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Accord ministère-pharmaciens : Les précisions de Mohamed Lahbabi

Pour le président de la Confédération des syndicats des pharmaciens au Maroc, il n’y a encore rien de concret. Les deux parties n’ont pas signé d’accord mais seulement le PV de la réunion du samedi. Une commission mixte a toutefois été mise sur pied et tiendra réunion dès la semaine prochaine. Elle étudiera les 27 revendications du secteur et décidera des délais de mise en vigueur…

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Samedi 15 avril, suite à une grève nationale largement suivie où 99,5 % des officines étaient fermées, les pharmaciens et le ministère de la Santé ont trouvé un terrain d’entente. Lors de la réunion, les deux parties ont signé le procès-verbal par lequel le ministère s’engage à répondre et mettre en application les revendications de la profession.

«Nous n’avons pas signé d’accord pour l’instant. Donc, il n’y a encore rien de concret pour la profession, mais les prémices sont bonnes », déclare à La Vie éco Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens au Maroc. Pour ce professionnel, c’est un bon début, puisque le département de tutelle s’est engagé à associer les pharmaciens à tous les projets en cours d’opérationnalisation, relatifs au secteur de la pharmacie. C’est pourquoi une commission mixte chargée de la veille et du suivi de la mise en application des revendications a été créée et tiendra sa première réunion après Aid El-Fitr. Cette structure regroupant les représentants des professionnels et le ministère de la Santé examinera les revendications et fixera les délais de leur mise en vigueur.

Parmi les vingt-sept revendications, on retiendra l’élaboration d’une loi-cadre relative aux compléments alimentaires, la définition d’un cadre légal pour la fixation des prix des dispositifs médicaux, le contrôle du circuit légal des médicaments vétérinaires et l’étude de l’octroi du droit de substitution des médicaments.

La commission devra également se pencher sur la révision du modèle économique des pharmacies et la mise en place, à l’instar de ce qui se fait sous d’autres cieux, de nouvelles missions pour les pharmaciens qui seraient rémunérés pour les services de santé rendus en appui aux établissements de santé, notamment les hôpitaux et les cliniques.

«Il n’y a pas de revendications prioritaires, elles sont toutes importantes !»

Selon la Confédération des syndicats des pharmaciens au Maroc, la nouvelle commission travaillera sur la base des conclusions d’une première commission, rendues en 2018. «Il s’agissait d’une commission mixte aussi qui avait examiné la situation du secteur et les revendications des professionnels. Un travail qui a duré huit mois et qui nous servira de base aujourd’hui», explique Mohamed Lahbabi. Ce dernier ne manque pas de souligner qu’il y a urgence aujourd’hui, vu la situation des officines, de mettre en application les revendications professionnelles des pharmaciens.

Aujourd’hui, selon des chiffres officiels, le tiers des pharmacies du pays sont en grande difficulté. Pour la Confédération des syndicats des pharmaciens au Maroc, «un autre tiers tient le coup grâce au crédit fournisseurs, alors que ce dernier tiers, notamment les nouvelles installations, vivote».

Pour les professionnels, la politique de révision des prix des médicaments mise en place dès 2013 par le ministère de la Santé, et ce, conformément au décret 2-13-852, est la cause de la crise du secteur. Ils estiment que la révision des prix des médicaments et l’absence d’une compensation de l’État ont eu pour conséquence une baisse des revenus des pharmaciens. Elle s’est également traduite par la disparition des médicaments à petit prix – très demandés par les patients – des rayons des pharmacies.

Pour Mohamed Lahbabi «cette politique a raté son objectif premier qui est de faciliter l’accès des patients aux médicaments. Preuve en est la baisse de la dépense moyenne nationale de médicaments qui est passée de 425 dirhams en 2011 à 400 dirhams actuellement».

Aujourd’hui, les professionnels estiment qu’il faut trouver une solution adéquate pour garantir l’accès aux médicaments et la solvabilité des officines. L’adoption du droit de substitution et la mise en place de nouvelles missions (vaccination, injections, tests ou encore le suivi des patients souffrant de maladies chroniques) pourraient contribuer à cela…