Affaires
«Al Omrane est en phase avec ses objectifs malgré une conjoncture sectorielle difficile»
Le groupe décline une nouvelle politique d’adaptation de l’offre à la demande et aux variations de stocks. Le holding prépare un nouveau plan de relance pour le logement à 140 000 DH.

Le conseil de surveillance du groupe Al Omrane s’est réuni le 29 juin pour faire le bilan de l’année 2014. Quels sont les faits marquants de l’exercice écoulé ?
Parmi les faits saillants de 2014, on peut citer d’abord le lancement par SM le Roi de certains projets à vocation sociale. Par ailleurs, notre groupe a eu l’honneur d’être partie prenante de deux conventions signées devant le Souverain relatives au plan de développement de la région du Grand Casablanca sur la période 2015-2020. Dans ce cadre, Al Omrane s’est vu confier la réalisation d’importants programmes urbains de plus de 2,8 milliards de DH, confortant ainsi davantage la stratégie d’accompagnement de la régionalisation par notre groupe. L’année 2014 a aussi connu le démarrage du Plan de relance de la ville de Tamansourt. Un autre fait marquant, concernant la lutte contre l’habitat insalubre, a été la contribution du groupe en tant qu’opérateur à éradiquer des poches emblématiques et historiques notamment à Casablanca telles que les douars Skouila, Bachkou et une grande partie de Carrière centrale. En tout, le groupe a contribué pour le compte, et avec le ministère de l’habitat et les autorités locales à permettre à plus de 1,1 million de Marocains d’accéder à un logement décent et d’améliorer leurs conditions de vie. Enfin, il est à signaler que notre première phase de réformes entamée il y a quelques années a été achevée conformément à notre plan initial, nous permettant d’aborder ainsi la seconde étape.
Face à la crise que connaît le secteur immobilier, comment l’activité du groupe Al Omrane s’est-elle comportée en 2014 ?
Malgré la conjoncture que traverse le secteur, le groupe Al Omrane est en phase avec les objectifs arrêtés au titre de 2014 par son conseil de surveillance. Les performances réalisées sont conformes aux attentes du marché et de la commande publique. C’est ainsi que nous avons pu mettre en chantier 26 743 unités de production nouvelle et 81 473 unités de mise à niveau urbaine. Par ailleurs, le groupe a concentré ses efforts sur les achèvements avec 30964 unités de production nouvelle et 63 216 unités de mise à niveau urbaine au cours de l’exercice passé.
Qu’en est-il de vos indicateurs financiers ?
Ils sont bien orientés et s’améliorent d’année en année comme rappelé par notre conseil de surveillance. Le chiffre d’affaires s’est établi à près de 5 milliards de DH (Ndlr : contre 4,9 milliards de DH en 2013), notre endettement continue à baisser grâce aux réformes que nous avons entreprise et à la stratégie mise en place il y’a quatre ans. Malgré l’optimisation de nos coûts et charges grâce notamment à la mutualisation adoptée au sein du groupe, les investissements ont atteint 6,13 milliards de DH, permettant à nos sociétés de continuer à jouer leur rôle aussi économique. Je rappelle également que nos réalisations ne s’inscrivent pas dans une logique de recherche des chiffres, mais bien au contraire de réponse aux attentes réelles du marché et de celles de la commande publique. C’est ce que nous appelons une «production saine et utile», bien réfléchie et étudiée, car soumise aux filtres des pré-requis: faisabilité technique, commerciale, foncière et financière, une manière de se prémunir contre certains disfonctionnements du passé qui ont généré d’ailleurs ce lourd passif hérité sur lequel nous déployons tous les efforts nécessaires pour le dépasser au plus vite.
Les grandes lignes d’un plan de relance du logement à 140000 DH ont été présentées lors de votre conseil de surveillance. Quel bilan pour ce dispositif et en quoi consisteront ses mesures de relance ?
A ce jour, ce sont plus de 50 000 unités à faible valeur immobilière totale qui ont été lancées à travers plusieurs régions du royaume. Le groupe a, en effet, présenté lors de son conseil de surveillance un projet de plan de relance de cet important programme. Il englobe plusieurs axes notamment ceux relatifs au foncier qu’il faut mobiliser pour accompagner les besoins, le financement adossé à la garantie étatique dont il faut encore faciliter l’accès aux bénéficiaires et la demande qu’il s’agit de mieux cerner. Ce à quoi s’ajoute un volet institutionnel et législatif visant à élargir la population cible et aussi à aligner les incitations dont bénéficie ce dispositif sur ceux du logement à 250 000 DH qui est venu par la suite. Ce plan de relance a été partagé avec le ministère de l’habitat et de la politique de la ville et il est en cours de discussion avec les autres membres de notre conseil. Compte tenu des aspects transversaux liés à la réalisation du logement à
140 000 DH, qui est un chantier gouvernemental dont la mise en œuvre a été confiée principalement à Al Omrane, son plan de relance sera bien entendu traité avec les différents départements concernés avant sa finalisation.
Qu’en est-il de votre production de logements sociaux (250 000 DH) et d’habitats pour la classe moyenne ?
