Affaires
2009 : une année sauvée par l’agriculture ?
La croissance économique serait de 6,7 % en 2009 contre 5,8 % en 2008. L’agriculture y contribuerait à hauteur de 16,5% contre 12,8% en 2008.
La croissance du PIB non agricole sera de 3,9% à peine.
Le Plan prévoit une détérioration des finances extérieures du Maroc.

Quand l’agriculture va, tout va ! Dans un environnement international où les principaux partenaires du Maroc sont entrés en récession, c’est en effet le secteur primaire, particulièrement sa composante agricole, qui viendra à la rescousse des activités non agricoles en 2009. Avec une récolte céréalière estimée d’ores et déjà à 70 millions de quintaux et une amélioration de l’élevage et des autres cultures, la valeur ajoutée du secteur primaire réaliserait une croissance de 22,3% en 2009, soit le double de la croissance de 2008 qui n’était que de 11,1%. C’est en tout cas ce que prévoit le Haut Commissariat au Plan (HCP), dans son budget économique prévisionnel pour 2009 et dans lequel il donne aussi son estimation des résultats de l’année 2008.
En effet, le bon comportement du secteur primaire non seulement compenserait largement le net ralentissement des activités non agricoles, mais aussi influencerait positivement ces dernières. Selon les prévisions du HCP, les activités hors agriculture progresseraient de 3,9 % en 2009, contre 5% en 2008 et 6,2% en 2007. En réalité, celles-ci doivent un point supplémentaire de leur croissance à l’agriculture. «Si la campagne agricole était celle d’une année moyenne (55 millions de quintaux), la croissance de la valeur ajoutée non agricole aurait été de 3% au lieu de 4%», précise le HCP. C’est dire l’importance du secteur primaire pour ce qu’il apporte lui-même et pour les impacts qu’il produit sur les autres activités. Et c’est ainsi qu’en 2009, la progression du PIB serait de 6,7%, contre 5,8 % en 2008. Et dans cette croissance, la part du secteur primaire serait de 16,5% contre 12,8% en 2008, tandis que celle des activités non agricoles connaîtrait, elle, un recul en passant de 87,2% en 2008 à 83,5% en 2009.
Il faut bien voir que, quoi qu’on dise, l’économie marocaine, assez largement ouverte sur l’extérieur, aura elle aussi sa part de morosité, découlant de la crise internationale. Et cela apparaît non plus seulement dans le net ralentissement des activités hors agriculture, mais également dans la détérioration des finances extérieures du pays.
Baisse des revenus de MRE et des investissements extérieurs
Sur le plan du commerce extérieur, les exportations nettes d’importations (y compris les recettes de voyages) dégageraient une contribution négative à la croissance économique évaluée par le HCP à – 4% en 2009 au lieu de
– 4,1% en 2008. Un résultat «conforme» à la prévision d’une chute sévère de la demande étrangère adressée au Maroc qui sera divisée par 5 par rapport à son niveau de 2007 : 1,2 % en 2009, contre 2% en 2008 et 5,6% en 2007.
Toutefois, si le déficit de la balance commerciale est un déficit structurel, ce qui est nouveau, c’est la baisse des revenus en provenance de l’extérieur : baisse des transferts de MRE (Marocains résidents à l’étranger), comme en 2008; stagnation des recettes touristiques, après une baisse en 2008 ; et enfin, flux négatifs des revenus des investissements étrangers réalisés au Maroc. Au total, les revenus nets reçus par le Maroc de l’étranger ne représenteraient que 7,9% du PIB en 2009, contre 9,3% en 2008. Cela se traduira par un déficit de la balance courante et, in fine, des avoirs extérieurs nets. Après 5,5% en 2008, les avoirs extérieurs nets de l’Institut d’émission baisseraient «pour la première fois depuis 2000» d’environ 13 %, prévoit le HCP. Ce serait juste suffisant pour 5,8 mois d’importations de biens et services, contre 6,7 mois en 2008 et environ 9 mois en 2007.
L’autre conséquence du déficit du compte courant de la balance des paiements, c’est la baisse de l’épargne nationale par rapport à l’investissement. Depuis 2001 et jusqu’en 2006, le compte épargne investissement dégageait chaque année un excédent de financement. En 2009, l’épargne nationale serait de 29,3% du PIB, contre 31,5% en 2008 et 32,4% en 2007, alors que le taux d’investissement se situerait à 35% du PIB, contre 36,1 % en 2008 et 32,5% en 2007. Pour 2009, il y aurait donc un besoin de financement de 5,7% du PIB, contre 4,6% en 2008.
Et comme la croissance économique – et c’est tant mieux, par ailleurs ! – est tirée essentiellement par la demande intérieure (consommation et investissement), le HCP prévoit encore une baisse en 2009 de l’épargne intérieure, considérant que la consommation finale nationale (ménages résidents + administrations publiques) serait en hausse de 9,8%. Ainsi, l’épargne intérieure représenterait 21,4% du PIB contre 22,2 % en 2008 et 23,4% en 2007. Ce recul de l’épargne intérieure, et plus globalement de l’épargne nationale, si on le retrouve dans la consommation des ménages (qui croîtrait de 8,9% en 2009 contre 6,5% en 2008), il faut bien dire aussi que les importations en bénéficient. Car, c’est une évidence qu’une bonne partie des produits de consommation est importée de l’extérieur. Cela veut dire que la dynamique interne finance au moins partiellement la croissance des autres pays. Sans cela, la croissance économique au Maroc ne serait pas loin de celle de la Chine…Sauf que le Maroc n’est pas seul dans ce cas.
