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A peine une cinquantaine d’applications mobiles développée au Maroc !
Le développement d’une application mobile standard peut coûter entre 100Â 000 et 200Â 000 DH. Le haut niveau de pénétration du mobile offre d’intéressantes perspectives à cette activité. La communauté de développeurs émerge à peine dans le pays.

Que ce soit pour consulter son compte bancaire, accéder à des services de proximité ou regarder la météo, les applications mobiles ont révolutionné la façon d’accéder à l’information ou d’exécuter les opérations de la vie quotidienne. Ayant suscité le même engouement qu’ont connu les e-services sur Internet il y a quelques années, les services mobiles ou «m-services» commencent à se développer au Maroc et offrent un marché aux énormes potentialités. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans la dernière étude de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), le taux de pénétration des téléphones mobiles est estimé à 112,59% au terme du premier trimestre 2012, soit un parc de 36,2 millions de téléphones mobiles. Autre chiffre très intéressant, le tiers des connexions aux 4,5 millions de comptes Facebook marocains se fait via le téléphone mobile, dont 465 000 par un Smartphone. Ces derniers sont d’ailleurs estimés par les acteurs du marché à plus de 1,5 million unités circulant au Maroc. Une telle infrastructure offre des opportunités intéressantes pour le développement des applications mobiles.
L’application mobile doit répondre à un besoin réel de l’utilisateur
Globalement accessible, le prix de développement peut toutefois atteindre des sommets (jusqu’à 10 MDH) selon les fonctionnalités intégrées, l’importance des mises à jour et le type de plateforme sur lequel elle est développée. «Pour une application média classique avec une charte graphique pas très élaborée et des push réguliers, le prix peut se situer entre 100 000 et 200 000 DH», nous confie un professionnel du secteur. Mais le développement n’est pas uniquement une question de coût. Pour une bonne application, il faut premièrement définir le besoin et les fonctionnalités qui l’accompagnent. En ce sens, une application mobile réussie est celle qui répond à un besoin réel de l’utilisateur et non pas uniquement à un souci de présence virtuelle. «Avant de développer les services e-gov, par exemple, il faut déjà commencer par rendre les services administratifs classiques opérationnels et plus transparents», déclare Jamal Benhamou, directeur du Soft Center à l’ANRT et président de la commission progiciels du Cluster TIC Maroc Numeric. En effet, dans l’absolu, l’application mobile n’est qu’une extension d’une offre déjà présente sur laquelle elle s’adosse et qu’elle cherche à compléter ou à rendre plus accessible.
D’après une étude menée par le fournisseur d’analyses américain Flurry, après trois mois de la première utilisation, uniquement 24% des personnes continuent à utiliser une application et ce nombre descend à moins de 4%, 12 mois après le téléchargement de l’application. «Le succès d’une application ne se calcule pas en nombre de téléchargements mais en termes d’utilisation. Le principal défi consiste alors pour l’application à durer dans le temps et pour cela il faut qu’elle offre un contenu dynamique tout en étant évolutive en proposant des mises à jour régulières», explique Hatim Rih, DG de Bitdyne, société spécialisée en conseil et en développement mobile.
Seulement deux opérateurs structurés dans le secteur
En plus de prendre conscience de l’enjeu de pérennité, les entreprises commencent également à connaître de manière plus précise leurs besoins. Car si le catalogue d’applications s’est au départ développé autour des services liés à la messagerie, à la gestion de contacts et à l’agenda, aujourd’hui les entreprises ont de nouvelles demandes, beaucoup plus professionnelles, pour répondre à de nouveaux besoins comme ceux concernant la gestion, le commerce, le marketing, la communication ou les ressources humaines. D’ailleurs, et en fonction de l’utilisation à laquelle elles sont destinées, on peut faire la distinction entre les applications marketing et les applications de gestion. Si les premières sont disponibles et largement diffusées sur les stores, les applications de gestion sont plutôt destinées en interne aux collaborateurs de l’entreprise pour faciliter certains processus métiers.
Pourtant, malgré les opportunités offertes par les m-services, les applications mobiles marocaines restent très peu nombreuses, pas plus d’une cinquantaine sur les plateformes de téléchargement. Ce retard est expliqué en partie par le manque de compétitivité. Uniquement deux ou trois acteurs sérieux essaient de tirer leur épingle du jeu dans un marché caractérisé par une demande encore mitigée de la part des entreprises. Sans compter une communauté de développeurs marocains qui émerge à peine.
