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Afrique-Europe : vers un partenariat rénové

Le déséquilibre des relations est critiqué par les acteurs des deux continents. Immigration, changement climatique, terrorisme…, les enjeux du moment nécessitent une refonte globale du partenariat.

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Afrique Europe vers un partenariat renove

L’année 2017 restera dans les annales de la diplomatie mondiale et euro-africaine. En effet, à l’heure ou nous mettions sous presse se tenait la 5e édition du Sommet UA-UE, organisée le 29 et 30 novembre à Abidjan en Côte d’Ivoire. «Investir dans la jeunesse pour un avenir durable», est le thème principal de ce grand évènement. Choix évident, puisque, faut-il le rappeler, 60% de la population africaine est jeune, d’autant plus qu’un quart de la population mondiale sera africaine d’ici 2040, selon l’Unicef.

Plusieurs questions se posent : ce grand rendez-vous sera-t-il celui d’un partenariat rénové comme promis par les décideurs des deux continents ? Annoncera-t-il l’instauration d’un nouveau paradigme de coopération basé sur l’égalité et rompant avec les anciens schémas «coloniaux», comme souhaité par nombre d’observateurs et d’acteurs non étatiques ? Sera-t-il couronné par la mise en place d’un «Plan Marshall» évoqué par plusieurs leaders africains et recommandé par le président du parlement européen? Nous aurons les premiers éléments de réponse dans le futur proche, mais tout porte à croire que les choses vont évoluer, et ce, pour plusieurs raisons au-delà des vœux exprimés ici et là.

D’abord, cette 5e édition coïncide avec le 10e anniversaire de l’adoption de la Stratégie conjointe Afrique-Europe (JAES) et l’arrivée à échéance de la feuille de route 2014-2017 de cette même stratégie. De plus, l’accord de Cotonou arrivera à terme en 2020. Signé en 2000 pour une durée de 20 ans en remplacement de l’accord de Lomé (1975), ce dernier est un des cadres majeurs de la coopération euro-africaine bien qu’il concerne outre l’Afrique, les pays des Caraïbes et du Pacifique (APC). A noter que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Égypte ne font pas partie de cet accord et sont liés à l’UE par d’autres cadres de coopération dont principalement celui de la politique de voisinage (PEV) et le partenariat euro-méditerranéen.

Déséquilibre en faveur de l’UE des Accords de partenariat économique (APE) -prévoyant la suppression des droits de douane sur les exportations de l’UE-, critique des systèmes d’aide au développement ou de la classification géographique liant l’Afrique aux Caraïbes ou aux pays du Pacifique… Tels sont les griefs des économistes africains et de la société civile dans les deux continents, justifiant selon eux la révision profonde de l’accord de Cotonou. C’est dire que la refonte du partenariat euro-africain est une urgence. Cela sans compter les nombreux bouleversements qu’a connus le monde cette dernière décennie. Montée de l’extrémisme, problématiques migratoires et environnementales, Brexit fragilisant l’UE, croissance non inclusive et chômage de masse en Afrique, concurrence de la Chine et d’autres pays émergents en Afrique…. Ce sont là quelques exemples de ces bouleversements qui devront peser pour une coopération meilleure.

Présence remarquée du Souverain lors du Sommet

«Seuls 14 kilomètres séparent l’Europe et l’Afrique. Et, comme pour tous les voisins, ce qui se passe chez l’un a des répercussions sur l’autre. Que l’on pense à la création d’emplois, à la lutte contre le changement climatique, à une gestion régulée des migrations ou à la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, la clé du succès repose sur notre partenariat. Un partenariat d’égal à égal, dégagé de la relation donateur-récipiendaire désormais dépassée», peut-on lire dans une tribune cosignée par Federica Magherini, Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et Neven Mimica, Commissaire européen à la coopération internationale et au développement.

Fait important à signaler, le Souverain est parmi les chefs d’État et de gouvernement africains et européens de la partie, contrairement à la 4e édition du Sommet tenue à Bruxelles en 2014. Lourde de signification, cette présence renseigne sur les enjeux multiples pour le Maroc, notamment après son retour à l’UA.

Autre point fort de cette 5e édition, le point de vue des différents acteurs non gouvernementaux sera pris en compte par les décideurs. En effet, plusieurs évènements préparatoires avaient été tenus dans ce sens comme le Forum de la société civile Afrique-UE (11-12 juillet), le Sommet Afrique-Europe de la jeunesse (9-11 octobre), le Forum des acteurs économiques et sociaux Afrique-UE (16-17 novembre) ou le Forum des affaires UE-Afrique 2017 (27 novembre).

Au 4e sommet UE-Afrique à Bruxelles, les chefs d’État et de gouvernement africains et européens avaient fixé 5 priorités au titre de la feuille de route 2014-2017, à savoir «Paix et sécurité» ; «Démocratie, bonne gouvernance et droits de l’Homme» ; «Développement humain» ; «Développement et croissance durable et inclusive et intégration continentale» et «Questions globales et émergentes». A l’occasion du 5e sommet, d’autres priorités seront fixées à l’instar de «investissements et commerce» ainsi que celles ayant trait à la jeunesse comme «le développement de compétences» et «la création d’emplois».

[tabs][tab title = »Repères« ]I- Accord de Cotonou L’accord a été signé le 23 juin 2000, pour une durée de 20 ans, avec une clause de révision tous les 5 ans, entre les 15 pays de l’UE et 76 pays d’Afrique, des Caraïbes et de l’océan Pacifique (ACP). Il succède aux Conventions de Lomé qui régissaient depuis 1975 les relations entre l’UE et les pays ACP et vise à réduire et, à terme, éradiquer la pauvreté, à soutenir le développement économique, culturel et social durable des pays partenaires et à faciliter l’intégration progressive de leur économie dans l’économie mondiale. II- La stratégie conjointe UE-Afrique Elle constitue le cadre général à long terme pour les relations Afrique-UE depuis 2007. Elle est mise en œuvre par les priorités définies parallèlement, qui sont d’intérêt commun pour l’UE et l’Afrique et qui ont un impact significatif sur la vie quotidienne des citoyens sur les deux continents. Dans chaque domaine de la coopération, l’accent est mis sur les actions au niveau régional et mondial, continental ou croisées et dans lequel les acteurs participants ont une capacité collective à offrir.[/tab][/tabs]