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2010, année des records des pluies au Maroc ?
La situation pluviométrique est largement excédentaire par rapport à la moyenne des 30 dernières années.

La saison 2010-2011 sera-t-elle celle d’une bonne année agricole ? Les pluies régulières et surtout importantes qui ont arrosé le Royaume de manière généralisée, depuis début septembre, augurent d’un bon exercice, même si, tous les agriculteurs vous le diront, il faudra attendre les précipitations de fin janvier-début février et celles d’avril pour préjuger du niveau des récoltes. En tout état de cause, au vu des niveaux de précipitations enregistrés jusqu’à fin 2010, on peut d’ores et déjà dire que le Maroc connaît sa troisième année consécutive de pluviométrie importante, ce qui est plutôt rare. Et, curieusement, c’est Casablanca qui a battu le record des précipitations journalières que détenait Tanger depuis 1976, avec 136,5 mm. Il a plu à Casablanca (le calcul se fait sur la période allant de 6 h du matin à la même heure du lendemain) 178 mm le 28 novembre dernier. On a vu les conséquences, avec les inondations, les coupures d’électricité et les dégâts innombrables.
Plus globalement, entre le 1er septembre et le 21 décembre, la situation pluviométrique nationale est très largement excédentaire par rapport à la normale (basée sur la moyenne des 30 dernières années). Le bilan arrêté par la direction de la météorologie nationale à la demande de La Vie éco montre que c’est encore Casablanca qui, avec 438 mm, détient la palme de la progression qui s’établit à 158% (2,58 fois la normale). Mais Casablanca ne fait pas exception. Le nombre de villes dépassant les 200% de progression est impressionnant : Ifrane (137%), Mohammédia (133%), Agadir (103%), Safi (108%), Taroudant (150%)… des records sont tombés. Le Nord, qui est la partie la plus arrosée du pays, n’a pas connu les mêmes taux de progression même si, dans l’absolu, les précipitations sont très importantes. Ainsi, la progression du niveau des précipitations à Tétouan a été de 69% tandis que Larache a enregistré 67% d’évolution et Chefchaouen 98%. Tanger, elle, se contente d’un score relativement maigre de 19%, soit 1,19 fois la normale.
L’aggravation des phénomènes extrêmes englobe pluviométrie et période de sécheresse
Bilan largement satisfaisant donc, puisque le déficit n’a été établi que dans six stations : Oujda (- 11%), Marrakech (- 27%), Bouarfa (- 57%), Errachidia (- 50%), Ouarzazate ( – 35%) et Tan Tan (- 18%). Dans l’absolu le cumul pour certaines stations pour ces quatre premiers mois de l’année est assez impressionnant avec 14 villes où le niveau des précipitations a dépassé les 300 mm et un 804 mm à Chefchaouen ou encore un 761 mm à Ifrane (voir tableau).
Quelles observations font les météorologues à propos de ce phénomène ? Le Maroc est-il entrée dans un cycle humide comme on se plaît à le penser ? Attention aux idées reçues, semblent-ils dire. Sur les dernières années, il est certain que les pluies sont plus fréquentes et plus fortes tout comme les vagues de chaleur d’ailleurs. De même que les vents sont également plus fréquents et plus violents, note Mohamed Belaouchi, en charge de la communication à la direction de la météorologie nationale. Mais, poursuit-il, les conclusions qu’on peut tirer de l’importante pluviométrie de ces trois dernières années sont la conséquence des changements climatiques que connaît la planète. Et dans ce cadre, il ne faut pas croire que cela va concerner seulement la pluviométrie qui va être de plus en plus importante, mais aussi les périodes de sécheresse qui seront probablement plus fréquentes et plus longues. En fait, tous les spécialistes s’accordent sur le fait que nous entrons dans une période où les phénomènes extrêmes vont concerner l’ensemble des régions du globe.