Nous réalisons des programmes sociaux en propre dans une cinquantaine de villes dont certaines sont peu ou pas investies par les promoteurs privés. Nous privilégions sur ce segment le partenariat avec les promoteurs en mettant à leur disposition, dans un cadre contractuel, du foncier que nous aménageons. S’agissant de la classe moyenne, le groupe accorde une attention particulière à cette frange de la population. Je tiens à préciser que 19% des programmes que nous développons en propre sont consacrés à cette catégorie dans le cadre d’opérations intégrées pour favoriser une mixité sociale et pour réaliser une péréquation entre nos différentes activités. S’agissant particulièrement du dispositif du logement pour la classe moyenne mis en œuvre ces dernières années par le gouvernement, le groupe est une locomotive sur ce programme puisque nous sommes à l’origine de 42% du total des unités conventionnées, soit 2 789 logements. Sur ce chiffre,
1 967 unités sont aujourd’hui mises en chantier. Et nous examinons actuellement les possibilités de fonciers pouvant être mis à la disposition des promoteurs qui souhaitent s’impliquer dans ce programme dans le cadre du partenariat avec le secteur privé.
Loin de cette logique de partenariat, il est souvent reproché au groupe Al Omrane de concurrencer les opérateurs privés…
Pas du tout, nous sommes très loin d’une logique de concurrence. Bien au contraire, 25% des logements sociaux produits à ce jour au niveau national par les promoteurs privés l’ont été sur des terrains aménagés par Al Omrane. Pour nos opérations propres dans ce segment, nous intervenons principalement dans les régions en déficit, et dans 33 petites villes et 15 moyennes. Ensuite, nous essayons de développer des projets modèles en termes d’efficacité énergétique par exemple, le cas du projet «El Karama» à El Hajeb en est une illustration. N’oubliez pas non plus que 85% de notre activité consiste en la réalisation des programmes gouvernementaux : VSB, HMR, contribution à la lutte contre l’informel, la faible VIT, les villes nouvelles et les pôles urbains, la restructuration des quartiers sous-équipés et la mise à niveau urbaine… Vous pouvez ainsi constater qu’on est bien loin de concurrencer les promoteurs privés qui sont sur d’autres segments. La vocation d’Al Omrane reste éminemment sociale et orientée principalement aux populations les plus démunies. Pour rappel, sur
151 000 unités achevées par le groupe sur les 4 dernières années, près des deux tiers sont destinés aux couches sociales défavorisées, soit près de
100 000 unités. Dans ce dernier total, figurent les logements à 140 000 DH et des lots de terrain destinés aux bénéficiaires des programmes de lutte contre l’habitat menaçant ruine, les logements informels ou encore les bidonvilles. Pour ce dernier aspect par exemple, Al Omrane réalise 83% du programme d’éradication des bidonvilles du pays, le reste est assuré dans sa quasi-totalité par d’autres opérateurs publics.
Qu’en est-il de l’assainissement des opérations réalisées sur du foncier non apuré héritées par Al Omrane?
C’est une de nos priorités majeures car il s’agit de régler des problèmes dont souffre le citoyen. C’est tout naturellement qu’une attention particulière est accordée à ce dossier tant par le groupe bien évidemment que par le Conseil de surveillance vu sa transversalité. Il s’agit d’opérations historiques lancées bien avant la fusion, et avant la mise œuvre de notre nouvelle génération de projets qui obéissent comme je l’ai dit auparavant au respect préalable des pré-requis de faisabilité technique, foncière, commerciale et financière. Nous avons créé dès 2011 une cellule dédiée au traitement de ce passif historique dont la consistance est importante et qui porte sur plus d’une centaine de milliers de cas. La mobilisation de cette cellule et les efforts convergents de différents départements ministériels et administrations concernées ont permis d’en régler une très grande partie sur des opérations problématiques dont plus de 20 139 cas pour la seule année 2014. C’est ainsi que plusieurs dossiers ont pu être résolus notamment sur des programmes sociaux à Marrakech, Kénitra, Ouarzazate et Khouribga. Et tout juste à la fin de ce mois de juin nous avons pu traiter avec succès, grâce à l’intervention des services du Chef de gouvernement, des ministères de l’habitat, de l’intérieur et des finances et des eaux et forêts 5800 cas supplémentaires relatifs à des projets emblématiques bloqués depuis plus de 20 ans à Agadir, Essaouira et Marrakech.
Quels sont vos grands chantiers pour 2015 ?
Les principales prévisions pour l’année en cours portent sur la mise en chantier de 35 150 unités de production nouvelle et 69 116 unités de mise à niveau urbaine. Côté achèvements, nous tablons sur la production de 41561 unités nouvelles et 66 171 unités de mise à niveau urbaine. Le tout mobilisera un volume d’investissement de 6,3 milliards de DH. Nous comptons aussi renforcer notre action pour apurer le passif historique. L’année 2015 verra le démarrage de notre seconde phase de réformes dans le cadre de notre «Vision 2020» qui est en train d’être arrêtée avec nos collaborateurs. Il comprend plusieurs projets stratégiques comme l’accompagnement de la régionalisation avancée, l’amélioration de la performance de conduite des projets, le renforcement des compétences de nos ressources humaines, l’implémentation d’un nouveau système d’information, la généralisation du processus de qualité totale au sein de toutes nos sociétés ainsi que la mise en place d’un Plan de gestion environnemental.
