Affaires
Accor se désengage des hôtels Almohades
Le groupe français n’a pas trouvé de compromis avec la Somed,
propriétaire des murs.
Il mène des négociations pour récupérer la gestion
de 4 autres hôtels 5 étoiles.
Un nouveau concept hôtelier sera lancé à Agadir et Marrakech
sous l’enseigne Novibis.
L’objectif affiché d’Accor depuis son installation au Maroc est d’arriver très vite à une taille critique de 7 000 chambres. Pour cela, le groupe devait nécessairement investir mais aussi passer par des contrats de gestion ou de location.
Mais si pour ses projets d’investissements, il maîtrise, en général, tous les paramètres relatifs à l’exploitation de ses nouvelles unités, lorsqu’il s’agit d’un contrat de gestion ou de location, il n’en est rien. Le groupe est souvent soumis à la volonté du propriétaire de l’établissement. C’est notamment ce qui s’est produit avec les trois hôtels Almohades de Casablanca, Tanger et Agadir, propriété de la Somed (Société Maroc Emirats Arabes Unis de développement) et gérés depuis près de cinq ans sous l’enseigne Mercure.
Depuis quelque temps déjà, le groupe était confronté à deux dilemmes. Le premier, des loyers trop lourds notamment à Agadir où Accor devait reverser à la Somed, environ 13 MDH de loyer, soit 40 % du chiffre d’affaires réalisé. A Tanger et à Casablanca, les loyers étaient quant à eux fixés à 5 MDH par unité. Les recettes de ces établissements n’étant pas très bonnes, Risma, la filiale d’Accor, a cumulé, pour ces 3 établissements, 25 MDH de pertes en cinq ans.
Second dilemme : le montant conséquent des investissements destinés à remettre à niveau ces unités. Car pour le groupe Accor le client d’un hôtel Mercure doit retrouver les mêmes standards de l’enseigne dans les établissements marocains. Accor à d’abord estimé ce besoin en investissement à 60 MDH. Mais devant le refus du propriétaire d’investir une telle somme, il l’a ramené à 30 millions. Jugeant que la Somed n’est pas pressée de faire un geste, les actionnaires d’Accor avaient pris la résolution de renégocier le contrat ou de remettre les clés à l’échéance du contrat prévu pour fin 2003. N’ayant pas trouvé de compromis, le groupe français a donc décidé de se séparer de ces établissements.
Mariott reprendra la gestion des hôtels en janvier
Cela dit, la Somed a déjà trouvé un nouveau gestionnaire, en l’occurrence le groupe anglais Mariott qui compte gérer ces établissements sous l’enseigne Ramada dès janvier prochain.
Pas de grief chez le Groupe français. «Nous souhaitons que la fin de ce contrat s’opère de façon professionnelle et la plus courtoise possible», souligne cependant Marc Thépot, directeur général d’Accor Maroc. Mais pour Risma, la filiale d’Accor qui gère aujourd’hui 19 unités au Maroc, l’étendard de Mercure ne flottera plus que sur un seul établissement, le Mercure Sherazade de Rabat, propriété du groupe. Du coup, selon des sources proches du groupe, cet établissement passera prochainement sous l’enseigne Ibis.
Habitué jusqu’ici à développer son implantation au Maroc d’une manière progressive, Accor compte donc très vite remplacer les unités perdues. «La stratégie d’Accor est très simple : développer des hôtels en propriété et éviter les contrats de gestion où l’on ne maîtrise pas le niveau et la qualité des investissements. Nous cherchons donc des partenaires qui comprennent les obligations de mise à niveau du produit», explique Marc Thépot.
Pour ce faire, le groupe français multiplie les contacts avec des partenaires marocains pour acquérir en gestion les plus prestigieux établissements du pays. Des tractations seraient d’ailleurs bien avancées avec un groupe marocain qui possède plusieurs fleurons de l’hôtellerie marocaine. Les négociations ont été menées par le biais de la banque d’affaires Casablanca Finance Group (qui est elle même actionnaire à hauteur de 10 % dans Risma). Mais, «pour ne pas faire capoter les transactions», il est encore trop tôt pour divulguer le nom de ces établissements.
Accor investira
2 milliards de DH d’ici à 2009
Pour le moment, La Vie éco a appris qu’Accor projette de prendre ces établissements en gestion pour compte pour une période de 3 ans environ avec une option d’achat à l’issue de ces délais. Le groupe français est déjà présent dans les villes où sont implantés ces hôtels mais d’un point de vue commercial «cette synergie va permettre d’améliorer la rentabilité des hôtels d’Accor», souligne une source proche du groupe.
Jean Robert Reznik, directeur général Loisirs du groupe Accor multiplierait d’ailleurs ses voyages au Maroc pour faire aboutir les négociations… A côté de cela, le groupe, toujours par l’intermédiaire de CFG, serait en pourparlers avec le propriétaire du «Royal Anfa», le nouveau cinq étoiles de Casablanca (situé sur le boulevard du même nom) pour en récupérer la gestion. Mais sur cet établissement, deux autres enseignes sont également en lice : la chaîne allemande Kempinsky et la chaîne anglaise Mariott. La partie n’est donc pas gagnée d’avance.
Avec 2 500 chambres, Accor arrive aujourd’hui à une période charnière de son développement au Maroc. L’augmentation du capital de Risma initiée récemment devra lui permettre de renforcer son assise financière pour financer la seconde phase de son développement au Maroc. Celle-ci comprendra notamment le lancement, dans quelques mois, des travaux du complexe «Casablanca City Center» en plein cœur de la capitale économique et la poursuite du développement du réseau Ibis avec trois nouvelles ouvertures d’ici 2007 .
Le groupe compte également lancer un nouveau concept hôtelier sur Agadir et Marrakech sous l’enseigne Novibis. «Le concept consiste à installer sur le même site les deux enseignes Novotel – 4 étoiles et Ibis – 3 étoiles de telle sorte que le mix-prix est tiré vers le haut et que la base des coûts d’exploitation est mutualisée», explique-t-on chez Accor.
Cette stratégie doit permettre à Risma de contrôler à l’horizon 2008 un parc hôtelier de 3 432 chambres, représentant près de 1,9 milliard de dirhams d’investissement cumulés
