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32% de la puissance électrique installée fonctionne aux énergies renouvelables

En deux ans, la capacité de production installée, toutes sources confondues, a augmenté de 20%. 12 milliards de DH ont été investis dans le cadre d’un plan d’action à  court terme. Une nouvelle unité de 350 MW fonctionnant au charbon sera construite à  Jerada.

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La consommation d’électricité au Maroc augmente à un rythme assez soutenu : 7,9% sur les neuf premiers mois de 2011 et 7% par an, en moyenne entre 2002 et 2010. C’est en ce sens que les pouvoirs publics ont mis en place un plan visant à assurer une adéquation entre l’offre d’électricité et la demande, et ce plan constitue l’axe prioritaire de la stratégie énergétique nationale adoptée en 2009.
Ce plan s’appuie à la fois sur la maîtrise de la consommation et le renforcement du parc de production. Ainsi, en même temps que des actions sont menées et/ou encouragées pour une meilleure utilisation de l’énergie électrique (audits énergétiques, utilisation des lampes basse consommation…), l’Office national d’électricité (ONE) poursuit son programme de renforcement de ses équipements en moyens de production. La dernière action en date est l’appel d’offres lancé pour l’extension de la centrale de Jerada, au sud d’Oujda, à travers la construction d’une nouvelle unité fonctionnant au charbon, dont la capacité représente plus que le double (350 MW) des trois unités déjà existantes (3×55 MW).
C’est évidemment une bonne nouvelle pour la région de l’Oriental qui verra ainsi son réseau électrique renforcé et, plus généralement, pour le pays, puisque le réseau électrique national est un réseau maillé.

La consommation d’électricité va doubler d’ici 2020

Compte tenu de la dynamique de croissance (une moyenne de 5% environ depuis 2000) du parachèvement du programme d’électrification rurale généralisée (PERG) et du développement du taux de pénétration des équipements ménagers, la consommation d’électricité ne cessera de progresser à un rythme soutenu. Le ministère de l’énergie et des mines (MEM) prévoit d’ailleurs que la consommation va doubler d’ici à 2020, en passant de quelque 26 000 GWH par an en 2010 à 52 000 en 2020. Ce niveau de consommation pourrait même presque quadrupler à l’horizon 2030 en atteignant 95 000 GWH.
C’est par rapport à ces prévisions que dans le cadre de la stratégie énergétique nationale, des plans d’actions à court (2009-2012), moyen (2013-2019) et long termes (2020-2030) ont été mis en œuvre.
Qu’est-ce qui a été réalisé dans le cadre du plan d’action à court terme en matière de renforcement des moyens de production ? Selon le bilan dressé par le MEM, ce sont 1 084,5 mégawatts supplémentaires qui ont été installés entre 2009 et la moitié de l’année 2011. Sur cette capacité supplémentaire, 16,6% ont comme source les énergies renouvelables : éolien (140 MW) et hydraulique (40 MW) ; 43,5% combinent le solaire et le thermique (centrale thermosolaire de Aïn Béni Mathar), les 39,9% restants représentant l’énergie thermique (fioul et diesel en l’occurrence). Ces équipements ont nécessité un investissement de 12 milliards de DH.
Ce faisant, la capacité installée atteint aujourd’hui 6 405 MW, dont un peu plus de 2 000 MW, soit 32,2%, fonctionnant aux énergies renouvelables ; l’objectif poursuivi étant de faire en sorte que, dès 2020, 42% de la puissance installée du pays soit de source renouvelable.
Pour le moyen terme, de nombreux projets de renforcement du parc de production sont en cours de réalisation (voir encadré), et avant 2020, plus de 5 000 MW supplémentaires devraient être installés. Une bonne partie de cette capacité additionnelle sera de source renouvelable.
Il faut le souligner, le Maroc entend clairement tirer profit des gisements en énergies renouvelables dont il dispose, et c’est pourquoi, pour sa vision à moyen terme (2013-2019), il a prévu de favoriser un mix énergétique basé sur la poursuite de l’utilisation du charbon, la montée en puissance des énergies renouvelables et le développement du gaz naturel. De sorte qu’à l’horizon 2020, la structure de la puissance installée soit reconfigurée au profit des énergies renouvelables et du gaz naturel, c’est-à-dire des énergies propres.
Plus précisément, le Maroc continuera d’utiliser le charbon mais la part de ce combustible, qui est aujourd’hui de 29%, retombera à 27% en 2020, après être montée à 35% en 2015. Le fioul, très coûteux et polluant, verra sa part baisser de 27% aujourd’hui à 19% en 2015 et à seulement 10% en 2020. En revanche, la part des énergies propres devra être renforcée : le gaz naturel passera de 11% à 21% en 2020, l’éolien de 4% à 14% et le solaire de 0% à 14%, après avoir atteint 5% dès 2015. Au total, la puissance installée en 2020 sera à hauteur de 63% d’origine propre.

A long terme, l’option est ouverte pour les énergies alternatives, notamment le nucléaire

Pour cela, un corpus de textes législatifs a été mis en place pour promouvoir et accompagner ces objectifs. Citons à ce propos la loi 13-09 sur les énergies renouvelables qui ouvre la production (à partir des sources renouvelables) à la concurrence. Un investisseur intéressé par la construction d’une centrale éolienne, par exemple, n’est désormais plus contraint par la limitation de la capacité installée comme c’était le cas avant cette loi.
Dans le domaine du solaire, une agence dédiée (moroccan agency for solar energy, MASEN) a été créée par la loi 57-09 ; de même qu’a été mise en place une structure chargée de promouvoir la recherche et développement dans les énergies renouvelables, à savoir l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies renouvelables (IRESEN).
S’agissant enfin du long terme (2020-2030), l’option qui a été retenue dans la stratégie énergétique est l’ouverture sur les énergies alternatives : nucléaire, biomasse, hydrogène… «Toutes les options seront étudiées, la recherche et développement sera promue, mais rien, à l’heure qu’il est, n’est décidé dans ce domaine. Nous avons déjà tellement de projets à mener à bien d’ici 2020», explique un cadre du ministère de l’énergie et des mines.