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Affaires

Afrique : Le maroc reste fortement concurrencé sur le continent

Le principal concurrent est l’Afrique du Sud. Le Nigéria commence à s’imposer en tant que puissance économique africaine. Cela dit, la Chine demeure le premier investisseur mondial en Afrique à côté d’une Inde qui monte en puissance.

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L’intérêt des investisseurs pour l’Afrique ne se dément pas. Avec une croissance annuelle moyenne de 5% et des secteurs d’activité économique encore vierges, il y a matière à exploiter sur le continent. C’est pour cette raison que nombre d’investisseurs de plusieurs pays s’accourent justement pour saisir les opportunités. Et elles ne manquent pas. D’ailleurs, plusieurs investisseurs marocains ont tourné le regard vers l’Afrique dans le cadre d’une coopération Sud-Sud et surtout l’Afrique subsaharienne.  Ce qui a propulsé le pays à la 1ère position des pays investisseurs en Afrique de l’Ouest et au 2e rang dans tout le continent, juste derrière l’Afrique du Sud. Le Maroc a certes déployé beaucoup d’efforts pour asseoir cette coopération Sud-Sud dans laquelle il s’est engagé. Pourtant, il reste toujours dépassé par d’autres pays en termes de poids et d’investissements.

En ne prenant que l’Afrique du Sud, force est de constater que le pays a une longueur d’avance par rapport aux autres pays investisseurs, capitalisant sur son dynamisme historique et sa diversité économique. Ses acteurs économiques investissent pleinement en Afrique et s’implantent un peu partout. Il est vrai que le pays avait comme ligne de mire l’Afrique Australe. Mais rapidement, il s’est étendu à l’Afrique de l’Est et à d’autres pays comme le Kenya, la Tanzanie, le Ghana, le Nigéria. En dépit de l’insécurité, la corruption et l’état calamiteux du pays, le Nigéria demeure un pays riche en opportunités et est devenu le 1er partenaire de l’Afrique du Sud avec une part de 21% dans ses exportations globales. Ce qui n’a pas empêché l’Afrique du Sud de préserver à 20% la part de ses exportations vers la Namibie, le Mozambique, la Zambie et le Zimbabwe. En tout cas, les investissements de l’Afrique du Sud ont touché à tous les secteurs ou presque, à savoir le transport ferroviaire au Cameroun ; l’électricité au Zimbabwe, en Zambie et au Mali; la construction au Malawi, au Mozambique ; la banque et la téléphonie au Nigéria ; l’emballage au Botswana ; la bière en Namibie ; l’aviation à Madagascar…

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A côté de ce mastodonte, un autre pays, en l’occurrence le Nigéria, est en train de s’affirmer en tant que puissance économique africaine. Le pays est actif sur tous les secteurs d’activité économique tels que l’industrie, les télécommunications, les services financiers… Si l’on se réfère au seul secteur bancaire, 7 établissements sont présents dans toute l’Afrique avec à leur tête UBA (United Bank for Africa) qui dispose de 15 filiales. A ses côtés, on compte la GBT (Garanty Trust Bank) et la FBN (First Bank of Nigeria), présentes au Ghana, en Tanzanie et au Kenya. A ces entreprises s’ajoutent aussi des sociétés qui opèrent dans les télécoms (Globacom Ltd) et les BTP (Dangot Cement) et qui comptent parmi les plus importantes dans le continent, concurrençant fortement celles des pays étrangers.

Les géants d’Asie s’imposent sur le continent

Bien que ces pays commencent à monter en puissance, ils n’ont pas réussi à détrôner la Chine qui s’impose toujours comme le 1er partenaire commercial mondial du continent noir. Dans un rapport publié par l’Institut Amadeus, les échanges commerciaux sino-africains s’élèvent à 200 milliards de dollars en moyenne, soit le double des échanges entre les Etats-Unis et l’Afrique. L’Empire du Milieu ne compte pas s’arrêter là. Il compte en effet porter ses échanges commerciaux avec l’Afrique à 400 milliards de dollars d’ici à 2020. Ceux-ci concernent globalement l’importation du pétrole, des minerais des pays producteurs comme l’Angola, la Zambie, l’Afrique du Sud… et l’exportation des textiles, des téléphones, des voitures… A la fin de l’année dernière, la Chine a dévoilé une feuille de route concernant ses investissements en Afrique pour les dix prochaines années.

