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A peine 2% des échanges du Maroc sont réalisés avec les pays de l’UMA !
Le Maroc fait le gros de ses échanges maghrébins avec l’Algérie et la Tunisie. Il exporte principalement des médicaments, des cà¢bles et conducteurs électriques, de l’acier laminé et des biens d’équipements. La Tunisie et la Libye sont mieux intégrées dans le commerce maghrébin.

Le Maroc peine toujours à se tourner vers ses voisins immédiats lorsqu’il s’agit de commerce. Selon l’Office des changes, à fin août 2013, les échanges extérieurs du Royaume avec la Tunisie, l’Algérie, la Libye et la Mauritanie ont totalisé 11,4 milliards de DH, soit à peine 2 % du total de ses échanges. Par rapport à la même période de l’année dernière, la baisse est de 2%, à 11,6 milliards de DH. Ce constat n’est pas le propre du Royaume. Selon la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA) se sont échangés, en 2012, pas plus de 5,7 milliards de dollars, soit 3,3% à peine du total de leurs échanges extérieurs.
Premier élément marquant à relever dans ces chiffres : la communauté des affaires s’affranchit tant bien que mal des clivages politiques. En effet, le Royaume fait 72% de ses échanges maghrébins avec l’Algérie (8,2 milliards de DH d’échanges à fin août 2013). Le Maroc est ainsi recensé premier client arabe d’Alger et 4e fournisseur. L’Algérie exporte vers le Maroc des lubrifiants, des produits laminés, des pneumatiques, des bonbonnes et des bouteilles, des flacons et articles similaires, tandis qu’elle en importe des médicaments, des huiles légères, des fils de cuivre, des barres en fer, et des conducteurs électriques. En deuxième position, vient la Tunisie avec des échanges globaux de 1,9 milliard de DH (16% des échanges avec l’UMA). Le Maroc est ainsi considéré 3e partenaire commercial de ce pays. Il en importe essentiellement des dattes, des produits végétaux bruts, des produits chimiques et des ouvrages en papier. Les exportations marocaines vers la Tunisie, dont le montant a chuté de 40%, à 439 MDH, sur fond de Printemps arabe, portent principalement sur les biens d’équipements, les produits semi-confectionnés et les produits pharmaceutiques.
Bien qu’ils soient moins importants en valeur, les échanges commerciaux entre le Maroc et la Libye ont, pour leur part, connu un saut qualitatif, en passant de 353 MDH en 2011 à 902 millions en 2012. A fin août 2013, ils s’établissent à 507 MDH. Les difficultés politiques que vit ce pays ne sont pas étrangères à ce reflux.
La faible diversification de l’offre limite les échanges
Le Maroc importe de la Libye principalement des hydrocarbures, du soufre brut, de l’ammoniaque, des lubrifiants et autres graisses industrielles. Il lui vend essentiellement des câbles électriques, de l’acier laminé, du thé, du café et des produits de la pêche. S’établissant quasiment sur le même niveau que ceux enregistrés avec la Libye, les transactions commerciales avec la Mauritanie dépassent à peine 1 milliard de DH constitué quasiment d’exportations. Les importations ont en effet chuté de 50% sur les premiers 8 mois de 2013.
Si la matrice des échanges entre les pays de la région illustre de manière claire le rôle marginal dans lequel le commerce intra-régional se trouve, lequel est confiné au profit des échanges avec l’Union européenne en premier lieu, certains pays de l’UMA renvoient des signes démontrant une dynamique positive vers l’intégration. Il en est ainsi de la Tunisie qui réalise 6% de ses exportations avec l’UMA. Parmi tous les pays arabes, elle est en effet le premier fournisseur de la Libye, le deuxième client et fournisseur de l’Algérie, et troisième partenaire du Maroc. De l’avis des observateurs, la Libye commerce également de mieux en mieux avec ses voisins du Maghreb. Selon les chiffres de la Cnuced, Tripoli fait environ 5,4% de ses échanges avec l’UMA.
A défaut d’une dynamique pareille chez l’ensemble des pays de l’UMA, la faiblesse de l’ouverture des pays d’Afrique du Nord reste liée en grande partie aux tarifs appliqués aux produits importés, qui restent dans plusieurs cas rédhibitoires, selon les spécialistes. Hormis les barrières tarifaires, la performance des échanges commerciaux des pays de la région est contrainte également par leur distribution géographique fortement concentrée, doublée d’une structure des exportations faiblement diversifiée et dominée par des produits primaires d’origine minérale ou végétale.
Pour dépasser ces blocages, la communauté des affaires et les officiels réunis au Forum des entrepreneurs maghrébins s’attellent à proposer des alternatives concrètes à même de booster les échanges. L’initiative maghrébine du commerce et de l’investissement, qui vient d’être adoptée, constitue un premier jalon sur le chemin d’une intégration qui s’est fait longtemps attendre.
