Affaires
37% des céréales pratiquement condamnés
Un bilan préliminaire n’incite pas à l’optimisme : 25% des superficies cultivées dans un état médiocre et 13% définitivement perdus.
Faute de pluies avant fin février, le bilan s’alourdira de manière inquiétante.
Légumineuses, amandiers, bananiers et canne à sucre ont été sérieusement affectés.
Rien n’est vraiment perdu, mais tout peut encore arriver. C’est en deux mots le constat que l’on peut faire aujourd’hui de la campagne agricole 2004/2005, affectée inhabituellement par la conjonction de deux phénomènes climatiques aussi néfastes l’un que l’autre : le froid, dont les dégâts sont maintenant partiellement recensés, et le retard des précipitations.
Concernant les conséquences du froid, on a enfin un état des lieux. Le ministère de l’Agriculture, sur la base des «éléments préliminaires» émanant de ses services provinciaux, a pu déterminer les superficies touchées par la vague de froid, et qui s’élèvent à 128 000 ha, avec des niveaux de perte allant de 12 % à 100 %.
Doukkalas, Oriental et Pré-Rif, des régions à risque
Les légumineuses alimentaires, l’amandier, le bananier, la canne à sucre, sont les cultures les plus endommagées. Mais les régions, précise le ministère de l’Agriculture, sont affectées de manière différenciée. Ainsi, dans le Tadla-Haouz, ce sont 24 % de la superficie totale qui sont touchés, tandis que dans le Gharb-Loukkos, cette proportion est de 20 %, et dans le Saïss et le Pré-Rif, de 12%.
Encore une fois, il ne s’agit-là que d’un bilan provisoire, puisque les commissions constituées des services provinciaux du ministère de l’Agriculture, des Chambres d’agriculture et des associations professionnelles poursuivent encore les prospections sur le terrain afin d’évaluer avec précision l’ampleur des dégâts occasionnés par la vague de froid sur les différentes cultures et plantations.
S’agissant en revanche du déficit hydrique enregistré jusque-là (voir encadré sur la situation des barrages à usage agricole), il faut espérer que les pluies, annoncées pour les 24 et 25 février, seront au rendez-vous. En attendant, le bilan de l’état végétatif de certaines cultures (céréales, légumineuses alimentaires et fourrages) dressé par le ministère de l’Agriculture montre que, globalement, la situation est moyennement bonne.
D’abord, les céréales, ces cultures sur lesquelles, à tort ou à raison (mais à tort, semble-t-il), tout le monde a les yeux braqués parce que bénéficiant d’une plus grande pondération dans le calcul du PIB agricole : 4,9 millions d’hectares ont été semés, soit quasiment le même niveau que celui de la moyenne des cinq dernières années, à la même date. Vu le stade végétatif de ces cultures (stade dit de «montaison»), les techniciens de l’agriculture relèvent un ralentissement de leur croissance et signalent même des cas de jaunissement (voir ci-dessous). Ceci est évidemment, comme ils l’expliquent, la conséquence de l’insuffisance des précipitations, d’une part, et de la baisse des températures, d’autre part. Mais bien que la situation ne soit pas la même partout (cela dépend des régions, de la date de semis, du type de sol, etc.), les superficies semées en céréales, et présentant un état végétatif bon à moyen, représentent 63 % (3,08 millions ha) de la superficie totale semée (4,9 millions ha). Celles dont l’état végétatif est médiocre sont de l’ordre de 1,2 million ha (25 %), et sont localisées essentiellement dans le Tensift, l’Oriental, les Doukkalas et le Pré-Rif. Le reste, soit quelque 620 000 ha, est considéré comme perdu.
Le ministère de l’Agriculture souligne néanmoins que, dans les régions les plus arrosées (relativement) jusqu’à présent, comme le Gharb, le Loukkos, les zones côtières qui bénéficient des rosées matinales, les céréales «peuvent encore résister au déficit hydrique». La situation risque par contre de se détériorer pour les autres régions si les pluies n’arrivent pas dans les jours qui viennent.
Le gel affecte 60 000 ha de légumineuses
Pour les légumineuses
(300 000 ha semés, dont 9 % en irrigué), leur état végétatif est à 20 % bon, 45 % moyen, 30 % médiocre et 5% perdu. Là encore, le gel a occasionné des dégâts relativement importants, en particulier sur les fèves et les petits pois ayant atteint le stade de floraison. Au total, 60 000 ha de la superficie semée en légumineuses ont été affectés, dont 36 000 ha de fèves (soit 60 %).
La situation est relativement meilleure pour les cultures fourragères, dont la superficie semée est de 329 000 ha, soit une progression de 8 % par rapport à la campagne précédente et à la même date. Globalement, l’état végétatif de ces cultures est à 42 % bon, 40% moyen et 18 % médiocre. Normal, puisque 36 % de la superficie semée bénéficient de l’irrigation. Il n’empêche que 23 000 ha, dont 50 % de luzerne, ont été endommagés par le froid.
Au total, les dégâts ne sont pas (encore) très lourds au vu du bilan, encore partiel, et la campagne est encore rattrapable. Pourvu qu’il pleuve ! .