Parmi ces principales orientations figure une aide financière de 60 milliards de dollars et des annulations de dettes, surtout celles concernant les taux zéro. Cela n’est pas une surprise puisque le pays annule régulièrement ce type de prêts que les pays sont incapables d’honorer et ce, depuis 2000. En plus, le pays compte investir en infrastructures en prévoyant de réaliser un projet d’un réseau ferroviaire à grande vitesse, un réseau autoroutier et un réseau d’aviation régional. Les derniers exemples montrent d’ailleurs le fort engagement de la Chine en Afrique. Le pays a en effet consacré 12 milliards de dollars pour la construction d’une voie ferrée au Nigéria, permettant la création de 200 000 emplois. Aussi, 10 milliards de dollars ont été déployés pour relier le port de Mombasa à Naïrobi, ce qui permettrait de diviser par trois le coût de fret. Le secteur des infrastructures n’est pas le seul secteur d’intervention de la Chine. En effet, 10 programmes de coopération sur trois ans ont été annoncés dans les domaines de l’agriculture, de l’industrialisation, de la santé, de la culture, de la protection de la nature ou encore du développement vert. Tout cela est prévu d’être combiné à un développement du secteur de l’éduction, de la lutte contre la pauvreté et l’amélioration de la sécurité…

Le partenariat sino-africain scellé depuis des années devrait contribuer à transférer une partie des capacités chinoises vers les pays africains. Ce qui devrait aider l’Afrique à toucher de ses mains son rêve d’industrialisation. De même, cela permettrait à la Chine de trouver des débouchés pour son offre excédentaire dans certaines industries.

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La ruée vers l’Afrique est fortement exprimée par l’Inde aussi. Le pays tente de rattraper son retard et l’a bien fait. Ses échanges bilatéraux avec le continent restent maigres comparativement à la Chine ; mais ils sont en constante amélioration. Ils sont passés de 30 milliards de dollars en 2010 à 90 milliards en 2015, soit le triple de leur niveau en 5 ans. Au delà des importations énergétiques, l’Inde compte se positionner dans les télécommunications, dans la pharmacie et dans les équipements. Le secteur de l’agriculture devrait s’exporter en Afrique aussi, sachant que l’Inde a forgé son développement essentiellement sur le modèle agricultural. Par ailleurs, l’informatique et la médecine participent également au développement des échanges entre les 2 pays. Dans ce cadre, un réseau panafricain de services en ligne a été implanté, allant de la télé-médecine au télé-enseignement. 40 pays bénéficient aujourd’hui de consultations médicales ou de formations, avec une liaison rendue possible par des satellites géostationnaires indiens. Cela sans parler des prestations de formation proposées par l’Inde et des bourses offertes aux étudiants.

Au delà de cela, l’Inde fournir aux Africains des prêts à des taux concessionnels, destinés à mettre en place des projets réalisés en coopération avec des sociétés indiennes. Le montant cumulé des prêts accordés par l’Inde depuis 2008 s’élève à 7,4 milliards de dollars. En outre, de nouveaux prêts ont été octroyés récemment.  Etalés sur 5 ans, ces prêts totalisent 10 milliards de dollars, soit le double de la somme accordée en 2011. En revanche, les dons accordés au continent ont baissé de moitié à 600 millions de dollars. Cela dit, ils ont été compensés par le doublement du nombre d’étudiants éligibles aux bourses, qui passent de 25 000 à 50 000 pour les cinq ans à venir. 

Que ce soit en Asie, en Europe, aux Etats-Unis, ou même à l’intérieur de l’Afrique, bon nombre de pays se concurrencent, à armes égales ou non, pour faire du continent noir leur partenaire peut-être même privilégié. Et il faut dire qu’au delà de l’intérêt économique que présente cette zone, autrefois boudée et jugée désenclavée, toute l’importance de l’Afrique se présente également sur le plan politique et diplomatique.