Affaires
A 30 DH le kilo, la pomme atteint des sommets
Vendu entre 25 et 30 DH le kilo, ce fruit est devenu un produit de luxe
A l’origine de la flambée actuelle, l’épuisement des stocks, alors que la production était déjà faible.
Les consommateurs y réfléchissent à deux fois avant de faire leurs emplettes. Et pour cause, le prix de la pomme est très élevé. A 25 DH dans les marchés, ou 27 à 30 DH dans les grandes surfaces, ce fruit, qui se négociait il y a moins d’une décennie entre 10 et 5 DH le kilo, est quasiment devenu un produit de luxe, particulièrement ces deux dernières années.
Selon Mohammed Arbaoui, directeur de l’Association pour le développement de l’arboriculture au Maroc (ADAM), les prix élevés observés cette année sont dus à la baisse de la production par rapport à la bonne campagne précédente ou même par rapport à une année normale. Pour la présente, seulement 320 000 tonnes ont été récoltées au lieu de 380 000 habituellement. Cette offre réduite face à une demande en hausse ou qui se maintient entraà®ne naturellement une pression sur les prix. Mais les causes ne se limitent pas à cette équation de marché.
Les producteurs soutiennent que les coûts de production sont élevés. Ainsi, le mètre cube d’eau revient à 12 DH et avec des besoins de 4 000 à 5 000 m3/ha, la facture est arrêtée à au moins 60 000 DH par hectare et par an. A signaler que les besoins en eau sont plus importants durant le printemps et l’été, période habituellement sans précipitations.
Par ailleurs, dans les zones montagneuses, la production est sujette au risque de grêle pouvant affecter la qualité du produit et même détruire les arbres. Ceci impose l’installation de filets ou de générateurs anti-grêle avec, à la clé, une augmentation des charges.
Autre composante non négligeable des prix, la cascade d’intermédiaires qui perturbe le circuit de commercialisation. Ainsi, le kilo est payé au producteur à 3 ou 4 DH, mais de fil en aiguille, le prix est multiplié par 5 au moins, au grand dam du consommateur final. Et même les grandes surfaces, disposant pourtant d’une force de négociation, ne sont pas en mesure de contourner la flambée occasionnée par les intermédiaires.
Des rendements toujours moyens
Chez les commerçants, on refuse de porter le chapeau. Rachid Guissou, un habitué du marché de gros de Casablanca, indique que depuis près d’un mois la pomme marocaine, production 2006, a pratiquement disparu des étals, libérant les frigos pour le stockage de la pomme de terre de saison. Selon la même source, le marché continue donc à être approvisionné par la pomme d’importation (Etats-Unis et Chili), vendue entre 16 et 25 DH le kilo, alors que le produit local, qui a une meilleure qualité gustative, qui se négociait entre 12 et 13 DH le kilo en novembre-décembre, est actuellement vendu à 17 ou 18 DH. A signaler que la pomme marocaine triée et conditionnée dans du carton est vendue, au cours des mêmes périodes, entre 15 et 22 DH le kilo.
On espère que les prix pourront fléchir d’ici peu. En effet, depuis le début du mois, on trouve sur le marché les variétés précoces, beldi et hana. Le problème est qu’il n’est pas sûr que la production soit abondante. Depuis 1992, la superficie exploitée stagne entre 26 000 et 27 000 ha (dont 25% à Midelt et 25% à El Hajeb, Sefrou et Ifrane), après une rapide évolution au cours de la décennie précédente (8 800 ha en 1982).
Les rendements moyens se situent à 15 t/ha, mais atteignent le plus souvent 20 à 25 t/ha et 50 t exceptionnellement. Cependant, tous les professionnels s’accordent à estimer le seuil de rentabilité à 25-30 t/ha, alors que la filière fait face à un gros problème sanitaire š(voir encadré). Tous ces facteurs font dire aux professionnels que le marché restera encore pour un temps inscrit dans une logique de hausse.
|
||
Signalés dernièrement dans la région de Meknès, des cas de feu bactérien, maladie des rosacées due à une bactérie (erwinia amylovora) pouvant détruire un arbre adulte en une saison de production, inquiètent aussi bien les producteurs que les pouvoirs publics. Cette maladie est caractérisée par une propagation rapide (ouvriers, outils et matériel, greffons et porte-greffe contaminés) et représente un danger pour les vergers de pommiers et poiriers. Le problème est d’autant plus sérieux qu’il n’y a aucun traitement, la seule solution étant d’arracher et brûler les arbres atteints. Ce fléau proviendrait |