couronnement du développement des produits de terroir» . Mais il reste à les commercialiser sur un marché local encore habitué à acheter son miel en bouteilles plastique alors que l’export est déjà tout acquis à la cause. Dans le cadre du plan Maroc Vert et de la structuration de cette stratégie, 20 MDH ont été alloués cette année au plan d’action qui prévoit d’identifier les produits de terroir et d’appuyer les producteurs. Un programme de recherche et développement destiné à mettre au point des techniques plus productives a également été prévu. Des études vont être lancées pour identifier les produits de terroir et évaluer les possibilités de développement, à l’image de celle initiée par Aziz Akhannouch, l’actuel ministre de l’agriculture, lorsqu’il était président de la région de Souss-Massa-Drâa. «Notre mission est de permettre aux coopératives de produire plus mais d’une manière durable et écologique. Le Maroc est actuellement en deçà de son potentiel de production en matière de produits de terroir», précise M. Khannoufi. Il est vrai que des produits comme l’huile d’argan, le safran ou encore les plantes aromatiques et médicinales sont déjà très demandés à l’export. Espérons qu’ils le seront un jour au Maroc. Pour encourager cette filière, les grandes et moyennes surfaces sont invitées à distribuer les produits, ce que fait déjà Marjane dans le cadre d’une opération pilote. Une campagne de promotion de grande échelle est aussi prévue par le ministère. Tout comme une convention avec le ministère du tourisme pour mettre en valeur les produits de terroir dans les circuits touristiques.

(S)A l’exclusion des vins qui font l’objet d’une réglementation du régime des appellations d’origine datant de 1977.